Maroc : Si l’urgence de la relance économique fait consensus, les modalités divergent

Si l’urgence de la relance économique fait consensus, les modalités divergent en ce moment au Maroc.

Deux voies semblent dominer, chacune présentant des points de force mais un degré d’incertitude élevé. La première milite pour une relance par la dépense publique via l’endettement externe essentiellement alors que la deuxième prône une austérité budgétaire réservée.

Dans le contexte mondial et national actuel, une troisième voie doit émerger et se distinguer par sa capacité à fédérer les avantages des deux précédentes, mais également par son aptitude à en neutraliser les risques.

Une voie pragmatique et salvatrice sur le présent, ambitieuse pour le futur, une voie 100% marocaine et innovante, visant la protection de nos entreprises nationales et la viabilisation de millions d’emplois et de familles qui en dépendent. Maîtriser l’hémorragie de la crise et transformer sa menace en opportunité devient existentiel.

Le présent document est le fruit de réflexions et études menées depuis le début de la crise de COVID-19 et vise humblement à proposer une solution concrète et viable.

En voici le résumé suivi du déploiement stratégique dans le temps et l’espace en 20 Points.

Phase 0 : Relance par la centralisation et la structuration de la demande.

Phase 1 : Renforcer la Souveraineté économique nationale, en transformant les imports en production nationale

Phase 2 : Une relance intelligente par la demande réelle et non stimulée via la mise en place de Centrales d’achats sectorielles, regroupant la demande publique et privée en vue d’en faire une locomotive pour le développement de l’offre nationale (Industrie, Agro, Services) autour d’une demande garantie, claire et progressive

Phase 3 : Le phoenix marocain renaît et brille à l’International. Ces Centrales locomotives deviennent des Centrales d’Export et de Distribution internationale, permettant à l’économie nationale un essor nouveau, faisant de la crise une opportunité.

Phase 4 : Outils novateurs de financement de la relance, limitant le recours à l’endettement classique.

Phase 5 : Le Maroc Hub de Trading, d’Industrie, de l’Agriculture et des Services.

Déploiement Stratégique

1/ Le point de départ concret se trouve dans une relance par la Demande structurante et non structurelle. Le catalyseur sera la mise en place de Centrales d’achats nationales, réparties par secteur et rémunérées sur une base mixte : réduction des coûts d’acquisition (et non seulement d’achat), amélioration de la qualité, diversification des fournisseurs (pour permettre à un nombre optimal d’entreprises de bénéficier de la demande), et R&D/ Innovation

2/ La réduction immédiate des imports de biens (notamment d’équipement) produits au Maroc à coût et à qualité similaires ou proches, renforçant ainsi l’industrie et l’agriculture nationale

3/ La réduction des imports biens et services pouvant être produits au Maroc dans le court terme, via une adaptation des chaînes de production ou une augmentation et renforcement de leur capacité.

4/ Un focus est à faire en un premier temps sur les familles de produits répondant à trois critères équilibrés :

  • La valeur ajoutée pour encourager les entrepreneurs attirés par le retour sur investissement.
  • Plusieurs importateurs et non un seul, pour avoir un effet de négociation et de baisse des coûts immédiat via la centralisation.
  • Une récurrence de l’acte d’import et sa continuité, pour la transformer en une offre industrielle marocaine durable et créatrice de plus d’emplois et de richesses.

5/ La centralisation de la demande des établissements publics, en vue d’en faire un vecteur d’encouragement à l’investissement et au développement industriel national.

6/ Ces Centrales d’achat doivent se répartir en Centrales nationales à 100%, et en joint-venture avec des centrales internationales pour jouer un rôle de pont vers l’export et la distribution mondiale par la suite.

7/ Autour de ces Centrales d’achat produisant une demande certaine et structurée, se regroupera une Offre / Production nationale forte, diversifiée, composée de Grandes Entreprises en groupement et en synergie avec des PME et TPE dynamiques, permettant ainsi à l’économie marocaine de bénéficier des avantages de chaque taille : capitalisation, innovation, accès aux ressources stratégiques, flexibilité, territorialité, spécialisation et diversification en même temps.

