Mohammed Abdeljalil face à la grogne des transporteurs
Le secteur du transport routier de marchandises est en ébullition depuis que le gouvernement a décidé de réviser le décret 2.03.169 relatif au transfert des marchandises à des tiers, notamment vers le compte privé. Cette mesure, qui vise à lutter contre la fraude fiscale et à renforcer le contrôle des opérations de transport, a suscité la colère et l’inquiétude des professionnels, qui craignent pour la pérennité de leurs activités et de leurs emplois.
Face à cette situation, le ministre du Transport et de la Logistique, Mohammed Abdeljalil, a réagi en convoquant, lundi 12 février 2023, une réunion d’urgence avec la Coordination Syndicale Nationale du secteur du Transport Routier de Marchandises, qui regroupe les principales organisations représentatives des transporteurs. L’objectif de cette rencontre était de discuter du projet de décret et de trouver un terrain d’entente entre les parties prenantes.
Selon plusieurs sources, le ministre a écouté attentivement les doléances des professionnels, qui ont exprimé leur rejet du projet de décret, qu’ils jugent menaçant et nuisible pour le secteur. Ils ont notamment dénoncé les conditions d’accès à la profession, qu’ils estiment trop restrictives et discriminatoires, comme la capacité financière, qui exige un capital minimum de 500 000 dirhams pour les personnes physiques et de 1 000 000 de dirhams pour les personnes morales. Ils ont également critiqué le contenu du code de l’honneur, qui prévoit des sanctions pénales pour les transporteurs en cas d’infractions ou d’accidents de la route.
Les professionnels ont également revendiqué la régularisation du statut des camions dont le poids total chargé se situe entre 3,5 tonnes et 19 tonnes, qui sont actuellement soumis à la réglementation des véhicules utilitaires légers, alors qu’ils assurent des opérations de transport de marchandises. Ils ont aussi demandé la détermination du chargement légal des camions à la source, afin d’éviter les surcharges qui nuisent à la sécurité routière et à l’environnement. Enfin, ils ont plaidé pour le plafonnement du prix du carburant, qui représente une part importante de leurs coûts d’exploitation.
Le ministre, de son côté, a tenté de rassurer les professionnels, en affirmant que le projet de décret n’avait pas pour but de nuire au secteur, mais de l’organiser et de le moderniser, conformément aux orientations stratégiques du gouvernement. Il a souligné que le projet de décret visait à assurer la transparence et la traçabilité des opérations de transport, à lutter contre la concurrence déloyale et le travail informel, à améliorer la qualité du service et la satisfaction des clients, et à renforcer la sécurité routière et la protection de l’environnement.
Le ministre a également indiqué qu’il était disposé à examiner les propositions des professionnels, dans le cadre d’un dialogue constructif et responsable, et à apporter les amendements nécessaires au projet de décret, dans le respect de l’intérêt général et de la législation en vigueur. Il a appelé les professionnels à faire preuve de compréhension et de sagesse, et à éviter toute escalade ou action de protestation qui pourrait perturber le secteur et nuire à l’économie nationale.
La réunion s’est terminée sur une note positive, avec la volonté affichée des deux parties de poursuivre les discussions et de parvenir à un consensus. Une commission mixte, composée de représentants du ministère et des syndicats, a été mise en place pour examiner les points de divergence et proposer des solutions. La commission devra rendre son rapport dans un délai de deux semaines, avant la présentation du projet de décret au Conseil du gouvernement.