Merkel arrache un accord de gouvernement en Allemagne

 Angela Merkel se dirige vers un quatrième mandat de chancelière en Allemagne grâce à un accord de gouvernement conclu mercredi entre son parti conservateur et les sociaux-démocrates après plus de quatre mois d’impasse politique, ont annoncé plusieurs médias.

La télévision publique ARD, le site internet du magazine de référence Der Spiegel et le quotidien Bild ont tous fait état d’un « accord sur un contrat de coalition » entre les deux camps. Une confirmation officielle devrait intervenir ultérieurement. Cet accord prévoit notamment que les sociaux-démocrates obtiendront les ministères-clés des Finances et des Affaires étrangères, ainsi que celui des Affaires sociales, toujours selon ces médias.

Ce compromis obtenu dans la douleur après des semaines de tractations et un dernier round de 24 heures de négociations sans interruption, reste toutefois encore suspendu à un vote des militants du parti social-démocrate (SPD) prévu dans les semaines à venir. L’issue de cette consultation reste incertaine et ses résultats ne devraient être annoncés que dans les premiers jours de mars.

Angela Merkel n’avait plus droit à l’erreur pour rester au pouvoir. Les élections législatives de septembre, marquées par un repli des partis traditionnels et une percée de l’extrême droite, n’ont pas permis de dégager une majorité claire à la chambre des députés.

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Après un premier échec pour former une coalition hétéroclite avec les Libéraux et les écologistes en novembre, la chancelière, réduite à gérer les affaires courantes depuis octobre et qui a vu son étoile pâlir sur la scène internationale, était dans l’obligation de s’entendre avec le SPD, avec qui elle discutait depuis début janvier.

Les discussions ont longtemps buté sur le niveau des dépenses militaires mais surtout sur la réforme de l’assurance-maladie en Allemagne, pour réduire les inégalités entre médecine publique et privée, et le marché du travail.

Le projet de contrat de coalition, dont l’AFP a obtenu copie, prévoit que le prochain mandat de quatre ans de la chancelière soit placé sous le signe de la relance de l’Europe, au diapason des priorités du chef de l’Etat français Emmanuel Macron. Il accepte prudemment l’idée française d’un budget d’investissement pour la zone euro et d’une meileure protection des pays membres face aux crises financières.

Pour entamer son nouveau mandat à 63 ans, la chancelière devra encore franchir un obstacle de taille avec le vote prévu des quelque 460.000 militants du SPD. Ces derniers seront appelés à approuver ou rejeter l’accord lors d’une consultation interne par courrier étalée sur plusieurs semaines.

Or, le plus vieux parti allemand créé à la fin du 19ème siècle reste très divisé sur l’opportunité même de servir à nouveau d’appoint aux conservateurs au pouvoir. Laminé aux législatives septembre avec son plus mauvais score de l’après-guerre (20,5%), le SPD continue depuis à baisser dans les sondages. Une dernière enquête cette semaine ne le crédite plus que de 17%, soit presque le même niveau (15%) que l’extrême droite.

Pour tenter d’amadouer ses militants sceptiques, Martin Schulz a obtenu que l’accord de gouvernement inclue une clause de réévaluation au bout de deux ans, une manière de mettre Angela Merkel en sursis dès le début de son mandat.

Un rejet du contrat de coalition mettrait la chancelière face à un choix difficile : former un instable gouvernement minoritaire ou accepter de nouvelles élections, deux scénarios inédits dans l’Allemagne d’après-guerre. Tant le SPD que les conservateurs ont tout à craindre d’un nouveau scrutin, qui au vu des sondages profiterait surtout l’extrême droite de l’AfD et compliquerait un peu plus la recherche de majorités.

En septembre, l’extrême droite a provoqué un séisme politique en obtenant près de 13% des suffrages, surfant sur les inquiétudes générées par l’arrivée de plus d’un million de demandeurs d’asile depuis 2015. Dans ce domaine, le contrat de coalition prévoit de limiter leur nombre à entre 180.000 et 220.000 par an, comme le souhaitaient les conservateurs. Il restreint aussi le regroupement familial pour les réfugiés.

 

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