Par Hassan Alaoui
En novembre 1975, en pleine mobilisation du Maroc pour lancer la Marche verte, deux semaines après que la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye eût exprimé son avis en faveur de notre cause nationale, Boumediene, président de la République algérienne se rendit à Bechar pour rencontrer le président Mokhtar Ould Daddah de Mauritanie.
L’objet de ce Sommet impromptu consistait à dissuader ce dernier de s’allier au Roi Hassan II, proférant jusqu’à des menaces de mort et d’agression de son pays. Le président mauritanien ne céda point et résista de toutes ses forces aux pressions et menaces. Cette rencontre orageuse nous avait démontré une fois de plus l’agressive politique algérienne – déjà en œuvre – contre le Maroc et la Mauritanie en particulier.
Toute l’histoire, courte et récente, de l’Algérie depuis 1962 a été et reste dominée par l’obsessionnel et envieux regard vers l’Atlantique. Océan de prédilection dont le Royaume du Maroc est doté, il est aujourd’hui la frontière naturelle plongeant notre pays dans la vastitude maritime qui est à la lointaine mais infinitesimale proximité avec les Amériques ce qu’un vol d’oiseau de quelques heures est aux parallèles ou méridiens. Avec les avions, les satellites et aujourd’hui l’Internet, la géographie est réduite. L’Atlantique n’est plus un obstacle mais un espace de rapprochement, une frontière commune.
Le Maroc possède un peu plus de 3000 kilomètres de côte atlantique et la Mauritanie quelque 400 kilomètres. La frontière algéro-mauritanienne, enclavée et fondue dans le désert, ne dépasse pas 460 kilomètre, trois fois moins que celle avec le Mali. Qu’à cela ne tienne, le régime militaire algérien entend n’en faire qu’une bouffée de cette frontière avec la Mauritanie et, de plus en plus, se « moque » de la souveraineté de cette dernière pour « percer », si besoin manu militari un couloir vers l’océan atlantique. Force nous est de souligner que depuis quelques années, une forte pression est exercée sur Nouakchott par la junte militaire d’Algérie dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle recourt à tous les moyens subterfuges, allant de la séduction, aux pressions directes voire aux menaces implicites qu’une diplomatie véreuse, construite sur le concept de chantage exerce à tour de bras.
L’accès à l’océan atlantique est le miroir tragique du pouvoir algérien qui, rappelons-le, bloque depuis des lustres tous les projets expansionnistes lancés depuis les années soixante-dix. L’ambitieux contrat lancé en 1969 par Boumediene et son ministre de l’Industrie Belaïd Abdeslam pour la fourniture de 10 milliards de mètres cube de gaz naturel au groupe américain El Paso avait tourné en eau de boudin. Son acheminement jusqu’à la Méditerranée et ensuite vers les Etats-Unis coutait comme on dit un bras. Alger fait donc des mains et des pieds pour accéder à l’Atlantique et, désespérant d’y parvenir, met en œuvre une véritable offensive tous azimuts – politique, diplomatique, économique, infrastructurelle, médiatique – et corruptive pour faire bouger les lignes au sein du gouvernement de Mauritanie.
Le jeu algérien est suicidaire parce qu’il s’inspire de la mauvaise foi et du cynisme, davantage de la déstabilisation que du réalisme et de la maîtrise de la réalité géopolitique. L’histoire nous dira que cette vision est suicidaire, parce que le Maroc ne sera jamais isolé et ne se résoudra nullement à cette hypothèse d’être isolé et encore moins encerclé…