Marche à Paris : Enquête administrative ouverte après des violences sur des journalistes
Une enquête administrative a été ouverte pour faire la lumière sur les violences exercées par des policiers sur plusieurs journalistes qui couvraient samedi une manifestation contre les violences policières à Paris, en hommage à Adama Traoré, décédé lors de son interpellation en 2016, rapporte, dimanche, la presse de l’hexagone, citant la préfecture de police.
Les violences, dénoncées notamment par trois journalistes, ont eu lieu au moment où ils filmaient l’interpellation musclée de Youssouf Traoré, petit frère d’Adama, accusé d’avoir « porté un coup » à une commissaire de police, selon la presse locale.
« Une enquête administrative a été ouverte immédiatement, afin d’établir avec exactitude les circonstances des faits, concomitants à des interpellations que le préfet de police assume pleinement, » a indiqué la préfecture de police, citée par la même source.
« Mettre au sol des journalistes pour les empêcher de prendre des images d’une interpellation est une violation inacceptable de la liberté d’informer« , a tweeté samedi le secrétaire général de l’ONG de défense de la liberté de la presse, Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire.
« La fatigue des forces de police n’excuse en rien ces violences répétées contre des journalistes. On ne passe pas ses nerfs sur des reporters (et pas plus des manifestants)« , a-t-il également écrit sur twitter.
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La manifestation de Paris avait été interdite par la préfecture de police car « présentant des risques de troubles à l’ordre public« , surtout dans le « contexte tendu » et les nuits consécutives de violences urbaines qui ont suivi le décès du jeune Nahel, tué par un policier.
Une trentaine d’autres « marches citoyennes » contre les violences policières ont été organisées samedi ailleurs en France, notamment à Marseille, Nantes, Strasbourg, Bordeaux et Dijon.
Près d’une centaine d’organisations (syndicats, associations, collectifs et partis politiques) ont appelé à ces marches pour exprimer « deuil et colère » et dénoncer particulièrement des politiques jugées « discriminatoires » contre les quartiers populaires.
Parmi les mesures demandées par ces organisations figure une réforme « en profondeur » de la police, de ses techniques d’intervention et de son armement, l’abrogation de la loi de 2017 sur l’assouplissement des règles en matière d’usage des armes à feu par les forces de l’ordre, et le remplacement de l’Inspection générale de la Police nationale (IGPN) par un organisme indépendant de la hiérarchie policière et du pouvoir politique.
Pour ces organisations, « les révoltes qui ont secoué les quartiers populaires » depuis la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans tué par un policier à Nanterre (région parisienne), sont la résultante d’un « abandon de ces populations » et de « décennies de dérives » d’une politique du maintien de l’ordre, de lois sécuritaires et de mesures d’exception.
Les violences urbaines ont éclaté en France le 27 juin dernier suite à la mort du jeune Nahel. Une vidéo amateur largement partagée sur les réseaux sociaux montrant un policier tirer à bout pourtant sur le mineur a contredit la version initiale de la police et suscité indignation et colère dans le pays.
Dans la soirée du drame, des violences entre des jeunes en colère et les forces de l’ordre ont éclaté à Nanterre avant de se propager par la suite à d’autres villes de la région parisienne et autres agglomérations à travers le pays. Le policier qui a tué Nahel a été mis en examen pour homicide volontaire et écroué.
Depuis le début de l’embrasement, plus de 3.700 personnes ont été placées en garde à vue en lien avec ces émeutes, dont 1.160 mineurs, selon des chiffres officiels.
Avec MAP