Médicaments introuvables, patients désespérés : la pénurie étouffe

Dans les officines, les rayons se vident et l’inquiétude grandit. Depuis plusieurs mois, le pays fait face à une crise sanitaire silencieuse mais récurrente : la pénurie de médicaments essentiels, touchant en priorité les patients atteints de maladies chroniques.

Cancer, diabète, hypertension artérielle, troubles cardiovasculaires… autant de pathologies pour lesquelles des traitements se font de plus en plus rares, plongeant les malades dans un profond désarroi.

Devant certaines pharmacies, les demandes de certains médicaments restent souvent sans réponse. Souvent, les clients sont invités à revenir la semaine prochaine. Ainsi, des milliers de patients arpentent les officines, espérant trouver les médicaments qui leur permettent de survivre.

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D’après les chiffres communiqués par le ministre de l’Industrie et du Commerce, M. Ryad Mezzour, plus d’une trentaine de médicaments essentiels manquaient déjà sur le marché en 2023. Aujourd’hui, la situation ne s’est guère améliorée, et la liste des traitements introuvables ne cesse de s’allonger. Antibiotiques, traitements oncologiques, médicaments psychotropes ou encore produits destinés aux soins cardiovasculaires : les pénuries s’étendent à des segments toujours plus critiques de la santé publique.

Bien que le Maroc assure une production pharmaceutique nationale couvrant 70 à 80 % des besoins du pays, sa dépendance aux importations reste un talon d’Achille. La pénurie a plusieurs causes. Le marché marocain est relativement petit, c’est pourquoi les grandes sociétés pharmaceutiques préfèrent approvisionner les pays à pouvoir d’achat plus élevé. Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement mondiale, les crises économiques et les tensions géopolitiques ont aggravé la situation. Cette dynamique rend le pays particulièrement vulnérable aux perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales.

Les tensions géopolitiques, la flambée des coûts de production et les crises économiques successives ont contribué à restreindre l’offre, amplifiant ainsi la difficulté d’accès aux médicaments. Mais ce n’est pas tout : la généralisation de la couverture sanitaire universelle a augmenté la demande en soins et en traitements, sans que l’offre ne soit ajustée en conséquence. C’est un progrès considérable en matière de santé publique, mais qui, mal anticipé, risque d’aggraver la crise au lieu de la résoudre, prévient un professionnel de la santé.
Face à cette situation, les autorités peinent à apporter une réponse efficace.

Une attitude jugée lente par les patients, qui dénoncent des délais interminables et un manque de volonté politique. Certains sont contraints d’acheter leurs médicaments à l’étranger à des prix exorbitants, s’indigne une association de lutte contre le cancer.

Sans une restructuration profonde du secteur et une stratégie efficace pour pallier les pénuries, le Maroc risque de voir cette crise sanitaire se prolonger, au péril de millions de malades. Pendant ce temps, dans les pharmacies du pays, les patients continuent d’attendre, souvent en vain, les traitements qui pourraient leur sauver la vie.

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