Mesures d’austérité pour lutter contre les impacts du Covid-19 en Tunisie
Le chef du gouvernement tunisien, Ilyes Fakhfakh, a annoncé plusieurs mesures d’austérité pour faire face aux répercussions du COVID-19.
Selon une circulaire publiée par la présidence du gouvernement tunisien, il sera question du gel des recrutements dans la fonction publique, à l’exception de certaines spécialités prioritaires et à caractère urgent, ainsi que la rationalisation, au cours de la prochaine année, de la prime de rendement attribuée aux employés, de manière à ce qu’elle ne dépasse pas une moyenne de 80%.
En vertu de ce document, aucun accord ne pourra être signé et aucune mesure ayant un impact financier ne pourra être prise, sans consultation avec la présidence du gouvernement et du ministère des Finances. Toujours selon la même source, les promotions de l’année 2020 ne seront activées qu’en 2021 et celles de 2021 seront reportées à 2022.
La circulaire prévoit aussi le report de tous les nouveaux programmes de formation, dans le cadre des recrutements prévus pour 2022, la non-compensation des postes vacants et le recours au redéploiement des ressources humaines disponibles, pour couvrir les besoins dans l’administration tunisienne, tout en dispensant les formations nécessaires aux fonctionnaires.
Le document stipule, en outre, de limiter l’enveloppe allouée à la prime des heures supplémentaires à 50% de celle du budget 2020 dans les différents départements, à l’exception de ceux de la Défense, de l’Intérieur, de la Santé et de la présidence de la République.
Les fonctionnaires, qui travaillent des heures supplémentaires, bénéficieront d’un congé de compensation, précise le même document.
Le gouvernement estime que l’évolution significative de la masse salariale, laquelle a atteint des niveaux record, nécessite plus d’efforts de pouvoir la maîtriser et la ramener progressivement à des proportions raisonnables par rapport au PIB.
Pour rappel, le budget de la Tunisie pour 2020 s’élève à environ 47 milliards de dinars (1 euro = 3,14 dinars), dont une enveloppe de 20 milliards de dinars est réservée au payement des salaires.
Dans cette circulaire, le gouvernement rappelle que l’ensemble de ces mesures ont été prises dans le cadre d’une conjoncture délicate marquée par l’émergence du Covid-19.
Cette pandémie mondiale, souligne encore le document, aura des impacts négatifs sur l’économie nationale et sur les finances publiques, « ce qui aura pour conséquence une régression importante des ressources de l’Etat ».
Pour ce qui est des dépenses de fonctionnement, la circulaire appelle les départements gouvernementaux et tous les établissements publics à redoubler d’effort pour rationaliser ces dépenses durant la période 2021-2023, l’objectif recherché étant d’œuvrer à ce que l’évolution ne dépasse pas les 3%, à assurer une meilleure gestion des moyens de transport administratifs et à maîtriser les dépenses des réceptions et des missions à l’étranger.
Par ailleurs, la même source propose de rationaliser la consommation d’énergie en recourant davantage aux énergies alternatives et renouvelables, ainsi que d’élaborer un plan quinquennal pour le rééchelonnement des payements au profit des fournisseurs publics.
En ce qui concerne les dépenses d’investissement, elle appelle à leur donner la priorité absolue pour achever les projets et les programmes annuels, notamment les grands projets, ce qui permettrait d’impulser le développement et d’améliorer les conditions de vie des citoyens, surtout dans les régions intérieures.
La semaine dernière, le chef du gouvernement avait annoncé que son pays aura besoin de cinq milliards d’euros pour boucler son budget 2020. « Le budget prévoyait déjà un financement externe de 8 milliards de dinars, soit un peu plus de 2,5 milliards d’euros. Je pense que ce chiffre-là va au moins doubler », a déclaré M. Fakhfakh dans un entretien à la chaîne internationale « France 24 ».
« Nous sommes en train de voir toutes les pistes aussi bien au niveau international que national », a-t-il ajouté.
Le FMI a lui annoncé début avril un prêt d’urgence à la Tunisie de 745 millions de dollars (685 milliards d’euros), estimant que le PIB du pays pourrait connaître une contraction de 4,3% en 2020, la pire depuis 1956.