Maroc-Espagne : Un financement de 750 millions d’euros pour l’acquisition de nouveaux trains intercity fait débat

L’Espagne vient d’approuver un financement de 750 millions d’euros destiné à l’achat de 40 trains intercity par le Maroc, qui seront déployés sur les axes Fès-Marrakech et Fès-Meknès. Une décision qui s’inscrit dans la continuité des relations ferroviaires étroites entre les deux pays, tout en ravivant certains débats sur la nature de cette aide financière.

Ce crédit, octroyé par Madrid, vise à appuyer la candidature du groupe ferroviaire espagnol CAF (Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles), en concurrence avec le sud-coréen Hyundai Rotem. Le conglomérat espagnol espère ainsi renforcer sa position face à son rival asiatique, dont l’offre comprend, en plus de la livraison des trains, un transfert de technologie et une production locale au Maroc. Un argument de poids qui pourrait séduire Rabat, soucieux de développer son industrie ferroviaire nationale.

L’implication directe de l’Espagne dans ce projet témoigne de sa volonté de maintenir son influence économique au Maroc, en capitalisant sur des relations commerciales déjà denses. Cette initiative s’inscrit également dans une stratégie plus large de soutien à l’exportation des entreprises espagnoles à l’international, un levier essentiel pour une économie où le secteur industriel joue un rôle clé.

Si cette annonce constitue une avancée stratégique pour le secteur ferroviaire marocain, elle n’a pas tardé à susciter des réactions contrastées, notamment sur les réseaux sociaux et dans une partie de la presse espagnole. Certains médias, connus pour leur hostilité latente envers le Maroc, ont cherché à présenter ce financement comme un « don » plutôt qu’un crédit, alimentant ainsi une polémique autour d’une prétendue générosité unilatérale de Madrid.

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Cette lecture biaisée occulte pourtant la nature réelle de l’accord : un crédit destiné à financer une commande qui profitera en premier lieu aux industriels espagnols. Le Maroc, loin de bénéficier d’une aide désintéressée, contracte ici un prêt pour moderniser son réseau ferroviaire tout en permettant à l’Espagne de sécuriser un marché de plusieurs centaines de millions d’euros.

Au-delà des polémiques, cet investissement traduit l’ambition marocaine de moderniser et d’étendre son réseau ferroviaire, alors que le pays mise sur l’amélioration de ses infrastructures de transport pour accompagner sa croissance économique. Avec le succès du TGV Al Boraq reliant Tanger à Casablanca, Rabat cherche à accélérer la cadence en matière de mobilité interurbaine, notamment sur les axes très fréquentés du centre du pays.

Le choix entre CAF et Hyundai Rotem sera donc déterminant. Tandis que l’offre espagnole bénéficie du soutien financier de Madrid, le géant sud-coréen propose des avantages en matière de localisation de la production et de transfert technologique, un point qui pourrait peser dans la balance pour un Maroc soucieux de renforcer son industrie ferroviaire nationale.

Cet épisode illustre une nouvelle fois la complexité des relations économiques entre le Maroc et l’Espagne. Si les deux pays sont des partenaires commerciaux majeurs, certaines franges de l’opinion espagnole restent hostiles à tout rapprochement avec Rabat, notamment dans les secteurs stratégiques. La polémique autour de ce financement s’inscrit ainsi dans un contexte plus large où chaque initiative maroco-espagnole est scrutée et parfois instrumentalisée à des fins politiques.

Quoi qu’il en soit, la modernisation du réseau ferroviaire marocain suit son cours, et la décision finale quant à l’attribution du marché des 40 trains intercity devrait être scrutée de près, tant au Maroc qu’en Espagne.

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