Migration clandestine: 42 200 entrées irrégulières dans l’UE par la Méditerranée centrale depuis début 2023 (Frontex)
Le nombre d’entrées irrégulières dans l’Union européenne (UE) par la Méditerranée centrale, entre janvier et avril 2023, a augmenté de près de 300% par rapport à la même période en 2022, soit 42 200 entrées illégales, a rapporté vendredi le quotidien français, « Le Figaro ».
Du jamais vu selon Hans Leijtens, chef de l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex), cité par Le Figaro. Il a indiqué que ces entrées illégales représentent un peu plus de la moitié des 80 700 entrées irrégulières dans l’UE enregistrées jusqu’à présent cette année.
Hans Leijtens a affirmé : « Surtout depuis la Tunisie, nous constatons en ce moment une croissance de 1100% par rapport à l’année dernière ».
Par voie de communiqué repris par Le Figaro, Frontex a précisé vendredi que le nombre de passages par la Méditerranée centrale est le plus élevé depuis que l’agence a commencé à collecter des données en 2009.
Selon le patron de Frontex, cette augmentation inédite est due au changement de mode opératoire des passeurs, et au prix plus bas de la traversée clandestine.
« Ils utilisent actuellement de petites embarcations de fortune en métal qui peuvent être produites sur la plage en une journée, 24 heures », et qui coûte environ 1000 euros (1086 dollars), a fait savoir Hans Leijtens.
« Les prix plus bas signifient qu’ils ont besoin de volumes plus importants. Il y a donc une raison pour eux de pousser davantage. Cela peut également expliquer les chiffres actuels », a-t-il soutenu.
Le chef de Frontex a expliqué en ce sens que les passeurs sont de plus en plus organisés et se font concurrence « sans avoir de problèmes avec les pertes humaines ». Selon Hans Leijtens, un bateau a été coulé par des concurrents dans au moins un cas.
Le Figaro souligne que des ONG des droits humains, dont Human Rights Watch, avaient accusé Frontex d’être complice des abus contre les migrants en Libye et de collaborer avec les autorités libyennes pour intercepter les embarcations.
À ce propos Hans Leijtens a infirmé toute coopération avec la Libye. Il a rejeté les accusations selon lesquelles Frontex encourageait les refoulements en informant les autorités des lieux où se trouvent les embarcations dans les zones de recherche et de sauvetage européennes.
Une mission d’enquête de l’Onu avait alerté que les migrants bloqués en Libye en tentant de rallier l’Europe sont systématiquement torturés et contraints à l’esclavage sexuel.
« Ce que nous faisons, c’est seulement lorsqu’un navire est en détresse, nous diffusons l’appel de détresse et il est également reçu par les autorités libyennes et tunisiennes », a-t-il affirmé. « Si le centre de coordination convient que ce sera la garde côtière libyenne qui effectuera la recherche et le sauvetage, ils navigueront et sauveront des vies. Le refoulement est quelque chose de complètement différent », a déclaré Hans Leijtens, selon le quotidien français.
« Nous sommes – et cela peut sembler un peu dur – indifférents à qui sauve des vies tant qu’elles sont sauvées (…) Et bien sûr, on espère qu’ils ne finiront pas dans les camps décrits dans les rapports de l’ONU. Et cela représente pour nous professionnellement un véritable dilemme », a-t-il ajouté.