Par Hassan Alaoui
Je reprends ici le titre d’un texte majeur de Raymond Aron, publié en 1980 dans son livre « Les dernières années du siècle ». Il illustre toujours le paradoxal contexte dans lequel nous vivons avec une Algérie qui n’en démord pas de nous détruire. Feu Hassan II ne se plaignait-il pas de cette malédiction subie par le Maroc de cohabiter avec un voisin qui n’a ni foi, ni loi, un Etat voyou en somme, appauvrissant son peuple, le ruinant avec le seul objectif d’imposer à la région quand ce n’est pas au monde entier son hégémonisme de pacotille ?
Dans un étrange échange survenu en décembre 1975, Henry Kissinger, alors Secrétaire d’Etat américain sous Gerald Ford, rétorquait à Abdelaziz Bouteflika , alors truculent ministre algérien des Affaires étrangères, hanté, dévoré par le thème de l’autodétermination du « peuple sahraoui » : « Je ne comprends pas ce que l’autodétermination veut dire pour le Sahara. Je peux comprendre en revanche ce qu’elle veut dire pour les Palestiniens… » ! Cette réponse cinglante est donc le cadre politique de la diplomatie américaine, il tombe aujourd’hui à point nommé, comme pour abasourdir les délires du pouvoir algérien qui entend nous faire prendre des vessies pour des lanternes dans cette fabuleuse et machiavélique hypocrisie de vouloir à tout prix établir un lien entre le Sahara et la Palestine.
Comme une boîte de Pandore, prête à exploser sur nos figures, la tension persistante entre le Maroc et l’Algérie tient en forte haleine nos deux pays et nos peuples respectifs. D’aucuns vont même jusqu’à invoquer le spectre d’un conflit armé, jouant en effet sur les sensibilités et l’émotion. Comme si une guerre, la « guerre » allait faire baisser la tension ou régler ce maudit différend maroco-algérien, très tenace et obsessionnel chez nos voisins. Comme l’on ne cesse de l’affirmer, il est très facile de déclencher une guerre, mais plus difficile de l’arrêter, particulièrement quand elle se nourrit de haine et de l’aveuglement irascible qui caractérise la junte militaire algérienne.
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Saïd Chengriha et Abdelmajid Tebboune ont le même âge, 79 ans, quelques mois seulement les séparent. Deux vieillards qui tiennent les rênes d’un pays où la moyenne d’âge est au mieux de 27 ans, soit une jeunesse au profil plus que jeune et prometteur. Pour autant cette population à la fleur de l’âge et de la maturité n’est en rien concernée par les plans machiavéliques d’un pouvoir militaire qui lui a tout confisqué, la marginalise, l’exclut voire l’abrutit perfidement par ses logorrhées et ses slogans. La jeunesse algérienne a vite fait, nolens, volens , de demeurer attachée à son pays, mais elle est de plus en plus tentée de lever les voiles et de le quitter, le cœur serré, parce que le pouvoir ne lui laisse guère le choix. Victime d’un chômage exacerbé, persécutée, réprimée parfois, elle est surtout dépourvue d’idéal, celui-là même pour lequel les premières générations d’il y a soixante-dix ans s’étaient battues au nom de la Révolution que les caciques et les militaires lui ont confisquée.
Un couple de deux grabataires dirige donc une Algérie composée de jeunes sans horizons, tentés par le large, les yeux rivés sur la Méditerranée et l’Europe, devenue le mirage incandescent, pour tous les autres jeunes du Maghreb et d’Afrique. Sans doute, un tel phénomène n’est-il pas propre à l’Algérie, mais il est une réplique cinglante à la vanité orgueilleuse de ses dirigeants qui n’ont de cesse d’entretenir un discours belliqueux, de cet étrange et paradoxal collapsus appelé « Qawa addariba » et de logomachies dérisoires. Un pays en crise l’Algérie ? C’est peu dire qu’il est jeté en pâture par un régime dont la seule vertu est de berner sont peuple de mensonges et de frustrations. Parmi elles, en tête si l’on peu dire, figure cette revendication de renouveau démocratique permanente et fin de la dictature obsolète exercée par l’armée depuis 1962.
C’est également l’interminable requiem désastreux que baser sa diplomatie, sa philosophie de vie – pis de survie – sur comment détruire le Royaume du Maroc ! Depuis plus de cinquante ans, le régime algérien s’est attelé cyniquement, militairement, diplomatiquement, médiocrement à cette ignominieuse et honteuse tache, jouant sut tous le registres, maintenant son existence sur le dos d’un mythe : celui d’une fausse puissance, maghrébine, africaine, arabe, continentale ! Avec un supplément der cynisme radical de surcroit, croyant décimer tout ce que le Maroc a construit. Le Maroc a crée, à tout le moins présidé à la création du Maghreb arabe uni le 17 février 1989 à Marrakech – les murs de la Wilaya de cette ville en témoignent toujours – et voilà que Tebboune, tout à sa médiocrité rampante le conduit à vouloir isoler notre pays de ce projet qui, en tout état de cause, est ruiné de lui-même et a tourné en boudin. Il s’allie à un petit dictateur de pacotille, albinos de son état qui a vite fait de phagocyter ce qui reste encore de l’héritage démocratique en Tunisie , tous deux se livrant au même exercice paranoïaque du complot et de traîtrise.
Imagine-t-on donc un Maghreb sans le Maroc, pays fondateur ? De quoi cette turpitude est-elle le nom ? Tebboune qui n’a jamais pris part à aucun combat ni lutte pour son pays, s’érigerait-il en héros pour réinventer la diplomatie régionale, le distributeur de nouvelles cartes et le messie du bien-être des peuples, pétro-dollars aidant ? A Mahmoud Abbas, président de la Palestine comme à Kais-Essaid de Tunisie, il a offert 100 Millions de dollars, croyant acheter leur bonne conscience ; les « récupérant » comme on dit, s’efforçant de leur instiller la même haine qu’il porte contre le Maroc.
Comme l’on dit : tout ça, pour ça ? Or Saïd Chengriha qui fait et défait la politique en Algérie n’a pas fini d’avaler les couleuvres en se persuadant chaque jour que la guerre qu’il veut et s’apprête à lancer de mauvaise grâce contre le Maroc – si tant est que l’on en soit parvenu à cette criminelle hypothèse – annoncera l’Apocalypse de son pays d’abord et des peuples de la région…