Maroc-Europe : des rapports d’égal à égal ou rien !
Par Abdessamad MOUHIEDDINE
L’investissement de Sebta, la ville marocaine spoliée, par des milliers de migrants clandestins en quelques heures atteste du besoin vital de l’ingrate Espagne d’un Maroc fort et prospère. Mais lui faut-il encore faire montre non seulement de gratitude, mais également de loyauté à l’égard de la puissance régionale et continentale qu’est devenu le Royaume du Maroc. Idem pour le pays des Germains !
En effet, l’heure de la fin de l’ethnocentrisme européen à l’encontre du Maroc, l’ex-Empire Chérifien, et même d’une bonne partie de l’Afrique semble approcher à grands pas.
Longtemps, parce qu’il pataugeait dans les atteintes les plus inhumaines aux droits humains, qu’il fermait sa gueule à la moindre injonction européenne, notamment française ou/et espagnole et que, de ce fait, il était pris de haut, le Maroc n’était bon que pour le sale boulot de gardien des frontières méridionales d’une Europe prospère et suffisante.
Les clashs du Maroc avec les gouvernements d’Allemagne et d’Espagne ont, en vérité, pour origine cette posture même pas « néocoloniale », mais bel et bien « coloniale » – c’est le cas de le dire – où l’Espagne pouvait nonchalamment laisser prospérer ses mafias de la drogue et de l’immigration sur le dos des pauvres cultivateurs de cannabis rifains et des jeunes marocains en déshérence socioprofessionnelle, et où l’Allemagne blanchissait à tout-va les revenus de la drogue d’origine marocaine au sein de son système financier.
Parce que ces deux pays croyaient mordicus que le Maroc n’oserait jamais bouger le petit doigt face à leurs turpitudes tant géostratégiques qu’économiques ou, pis, diplomatiques, ils n’ont pas vu que l’ancien « homme malade du Maghreb » (dixit Boumediene) a cédé la place à une nation devenue une puissance régionale et continentale. Oui, « il n’y a pas photo ! », une authentique puissance régionale et continentale, sans le moindre baril de pétrole ou de gaz !
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La honteuse infiltration sur le territoire espagnol du « Bob Denard » polisarien qu’est Brahim Ghali sous un ridicule nom et un passeport algérien, après que l’Allemagne eût refusé de justesse son accueil en hospitalisation de la même manière qu’elle le fît pour son mentor Tebboune, aura permis le solennel démasquement de la duplicité espagnole. Puisse cette Espagne, qui n’a cessé de forniquer diplomatiquement, géostratégiquement et économiquement dès le lendemain de la Marche verte, réfléchir longuement aux conséquences immondes de ses offenses anti-marocaines comme à ce qui vient de se passer lors de l’investissement de la ville spoliée Sebta par des milliers de migrants clandestins.
Il aura suffi trois heures à ces milliers de migrants pour rejoindre cette ville transformée en caserne à ciel ouvert. Quoi ? Le Maroc n’est l’auxiliaire sécuritaire de personne ! Et s’il a longtemps joué le jeu, il était loin de s’attendre à des coups de canif dans le dos de la part d’une nation voisine avec laquelle il partagé un pan colossal de son histoire millénaire.
Non seulement le Maroc a pu et su préserver efficacement l’Espagne contre les flux migratoires d’origines maghrébine et subsaharienne, mais il a courageusement, légalement et socioéconomiquement, sédentarisé sur son sol des milliers d’entre eux dont le voeu premier n’était autre que l’émigration outre Méditerranée.
Des rapports d’égal à égal ou rien !
Que l’Espagne sache donc qu’elle a plus besoin de la nation d’Ibn Tachefine, qui est sa profondeur géostratégique méridionale éternelle, que son voisin du sud d’elle ! Quant aux investissements espagnols qui prospèrent au Maroc et qui tiennent dorénavant le premier rang, ils obéissent exclusivement à la règle cardinale du profit et non aux humeurs diplomatiques de Madrid. D’ailleurs, au lendemain de la crise financière tsunamique de 2008 qui frappé effroyablement l’Espagne, le Maroc n’a pas hésité à recevoir des milliers de techniciens et même d’ouvriers spécialisés sur les sites de ses grands projets structurants, à commencer par Tanger Med. En matière de coopération, la règle, pour le Maroc, ne s’accommode plus d’aucune ascendance paternaliste, d’aucune forme de vassalisation. C’est celle de l’« égal-à-égal » et du « gagnant-gagnant » ou rien !
Quant à l’Allemagne, qu’elle reste la première puissance économique européenne ou qu’elle dégringole un jour du fait du déplacement du centre du monde vers l’Asie et, dans très peu de décennies également vers l’Afrique, elle doit composer dorénavant avec la première puissance maghrébine et néanmoins nation leader sur le continent noir dans un respect mutuel et une coopération sans a priori attentatoire à la souveraineté marocaine !
Que les Européens, l’Espagne, l’Allemagne et la France en premier, se le disent : le temps de la modestie gratuite et de la bonhommie inconditionnelle est bel et bien révolu ! D’ailleurs, plus le Maroc se démocratisera, plus son statut régional et continental s’imposera encore plus à une Europe qui vieillit si mal et que ravage une drôle d’amnésie historique !
On ne peut se permettre de continuer à humilier un partenaire loyal après l’avoir longuement humilié, gazé, pillé et dépecé impunément son territoire !