Manifestation nocturne à Alger: 8 protestataires écroués, 29 inculpés
La justice algérienne a inculpé jeudi 29 personnes arrêtées la veille lors d’une manifestation nocturne contre la tenue de la présidentielle du 12 décembre, selon un avocat du collectif chargé de leur défense.
Ces 29 personnes sont inculpées d »attroupement non autorisé » (passible de jusqu’à un an de prison, ndlr) et 21 d’entre elles ont été remises en liberté provisoire, a indiqué à l’AFP Me Zakaria Belahreche, avocat membre de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme.
Les huit autres ont été en outre inculpées d' »association de malfaiteurs » et d' »atteinte à l’intégrité du territoire », crime passible de dix ans de prison, et ont été placées en détention provisoire par le juge d’instruction d’un tribunal d’Alger, selon l’avocat qui a jugé incompréhensibles ces deux chefs d’inculpation.
Répondant à des appels lancés sur les réseaux sociaux, plusieurs centaines de jeunes Algériens étaient descendus mercredi soir dans la rue à Alger en scandant notamment « Non au vote! », avant d’être dispersés par la police qui a procédé à une centaine d’arrestations, selon des associations algériennes.
Toute manifestation est strictement interdite depuis 2001 dans la capitale algérienne.
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Les autorités tolèrent cependant depuis fin février, après s’être avérées incapables de les empêcher, les cortèges massifs qui défilent chaque mardi et vendredi dans le cadre d’un mouvement de contestation populaire du régime, le « Hirak ».
Après avoir obtenu en avril la démission du président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir pendant 20 ans, le Hirak refuse désormais la tenue de la présidentielle organisée pour lui trouver un successeur.
Selon les manifestants, ce scrutin vise à pérenniser le « système » au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1962, dont elle exige le remplacement par des institutions de transition.
Depuis le début de la campagne dimanche, les réunions des candidats, pourtant placés sous forte protection policière, sont régulièrement perturbés par des manifestants. Des dizaines de personnes ont été arrêtées et certaines ont été condamnées à de la prison ferme.
Jeudi, Amnesty a dénoncé le « climat de répression et de restrictions aux libertés d’expression » dans lequel se déroule la campagne électorale.
Avec AFP