8/ Ce nouveau tissu économique intelligent bénéficiera d’un effet de locomotive et de portage, une véritable production à flux tirés (Pull Flow), grâce à la centralisation de la demande mise en place. Ce qui permettra aux entrepreneurs de respirer, d’avoir de la visibilité sur le futur, de maîtriser l’impact négatif de la crise, de maintenir les emplois et de générer du Cashflow si existentiel en ces temps de crise.

9/ Les Centrales d’achat deviendront en une 2ème phase une locomotive d’export et de distribution à l’étranger, permettant au tissu industriel, service et agricole qui les entoure de se renforcer et de prendre en ampleur. Les TPE et PME seront ainsi exonérées du coût et du risque d’internationalisation qui les ont toujours freinés, et la Grande Enterprise aura un outil important de développement et de diversification territoriale mutualisée avec son propre écosystème de fournisseurs et de clients.

10/ Cette internationalisation des Centrales d’achats nationales devenues Centrales de distribution, permettra de renforcer l’offre exportable nationale, sur une base productive et non spéculative ou théorique.

11/ Cette internationalisation vise également la diversification des partenaires économiques de manière concrète, un renforcement des parts de marchés en Afrique, plus d’ouverture vers les marchés prometteurs: UK (post Brexit), Trans Atlantique : USA (ALE), Canada, Mexique, Brésil… mais aussi en Méditerranée et vers l’Est asiatique et européen.

12/ L’effet escompté sera de combiner entre une demande certaine, croissante, diversifiée par secteur, diversifiée par marchés géographiques également. Autour de cette demande, se positionne une Offre économique marocaine, industrielle, agricole et de services, saine, dynamique, sortie de crise, confiante et en plein essor.

13/ Cette Offre nationale aura besoin d’un accompagnement financier, qui vu son attrait nouveau et sain, se fera sur des bases nouvelles :

  • Accès aux fonds d’investissements étrangers : ces fonds cherchent désespérément, en ce moment, de nouvelles opportunités d’investissement, un nouvel «Eldorado», vu la perte de valeurs de leurs assets actuels.

Toute entreprise/ secteur/ pays, qui sera le 1er à donner des signaux forts de «début de guérison» de son économie, et de sa capacité à prendre un élan régional (scalability) sera une destination privilégiée de ces fonds, d’autant plus quand les nouveaux clusters tournent autour d’une demande structurée et en progression à laquelle répond une Offre entrepreneuriale maîtrisant son métier et ses structures de coûts

  • Levées de fonds national via des «Bons d’Investissement» : ces Bons devront se faire par thème, autour de projets économiques viables et vivants, pour financer la croissance industrielle ou agricole sus mise en place, contribuant ainsi à une montée en capitalisation de clusters opérationnels.

Ces Bons d’investissement peuvent également servir pour le financement de projets stratégiques, via une répartition thématique: Bons pour l’agriculture, Bons pour la production électrique, Bons pour l’eau, Bons pour l’industrie (avec un split par projets phares), Bons pour l’éducation & la santé.

Ces Bons permettront un ensemble de grands avantages :

  • Limiter le besoin d’endettement extérieur, inhibiteur des prorogatives stratégiques.
  • Mobiliser les fonds importants issus des secteurs «informels» de l’économie marocaine, et que l’approche coercitive ou classique n’arrive pas à toucher.
  • Une implication patriotique et intelligente du citoyen dans l’effort de développement. En contribuant au financement, celui-ci sentira que c’est son projet et non pas celui des «autres» contribuant ainsi à sa réussite.

14/ Une fois ces Phases réussies, la maîtrise de la demande nationale et des circuits de celle internationale, la montée en force et en gamme de l’offre marocaine suite à sa sortie de crise, les circuits logistiques, financiers et industriels huilés, permettront l’émergence d’un nouveau «Super-Secteur» celui du Commerce international et du Trading des Biens et commodités, où le Maroc a une place maîtresse à jouer.

15/ La taille des flux commerciaux escomptés transités via le Maroc, grâce notamment à Tanger Med, d’un point de vue logistique et CFC d’un angle financier, permettront de transformer notre pays en une locomotive de développement pour toute la région. Cela favorisera la montée en valeur de l’Export africain vers le Monde grâce aux chaînes de valeurs marocaines.

