Maroc : L’accélération de la transition énergétique en marche (CESE)
Dans un souci d’améliorer la stratégie énergétique au Maroc, un avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE) a été publié récemment au Bulletin officiel sur l’accélération de la transition énergétique pour installer le Maroc dans la croissance verte.
Conscient du rôle important du secteur énergétique, le CESE s’est autosaisi de la question de la transition énergétique en septembre 2019, en vue de construire des scénarii à horizon 2030, 2040 et 2050. À cet égard, il s’est entouré d’experts nationaux et a auditionné 63 spécialistes du secteur et parties prenantes dont notamment les départements ministériels et parties prenantes concernées comme MASEN, l’ONEE, l’IRESEN, l’AMEE, l’OCP et la CGEM. Le débat autour du sujet de l’énergie n’est pas nouveau. La réduction de la facture énergétique et de la dépendance de l’extérieur était le premier défi auquel faisait face le Maroc, il y a plus d’une décennie. Le Royaume a adopté en 2009 des plans solaires et éoliens visant à renforcer l’efficacité énergétique. Sous Hautes orientations royales, un Plan National des Actions Prioritaires (PNAP) a été adopté, ambitionnant d’assurer l’équilibre offre-demande électrique, en renforçant la capacité de production électrique, afin de porter la part des énergies renouvelables à 42% de la puissance électrique installée en 2020 et à 52% à l’horizon de 2030.
Par ailleurs, les chiffres de 2019, publiés par le ministère de tutelle ont indiqué qu’il y avait une décroissance de la facture énergétique nette de 8,1%, en variation annuelle, ainsi qu’une consolidation de l’énergie nette appelée de 4,1%, en évolution annuelle. Un raffermissement de la production d’électricité issue des sources renouvelables a été constaté également, de 19,6%, en concourant ainsi à la production totale d’électricité avec une part d’environ 20,2%. Selon l’avis du CESE, le Maroc a toujours maintenu une consommation globalement en phase avec son niveau de développement. Le mix énergétique est ainsi dominé par les hydrocarbures (52% en 2019) essentiellement destinés au transport et le charbon (33% en 2019) destiné à la production d’électricité. Les coûts des énergies renouvelables sont désormais les plus compétitifs, affirme la même source, ajoutant que les derniers appels d’offres éoliens au Maroc en 2015 ont été adjugés à 0,30 dirham/kWh tandis que, dans le domaine du photovoltaïque, le dernier appel d’offres dans la région Moyen-Orient a été attribué à un tarif équivalent à 0,13 dirham/kWh dans des conditions similaires à celles de notre pays.
D’après ces indicateurs caractérisant le secteur énergétique, nous allons vers une vitesse supérieure. Le Conseil affirme que Maroc peut passer d’une dépendance énergétique de près de 88% aujourd’hui à 35% en 2040 et moins de 17% en 2050. En parallèle, le coût moyen de l’électricité sur le réseau pourrait baisser de 0,79 dirham/kWh aujourd’hui à 0,61 dirham/kWh en 2040 et 0,48 dirham/kWh en 2050. Afin d’atteindre ces objectifs, le conseil propose une batterie de mesures pour hisser le niveau du secteur de l’énergie, et ce en consacrant quasi-exclusivement les capacités électriques à venir aux sources renouvelables et au stockage (STEP, batteries et technologies en cours de développement), en maximisant la production électrique décentralisée au niveau des foyers, des industries, des communes, des exploitations agricoles, des coopératives, etc. Le CESE préconise également la transformation progressive de la mobilité qui représente 40% de la consommation énergétique totale actuelle pour maximiser le recours au transport en commun durable et aux voitures électriques et mettre en œuvre une politique coordonnée pour l’efficacité énergétique.