Maroc: L’économie résiste tant bien que mal
Les chiffres dévoilés ce mardi par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) sur la croissance démontrent, encore une fois, que l’économie marocaine a pu résister, tant bien que mal, au retard des précipitations et à la hausse des prix des matières premières sur les marchés internationaux.
Encore fragilisée par les effets de la pandémie, l’économie nationale a dû faire face à une double crise en début de cette année: le retard des précipitations et la flambée des prix des matières premières, due à la forte reprise post-covid et au conflit entre la Russie et l’Ukraine, qui a eu comme effet des perturbations des chaînes de production mondiales et leurs impacts sur les prix à l’international.
Dans sa récente note de conjoncture, le HCP fait savoir que l’activité économique aurait affiché une progression de 1,2% au premier trimestre 2022, sous l’effet d’une hausse de 3,3% de la valeur ajoutée hors agriculture et d’un repli de 12,1% des activités agricoles.
Au deuxième trimestre, la croissance des activités hors agriculture évoluerait à un rythme plus soutenu, portée par la poursuite de la reprise des branches tertiaires, prévoit le HCP, notant que compte tenu d’une baisse de 21,9% de la valeur ajoutée agricole, la croissance de l’économie nationale se situerait à 1,8% au T2.
Ces chiffres restent encore à confirmer, mais le gouvernement peut pousser un « ouf » de soulagement, surtout après les dernières précipitations qui auront certainement un impact positif sur la campagne agricole.
La demande intérieure et étrangère au rendez-vous ! A en croire les chiffres du HCP, la demande intérieure connaîtrait une légère accélération au deuxième trimestre 2022, contribuant de 3,3 points à la croissance économique globale.
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Elle serait particulièrement portée par la poursuite de l’affermissement des dépenses publiques, poursuit le HCP, ajoutant que les dépenses des ménages resteraient affectées par le maintien des fortes pressions inflationnistes.
Pour sa part, la demande étrangère adressée à l’économie nationale afficherait une hausse de 3,1% au deuxième trimestre 2022, en variation annuelle, au lieu de 20,7% au cours de la même période de l’année passée.
« L’évolution de l’économie mondiale au deuxième trimestre 2022 resterait tributaire de la situation épidémiologique notamment en Chine ainsi que des répercussions du conflit Russo-Ukrainien qui pèseraient sur les perspectives de croissance de l’économie mondiale sur l’ensemble de l’année 2022« , explique le HCP.
De fortes pressions inflationnistes
Les perturbations des chaînes de production mondiales et leurs impacts sur les prix à l’international des matières premières continuent à peser sur l’économie mondiale.
Selon le HCP, les prix à la consommation auraient évolué à un rythme jamais atteint depuis 2008, affichant une hausse de 3,6%, au lieu de 0,1% au cours de la même période de 2021.
Cette accélération aurait été principalement le fait de l’envolée des prix des produits alimentaires de +5,3%, explique le HCP, qui précise que hors produits alimentaires, les prix se seraient accrus de 2,5%, sous l’effet des hausses des prix des produits énergétiques, du transport et de l’accélération de ceux des produits manufacturés.
Le boom des exportations
Malgré la vive accélération des prix à l’export, le volume des exportations nationales de biens et services aurait affiché une croissance de 5,6% au premier trimestre 2022, portée, principalement, par les phosphates et de ses dérivés, l’industrie aéronautique et le secteur de textile.
En valeur, les exportations de biens se seraient, en effet, accrues de 29,5% en glissement annuel, au lieu de 12,6% une année auparavant, selon la note de conjoncture du HCP.
Mais en face, les importations des biens, en valeur, auraient affiché un affermissent de 37%, au lieu de 2,6% au cours de la même période de 2021, relève le HCP, faisant savoir que cette accélération aurait été attribuable à l’accroissement de 88,8% des achats des produits énergétiques dans le sillage de la flambée des cours internationaux des produits raffinés, notamment ceux du gas-oil et du fuel.
Ce qui aurait accentué le déficit de la balance commerciale des biens et engendré un repli de 3,5 points du taux de couverture des importations par les exportations au premier trimestre 2022, par rapport à la même période de 2021.
En dépit du contexte difficile, un vent d’optimisme souffle confirmant une reprise économique progressive mais sûre de l’économie marocaine.
(Avec MAP)