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Migration UE-Maroc : vers une redéfinition de la coopération euro-méditerranéenne

Le 7 avril prochain, le Parlement européen se penchera de manière approfondie sur l’un des piliers de sa politique migratoire extérieure : la coopération avec le Maroc. À l’occasion d’une réunion du Comité des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE), les députés européens engageront un débat crucial sur les partenariats migratoires noués avec Rabat, dans un contexte où l’Union européenne s’efforce de remodeler en profondeur sa gestion des flux migratoires.

Cette séance s’annonce d’autant plus significative qu’elle accueillera l’intervention du commissaire européen chargé des affaires intérieures et de la migration, Magnus Brunner, appelé à exposer la vision de la Commission sur l’avenir de cette coopération. Un projet législatif de grande ampleur, référencé sous le code 2025/0059(COD) et COM(2025)0101, y sera également présenté. Il vise à instaurer un nouveau régime commun de retour des ressortissants de pays tiers en situation irrégulière, en remplacement de la directive 2008/115/CE, aujourd’hui jugée obsolète face à l’évolution des dynamiques migratoires.

Le Maroc, de par sa position géographique stratégique à la lisière de la Méditerranée occidentale, joue depuis plusieurs années un rôle de partenaire incontournable dans le contrôle des migrations à destination de l’Europe, en particulier vers l’Espagne. Rabat s’est progressivement imposé comme un acteur central dans la surveillance des frontières et la lutte contre les réseaux de migration irrégulière, ce qui lui vaut une place privilégiée dans les dispositifs de coopération bilatérale mis en place par Bruxelles.

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Mais au-delà de la simple gestion des flux, ce partenariat est appelé à évoluer. L’Union européenne, soucieuse de renforcer l’efficacité de ses politiques migratoires, envisage une révision des accords existants, accompagnée d’une possible réévaluation de l’enveloppe financière et des moyens opérationnels consacrés à la coopération avec le Maroc. Il s’agit, pour Bruxelles, de réaffirmer la nécessité d’une solidarité partagée dans la gestion des retours et des réadmissions, tout en garantissant un respect strict des droits fondamentaux.

Ce débat s’inscrit dans une séquence plus large de refonte du cadre migratoire européen, qui inclut également une mise à jour du Code des visas – notamment à travers l’article 25a – et un suivi renforcé des accords de réadmission. Le directeur général adjoint des affaires intérieures, Johannes Luchner, interviendra également lors de cette session pour éclairer les discussions sur ces volets techniques mais déterminants de la stratégie migratoire européenne.

En toile de fond, c’est la crédibilité même de la politique migratoire de l’Union qui est en jeu. Alors que les pressions migratoires demeurent constantes et que les opinions publiques européennes s’interrogent sur la capacité de l’Europe à maîtriser ses frontières extérieures, les relations avec des partenaires clefs comme le Maroc revêtent une importance capitale. La redéfinition attendue de ce partenariat pourrait ainsi marquer une étape décisive dans la construction d’une gouvernance migratoire plus cohérente, plus équilibrée, et surtout plus adaptée aux réalités du terrain.

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