Moudawana: Ouahbi veut libérer la Marocaine d’une certaine « mentalité »
Le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, se heurte de plus en plus à la résistance du mouvement conservateur du pays lors de la réforme du droit de la famille.
Abdellatif Ouahbi veut réformer le droit de la famille (Moudawana) au Maroc afin d’améliorer la position des femmes, mais les conservateurs seraient « résistants à l’égalité des sexes ». Ouahbi a fait cette annonce, les 19 et 20 mai 2023, lors d’une conférence organisée par les femmes de son parti, le Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM).
Ouahbi, qui est également présidente du PAM, estime que l’histoire, la logique, la religion et la raison n’acceptent plus la normalisation de l’exclusion et de la marginalisation vécues par les femmes dans divers domaines. Entre autres choses, il a mentionné le mariage des enfants, le décrochage scolaire, la violence sexiste, l’analphabétisme, la garde des enfants, la pauvreté et une faible présence dans la politique et l’économie comme problèmes auxquels les femmes marocaines sont confrontées.
Selon Ouahbi, « le temps des plaintes est révolu » et « il faut agir maintenant » pour faire de la femme un « partenaire essentiel et réel » du développement du pays. Il a déclaré que son parti porte l’entière responsabilité avec ses partenaires gouvernementaux de prendre et de mettre en œuvre d’éventuelles mesures pour changer le statut des femmes.
Il a souligné que trois approches sont nécessaires pour mettre en œuvre le projet de société moderniste prôné par son parti : une volonté politique sincère, de la clarté pour affronter les « mentalités obsolètes » et du courage pour réformer la législation.
S’adressant aux femmes de son parti, Ouahbi a déclaré que le PAM au sein du gouvernement est très enthousiaste à l’idée de mener à bien son projet de société moderniste convenu dans le cadre du programme gouvernemental.
Il a ajouté que les orientations réformatrices de son parti sur les droits des femmes ne peuvent se faire que dans le cadre du dialogue et du partenariat, du plein respect de la compétence des institutions constitutionnelles et du plein attachement aux différentes constantes constitutionnelles du pays. Il a évoqué le Parti de la justice et du développement (PJD) et le mouvement conservateur du pays, qui s’opposent à Ouahbi et à ses intentions.
Ouahbi a déclaré qu’il mènerait ses projets de réforme « avec audace et courage » d’une manière qui préserve le leadership et la spécificité du Maroc. Il a déclaré qu’on ne peut pas construire un État moderne sans une véritable justice pour les femmes, car c’est un « devoir national qui n’entre pas en conflit avec sa vraie religion ».
Les déclarations de Ouahbi risquent d’alimenter la querelle avec le PJD et son président Abdelilah Benkirane. L’ancien chef de gouvernement a souvent critiqué Ouahbi pour le droit de la famille et ses efforts pour dépénaliser les relations sexuelles consensuelles avant le mariage, par exemple.
Benkirane l’a récemment accusé d’encourager l’indécence dans la société.