Le Maroc s’emploie à développer son secteur agricole pour assurer sa sécurité alimentaire
Le Maroc œuvre sans cesse pour le développement d’une agriculture durable en vue d’assurer sa sécurité alimentaire, en consacrant des investissements importants à l’irrigation et en diversifiant les cultures, écrit l’Oxford Business Group (OBG). En janvier, SM le Roi Mohammed VI at lancé un système d’irrigation « goutte-à-goutte » sur 500 hectares dans la commune de Saâda, située dans la préfecture de Marrakech. Le Souverain a procédé à la mise en service d’un bassin de décantation de l’eau d’irrigation d’un volume de 100.000 m³ dans la ville de Tamesloht, dans la province d’Al Haouz, rappelle l’OBG.
Selon l’analyse de ce cabinet d’études britannique, ces deux projets constituent la clé de voûte d’un programme de restructuration actuellement en cours, dont l’objectif est d’établir un système d’irrigation goutte à goutte sur 4.000 hectares de terres agricoles dans le secteur de l’oued N’Fiss –cours d’eau situé dans la région de Marrakech-Safi.
Ce programme, qui a nécessité une enveloppe de 278 millions de dirhams (26 millions d’euros) devrait bénéficier à 2300 agriculteurs, permettre de réaliser des économies d’eau de 30 pc par an, accroître la valeur des terres agricoles, faisant passer le prix de l’hectare de 16.000 dirhams (1.500 euros) à 40.000 dirhams (3750 euros) et créer 480 emplois.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Programme National d’économie et de Valorisation de l’Eau en Irrigation (PNEEI), un plan de développement qui s’étale sur une période de dix ans et vise à réduire le stress hydrique. Le PNEEI entend équiper 550.000 hectares en systèmes d’irrigation goutte à goutte d’ici à 2020 et réaliser une économie d’eau de plus de 1,4 milliard de m³ par an.
Selon l’OBG, l’accès à des systèmes d’irrigation plus développés devrait contribuer à compenser les pertes enregistrées par les agriculteurs lorsque les conditions climatiques sont fluctuantes, comme cela a été le cas lors de la campagne agricole 2015/2016 où une grave sécheresse a entrainé une forte diminution des rendements agricoles.
Le total des récoltes des quatre principales céréales produites par le Maroc – le blé tendre, le blé dur, l’orge et le maïs – a enregistré une chute de près de 70 pc en glissement annuel lors de la campagne 2015/2016 pour atteindre 33,5 millions de quintaux (une unité de mesure équivalant à 100 kg), selon les chiffres publiés par le ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime (MAPM).
Ce recul de la production a porté un coup à l’ensemble du secteur, ce dernier contribuant au PIB seulement à hauteur de 9,8 pc en 2016, contre 12,8 pc l’année précédente, d’après les estimations du FMI. Les perspectives semblent néanmoins plus positives pour l’agriculture cette année et le secteur devrait retrouver une croissance de 10,8 pc cette année, selon les prévisions du FMI.
A l’instar d’autres pays du Maghreb, les céréales constituent au Maroc une denrée de base, avec une consommation annuelle par habitant atteignant 173 kg en 2014 – un chiffre supérieur à la moyenne mondiale qui est de 152 kg, soulignent les experts de l’Oxford Business Group.
Les céréales couvrent 75 pc des terres arables au Royaume, mais leur culture est vulnérable, étant tributaire d’une pluviométrie irrégulière. C’est pourquoi le Maroc, soucieux d’améliorer sa sécurité alimentaire, s’est récemment attelé à développer d’autres cultures, précisent-t-ils.
La signature en février d’un accord de coopération technique portant sur la promotion de la culture du quinoa – une graine particulièrement résistante à la sécheresse- entre l’Organisation des Nations-unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) et l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II s’inscrit dans cette optique.
Dans le cadre de ce projet, la FAO travaillera avec le Maroc en partenariat avec le Pérou – où la culture du quinoa est ancestrale- afin de faciliter le transfert des connaissances et l’échange de matériel génétique.
Si le désir de « cultiver des dizaines d’hectares sinon plus » de quinoa existe au Maroc, les cultivateurs de quinoa ont déjà dû faire face à plusieurs défis, notamment la difficulté d’extraction de la saponine des graines, partie intégrante du processus de transformation de la céréale destinée à la consommation humaine, relève l’analyse de l’OBG.
Et d’ajouter que ces initiatives s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie générale, le Plan Maroc Vert (PMV), qui, depuis son lancement en 2008, constitue une priorité pour les pouvoirs publics.
A travers des investissements se chiffrant à 174 milliards de dirhams (16,2 milliards d’euros), le PMV espère créer 1,15 million d’emplois dans le secteur agricole et multiplier par trois le revenu de 3 millions de ruraux d’ici 2020.
D’après l’Office National Interprofessionnel des Céréales et des Légumineuses (ONICL), la baisse de la production due à la sècheresse aurait été plus forte sans les initiatives du PMV, souligne l’Oxford Business Group.
Les agriculteurs marocains ont également récolté deux fois plus de céréales en 2015/2016 que pendant la campagne 1994/1995, date à laquelle remonte la dernière sècheresse d’une telle gravité au Maroc.
En plus de la protection du secteur agricole contre les retombées des conditions météorologiques défavorables, le PMV a joué un rôle déterminant dans la promotion des investissements publics et privés, relèvent les experts de l’OBG.
Entre 2008 et 2015, l’afflux de capitaux à destination du secteur agricole a enregistré une hausse de 1,9 pc pour atteindre 1,9 milliard de dirhams (177,9 millions d’euros), selon les données publiées par le MAPM.