Moudawana : Abedlilah Benkirane ne décolère pas

H.M

Habitué aux déclarations choc et autres joutes verbales, Abedlilah Benkirane, secrétaire général du parti de la Justice et du Développement (PJD) ne s’est pas fait prier pour décocher une flèche sur la réforme du code de la famille marocain. Lors d’une réunion de son parti samedi dernier, Benkirane a notamment déclaré que la modification du code de la famille dessert les intérêts des femmes plus qu’elle ne les sert.

Fidèle à son style tonitruant, l’homme fort du PJD a affirmé son opposition nette avec plusieurs modifications proposées.

Ainsi, une proposition comme l’exclusion de la maison conjugale de l’héritage, ne passe pas pour l’intéressé, arguant que les héritiers seront privés de leur droit légitime puisque « Ce sont des droits établis par Allah » et que « nous n’aurions pas dû y toucher ».

Le SG du PJD y voit ainsi une menace directe au droit successoral tel que défini par l’Islam et a appelé à une clarification claire par l’Instance chargée de la révision du Code de la Famille, rappelant au passage que cette proposition a été rejetée par les érudits, qui la considèrent en opposition aux textes religieux bien établis.

Dans cette allocution qui se tenait dans le cadre d’une réunion de l’exécutif du parti de la lampe, Benkirane a également estimé que la proposition d’inclure le travail de l’épouse dans l’héritage est incompréhensible, et que si ce projet était adopté au Maroc, cela ferait du pays un cas unique au monde, ce qui entraînerait, selon lui, un désintérêt des jeunes pour le mariage, une situation très inquiétante selon lui.

Le Secrétaire général du PJD n’a pas manqué par ailleurs de dégainer comme à sa coutume des phrases destinées à marquer les esprits : « Il y a une volonté de détruire la base légale et divine de la famille » a-t-il affirmé, estimant que la société marocaine était aujourd’hui menacée dans sa cohésion et sa stabilité.

Ce n’est pas sans rappeler sa précédente sortie lorsque s’exprimant sur le même sujet, il avait évoqué Habib Bourguiba en soutenant que « son règne était connu pour avoir défié la loi divine en interdisant la polygamie » ce qui explique « la situation actuelle en Tunisie, et dans d’autres pays comme l’Irak et la Syrie » dans un état de ruine.

Des déclarations fortes en images, empreintes de populisme qui ont la force de puiser à la fois dans une logique qui semble parfois implacable et paradoxalement dans la subjectivité puisqu’il invoque un champ lexical du sacré et du châtiment divin.

Avec ses déclarations et ses analyses, l’ancien chef du gouvernement continue donc dans sa lancée : celle de s’ériger comme le garant du conservatisme au Maroc en s’opposant à la vision libérale et moderniste qu’arrive difficilement à incarner le gouvernement.

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