Matières premières: Le cours de l’étain atteint des records historiques en 2021
L’étain est l’un métaux qui ont atteint des prix records en 2021, avoisinant les 41.000 dollars la tonne (USD/t) sur le London Metal Exchange (LME), selon un article publié par le Policy Center for the New South (PCNS).
« Si, malgré cette importante volatilité, la conjoncture s’est montrée favorable en 2021 pour la plupart des métaux, notamment ceux de la transition énergétique, c’est l’étain qui en a assurément tiré le plus grand parti« , écrit l’auteur de l’article Yves Jégourel.
Son prix cash (LME) a en effet atteint 41.000 USD/t le 25 novembre 2021, ce qui lui offrait une remarquable progression de près de 95 % (78 %, en moyenne mensuelle, entre janvier et novembre de cette même année, selon les statistiques de la Banque mondiale), poursuit la même source.
À 39.159 USD/t en novembre, il dépassait ainsi de 21% le précédent record d’avril 2011, à 32.363 USD/t, fait savoir M. Jégourel, estimant que la situation était tout à fait inédite et, bien que l’étain ait reflué sous le seuil de 40.000 USD/t début décembre, elle devrait perdurer sur les mois prochains, si la situation sanitaire ne vient pas peser sur la croissance économique mondiale.
L’étain évolue, en premier lieu, sur un marché étroit et dominé, du côté de l’offre d’étain raffiné, par la Chine, soulève l’auteur de l’article, notant que dans sa lutte contre le variant Delta, Pékin a plusieurs fois fermé sa frontière avec le Myanmar, son principal pays fournisseur de minerai d’étain, depuis la décision de l’Indonésie (jadis premier exportateur mondial) de cesser l’exportation d’un certain nombre de minerais et de concentrés, dont ceux d’étain donc.
Alors que la quasi-totalité des secteurs métallurgiques subissaient les conséquences des fortes tensions sur le marché de l’électricité, cette contrainte supplémentaire ne pouvait que peser sur l’offre et, par conséquent, sur les prix. Car, si la disponibilité du métal interroge, c’est aussi parce que la demande est forte. En 2020, 48 % de celle d’étain raffiné provenait, selon l’International Tin Association (ITA), des besoins en soudures et des semi-conducteurs.
→ Lire aussi : Le PCNS plaide pour une concrétisation de la solidarité internationale face à la crise sanitaire en Afrique
Deux forces antagonistes se manifestent néanmoins : d’un côté, une miniaturisation des appareils électroniques ou de leurs composants qui induit une diminution de la quantité d’étain requise pour les soudures, de l’autre, une demande structurellement croissante pour ces mêmes appareils, dans le secteur de l’automobile et des transports, du médical ou, de manière non exhaustive, des loisirs. En 2020 et 2021, c’est bien la seconde qui a dominé et elle pourrait se renforcer à la faveur du développement de la technologie 5G.
L’auteur a par ailleurs mis l’accent sur les autres métaux ayant connu une flambée, notant que s’ ils avaient tous lourdement chuté au premier trimestre 2020, après le déclenchement de la pandémie de la Covid-19, et connu en suivant une forte progression qui s’est accélérée sur le premier semestre 2021, les prix de ces métaux ont, depuis, emprunté des chemins différents. Le cuivre a, sans surprise, vu ses prix sur le London Metal Exchange (LME) connaître une très forte volatilité dans un contexte sanitaire mondial – et donc macroéconomique – encore très incertain avec la cinquième vague et le variant Delta, puis Omicron. Il a ainsi touché un plus haut niveau historique en mai avant de chuter assez lourdement au cours de l’été puis… de flamber de nouveau en octobre pour revenir peu ou prou à son record de mai.
Plombé par les incertitudes sur la croissance mondiale et sur l’immobilier chinois, il est alors reparti sur un chemin baissier et s’échangeait à 9 543 USD/t (prix cash) le 10 décembre. Les tensions sur l’offre de long terme, dans un contexte marqué par des stocks officiels au LME ayant atteint leur plus bas niveau en seize années, devraient toutefois lui permettre de maintenir des cours historiquement élevés.
Le nickel a également vécu une période particulièrement instable : il a dépassé le seuil de 20 000 USD/t sur le marché londonien début septembre puis celui de 21 000 USD fin novembre, avant de refluer et de s’établir à 19 960 USD/t ce même jour. Jamais, cependant, le prix record atteint en avril 2007 à près de 50 000 USD/t ni même celui de février 2011 (à 27 000 USD) ne semblaient pour l’instant atteignables.
Cette grande instabilité, le plomb la subissait également, fléchissant en septembre pour rebondir le mois suivant et trébucher de nouveau. Le marché du zinc a, pour sa part, vu les producteurs tels que Glencore ou Nystar réduire leur offre sous l’effet de l’augmentation des prix de l’électricité, alors que la demande pour la galvanisation est bien présente. Ceci ne pouvait que se traduire par une flambée des cours, ce qui s’est produit en octobre : le prix cash sur le LME passait ainsi de 2 999 USD/t à 3 815 USD/t entre le 1er et le 18 octobre avant de revenir dans la bande des 3 200-3 400 USD/t sur les semaines suivantes.
Pour ce qui est de l’aluminium, l’auteur a relevé que c’est le métal qui a probablement le plus subi la crise énergétique. Il a vu son offre en provenance de Chine se réduire sous l’effet combiné de la lutte engagée par Pékin contre la pollution (une large proportion de la génération électrique nécessaire à cette production est alimentée par du charbon) et de cette augmentation des prix de l’énergie.
(Avec MAP)