16/ Cette nouvelle approche répondra aussi, de manière exhaustive, à la peur soulevée en Europe et transatlantique de rupture des chaînes de valeurs, dépendantes de l’étranger, en offrant une alternative concrète, proche, et cointégrée aux économies européenne, africaine et mondiale.

19/ Le Maroc en émergeant en Hub de Trading et d’industrie bénéficiera d’un cumul important de capitaux et de devises étrangères, synonymes de l’émergence d’un nouveau phoenix vers la voie du développement et de la prospérité.

20/ Cette proposition vise à servir d’inspiration pour permettre la mise en place d’un plan de relance tenant compte des exigences du moment, mais transformant ces exigences

Sous les Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste, le Royaume du Maroc a réussi une réponse rapide, impavide et contingente face à la pandémie, mettant la protection du citoyen, de sa vie et de sa santé au-dessus de toute autre priorité. Cette riposte fut plurielle : solidaire (fonds de lutte), sécuritaire, sanitaire, tactique (numérisation, fermeture des frontières…) et sa réussite a été saluée en union par tous les Marocains mais également par la communauté internationale.

Aujourd’hui et sur la même continuité, nous devons réussir la «Relance économique». Cette relance est un Outil stratégique pour continuer à bâtir les fondations du Maroc dont nous voulons tous, un Maroc de compétences, de méritocratie et d’opportunités, un Maroc de paix, de stabilité et de prospérité durables, un Maroc construit par les Marocains pour les Marocains.

 

Toolbox Qualité & Santé :

Un Focus spécial sur l’établissement d’un «Label Santé» marocain, qui viendra rassurer les consommateurs nationaux et étrangers et renforcer la force de la Brand «Made in Morocco» et par la même la demande pour les produits marocains.

Ce Label est à donner suite à une certification de l’usine comme apte à fonctionner sous Corona : Manuel de procédures revu, distanciation, équipements de protection, SAS d’entrée, séparation et emballage, Traitement des produits avant sortie.

Génération de Cash-Flow :

Des mesures spéciales d’accompagnement des entreprises doivent être mises en place, pour le conseil et la «réingénierie» de la chaîne de valeur en vue de permettre de gérer du cash-flow / Liquidité dans l’immédiat. Parmi les outils efficaces fi-ure : la transformation des activités supports en activités génératrices de revenus, leur autonomisation par la suite, la mutualisation des Centres de coûts inter-entreprises, en complément des moyens mis en place par les banques marocaines.

L’implication des Ressources Humaines dans cet effort de création de liquidité et de revenus nouveaux est névralgique.

TPE et PME :

La centralisation de l’Achat et par la suite de la Distribution doit jouer en faveur de l’essor des TPE et PME désirant s’exporter, en les exonérant des risques stratégiques (client, paiement, marché). Mais également via la mise en place de mécanismes d’accompagnement pour la certification et documentation et les mises en place nécessaires à l’export (Processus). Afrique :

1/ Développement de Hub d’export et de valorisation des produits africains du continent vers le Monde via le Maroc (Tanger Med ou Dakhla New Port), reviendrait à aider ces pays africain frères à diversifier leurs sources de revenus, en cette période critique, un atout diplomatique pour le pays, et un atout économique également : en rendant nos chaînes de va-leur industrielles plus complètes et donc indépendantes.

2/ Adaptation des produits aux besoins du continent et du consommateur de chaque pays en terme de spécificités techniques, de coût et de perception : voitures plus robustes et durables, chaînes de maintenance automobile et de distribution des pièces détachées, véhicules utilitaires (ateliers mobiles : mécanique, cuisine…), médicaments pour le Malaria et les maladies tropicales, produits alimentaires d’excellente qualité avec compléments vitaminés, aux goûts locaux et à coût compétitif.

3/pour les TPE et PME, leurs exports bénéficieront du portage des centrales de distribution/achats marocaines sus mentionnées, pour réduire les risques d’internationalisation et partir sur une base de demande connue et structurée.

4/ le développement du Maroc comme Hub de co-industrialisation, d’assemblage et de distribution logistique vers l’Afrique, attirera les investissements étrangers pour le pays mais aussi pour le Continent.

 

Par M. Amine LAGHIDI

 

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page