Le Maroc est de retour
«America is back » ! L’Amérique est de retour. Qui ne se souvient pas de ce propos lâché par Ronald Reagan le lendemain de son élection triomphale en 1980 à la tête des Etats-Unis ? Le pays venait ainsi de quitter une décennie marquée par une série d’humiliations, de crises comme le Watergate, la prise d’otages à Téhéran et une calamiteuse gouvernance d’un Jimmy Carter dont l’émolliente diplomatie n’avait d’égale que son angélisme face aux événements.
« Morocco is back », pourrait-on dire aujourd’hui. Non que notre pays vive un parallèle, marqué au coin des reculs comme l’Amérique naguère, mais parce qu’il renforce a contrario sa position sur la scène internationale. Au point que même ceux qui se considèrent comme ses détracteurs voire adversaires reconnaissent désormais son poids. Patiemment et laborieusement, le Roi Mohammed VI construit un modèle marocain de gouvernance où se conjuguent la vision à long terme et l’action dans l’immédiat. Celle-ci n’obéit qu’à l’impératif de l’efficacité.
Le retour du Maroc – si tant est que l’on puisse soutenir qu’il ait quitté la scène – est illustré, à coup sûr, par cette décision de réintégrer l’Union africaine (UA), mûrie depuis quelques temps, préparée et lancée comme un pavé dans la mare dans le camp de ceux qui ont cru, bien à tort, de prendre l’organisation panafricaine en otage, et d’essayer d’en faire une machine de guerre contre notre pays. Il est certain que le Roi Mohammed VI, tout à son audace et au discernement qui le caractérise, ne s’est pas lancé dans cette bataille de retour du Maroc au sein de l’UA, sans préparation. L’idée qui a pris forme au fur et à mesure est devenue une démarche concrète depuis notamment la visite officielle que le président du Rwanda, Paul Kagamé, a entreprise au Royaume du Maroc, en juillet dernier.
Ce dernier a été l’un de ceux qui ont soutenu l’initiative royale de retour au sein de l’Union africaine, dans le sillage de la très grande majorité des chefs d’Etat et de gouvernements qui réclament, avec insistance, sa réintégration dans la famille africaine. Dans le dernier discours du Trône, Sa Majesté le Roi a rappelé, avec force, sa détermination à reprendre la place du Maroc qu’il a quittée en novembre 1984, lorsqu’au Sommet de l’OUA tenu à Addis Abéba, comploteurs algériens et camarilla des stipendiés qui leur sont dévoués, s’étaient ligués pour imposer la présence du polisario. Trente-deux ans se sont écoulés, et sans être membre de l’UA, le Maroc a tissé des relations exemplaires avec la très grande majorité des Etats qui la composent. Il a établi des partenariats stratégiques notamment avec les pays de l’Afrique occidentale, inscrits dans une dynamique que le Roi Mohammed VI a mise en oeuvre, au cours de ses visites successives dans plusieurs pays, les toutes dernières étant celles du Rwanda et de la Tanzanie, fin octobre, et comme annoncé en République d’Ethiopie bientôt.
Cette zone de l’Afrique de l’est était d’autant moins abordée que, pourtant, tout nous y lie. A commencer par les liens de coopération économique, les échanges d’expériences, le know-how et autres transferts, la mise en place de partenariats tablant sur une réciprocité respectueuse des identités et des cultures. L’amorce par le Roi Mohammed VI d’une ouverture dans cette Afrique de l’est – considéré à tort ou à raison comme un « fief algérien » – entend rectifier le tir, la volonté de surmonter les obstacles de la langue et des méthodologies constituant un autre défi à relever.
Le retour du Maroc sur la scène africaine n’est pas seulement la traduction d’une vision, il constitue également l’illustration de la confiance qu’inspire notre pays, et aussi la justesse de sa politique. Le harcèlement auquel se livrent certains pays, dont l’Algérie voisine, l’acharnement que certains bureaucrates de l’Union européenne mettent à dénoncer l’accord agricole et sur la pêche, ou encore à la 4ème Commission des Nations unies n’empêchent pas le Maroc d’avancer, encore moins d’engranger des succès sur le plan international. Il n’est pas jusqu’aux dernières élections législatives, marquées par le maintien du PJD au gouvernement, qui n’ait illustré de manière admirable la transition démocratique d’un Maroc hissé sur le podium.
Le Roi est de toute évidence au centre de ce mouvement multidimensionnel portant sur les réformes au plan interne, et sur l’émergence du Maroc dans le cercle des pays qui comptent. Cette double détente a un souci qui s’appelle la cohérence. En effet, elle concerne l’unité politique et sociale, le rassemblement du peuple et la cohésion nationale, ensuite les défis à l’extérieur dont la défense de notre intégrité territoriale constitue la priorité. La diplomatie marocaine, elle aussi, connaît un tournant significatif par la nomination et l’audience de pas moins de soixante-cinq nouveaux ambassadeurs, accrédités en Afrique, aux Amériques, en Europe, en Australie, dans les pays arabes et dans des contrées qui, jusque-là, échappaient à l’intérêt général. Est-ce à dire que désormais la présence du Royaume du Maroc ne sera plus prise en défaut, mais en revanche elle donnera le ton, s’inscrira dans une logique qui sied à notre pays et sa vocation naturelle, à savoir la coopération économique et politique avec la quasi-totalité des pays de la planète, la solidarité avec les plus démunis d’entre eux, le soutien aux initiatives internationales en faveur de la paix ?
Il est cependant un autre volet dans lequel le Maroc impose ses marques si l’on peut dire, c’est celui de la sécurité et de la lutte antiterroriste. Force nous est de souligner qu’en ce domaine – de nos jours le plus important sans doute aux yeux des nations et des peuples – le Royaume du Maroc constitue un modèle. Il engrange à la fois une forte expérience en la matière et une culture de prévention et d’anticipation qui le rendent à présent incontournable. Le Maroc, parmi les tout premiers Etats à être victime du terrorisme ces quinze dernières années, a élaboré une législation rigoureuse pour y faire face. Il a renforcé son système de défense et de prévention, renouvelé son appareil et ses équipes tout en accompagnant ces mesures par un arsenal juridique qui le met à l’abri de toute critique malveillante.
Si le modèle sécuritaire marocain n’est pas exportable – comme le souhaitent pourtant bien des pays amis -, il n’en demeure pas moins que nos services de renseignements – tout à leur honneur et leur efficacité – apportent un soutien des plus précieux à leurs homologues, en Europe, en Afrique, dans les pays arabes, et coopèrent à toutes les initiatives internationales qui vont dans le sens de l’éradication du terrorisme.
Le Maroc est de retour aussi quand il propose de former des imams dans les pays d’Afrique, en France ou en Belgique, d’apporter son savoir-faire et son expérience à un moment où, saisies de froid face au terrorisme, les sociétés de différents pays nous interpellent. Cette implication participe d’une politique de déradicalisation des jeunes et surtout de la volonté de les encadrer dans l’islam de tolérance et de liberté. Le Roi Mohammed VI, Amir al-Mouminine ne manque jamais de programmer dans son agenda cet essentiel volet religieux qu’il propose aux différents chefs d’Etat rencontrés. Il est aux premières lignes de ce combat antiterroriste, comme en témoigne le fondateur discours prononcé le 20 août dernier à l’occasion de la commémoration du 63ème anniversaire de la Révolution du Roi et du peuple.
Souverain, le Royaume du Maroc aiguise et modernise son outil de défense et l’instrument de son indépendance diplomatique. Il reprend son rang.