Mahmoud Ali Youssouf, président de la Commission pour ressusciter l’Union africaine de l’inaction

Lors du 38e sommet de l’Union africaine tenu à Addis-Abeba, Mahmoud Ali Youssouf, ministre des Affaires étrangères de Djibouti, a été élu président de la Commission de l’organisation continentale. Avec 33 voix sur 49 pays votants, il succède à Moussa Faki Mahamat, marquant ainsi une nouvelle ère pour la diplomatie africaine. Cette élection, après une compétition serrée face à l’ancien Premier ministre kenyan Raila Odinga, reflète la confiance accordée à cet homme d’expérience pour piloter les grands dossiers du continent.

Mahmoud Ali Youssouf, 60 ans, est une figure emblématique de la diplomatie djiboutienne et africaine. Titulaire d’une Maîtrise en Langues Étrangères Appliquées de l’Université de Lyon 2 et d’une formation en management public à l’École Nationale d’Administration Publique (ENAP), il a su se forger une expertise reconnue dans les relations internationales. Son expérience s’est déployée à travers plusieurs postes de haute responsabilité, notamment comme ambassadeur en Égypte et représentant de Djibouti auprès de la Ligue des États arabes.

Depuis 2005, en tant que ministre des Affaires étrangères, il a joué un rôle majeur dans la restructuration du ministère, la consolidation des relations bilatérales et la promotion de la coopération régionale. Conférencier et panéliste influent, il a participé à d’innombrables forums internationaux, y compris au sein des Nations Unies, de l’Union africaine et de l’Organisation de la Coopération islamique.

Son accession à la tête de la Commission de l’UA intervient à un moment critique pour le continent. Parmi les priorités qui l’attendent figurent la stabilisation politique et sécuritaire, l’accélération de l’intégration économique, la gouvernance et la lutte contre la corruption, le changement climatique et la transition énergétique et le renforcement du rôle de l’UA sur la scène internationale.

Un mandat sous haute surveillance

Si son élection est perçue comme une reconnaissance de son expérience, son mandat ne sera pas sans embûches. La question des tensions inter-étatiques, notamment entre le Maroc et l’Algérie sur le Sahara, ou encore les difficultés de la CEDEAO à réintégrer les pays du Sahel, restent sensibles. De même, la crédibilité de l’UA sera testée face aux différents coups d’État militaires qui ont secoué le continent ces dernières années.

Sa vision et sa capacité à réformer l’institution seront déterminantes pour insuffler un nouveau souffle à l’Union africaine. Mahmoud Ali Youssouf, homme de dialogue et stratège chevronné, aura la lourde tâche de concilier les intérêts divergents des 55 États membres et de renforcer la cohésion continentale.

Au-delà de son engagement diplomatique, Mahmoud Ali Youssouf a également joué un rôle dans le développement communautaire à Djibouti, mettant en place des infrastructures de base, notamment en approvisionnement en eau potable. Son engagement personnel en faveur du progrès social résonne avec les attentes d’un continent en quête de solutions concrètes.

Décoré de l’Ordre National de la Grande Étoile de Djibouti et récompensé par l’Union européenne pour sa lutte contre la piraterie maritime, il incarne un leadership pragmatique et résolu. Grand amateur de lecture, d’histoire et de randonnée, il conjugue rigueur intellectuelle et ancrage dans les réalités du terrain.

Avec cette nouvelle responsabilité à la tête de la Commission de l’UA, Mahmoud Ali Youssouf a devant lui un mandat décisif pour faire de l’Union africaine un acteur incontournable de la scène internationale. Son expérience, sa vision et sa capacité à bâtir des consensus seront mis à rude épreuve, alors que l’Afrique cherche à s’affirmer dans un monde en pleine mutation.

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