Nestlé, plongé dans un scandale à cause de ses produits pour bébé
Nestlé serait accusé d’ajouter du sucre dans ses préparations pour bébés vendues en Afrique. Une enquête publiée en avril 2024 révèle qu’une portion de céréales pour bébés Nestlé contiendrait environ un cube et demi de sucre dans certains pays, tandis qu’en Suisse, siège de Nestlé, ces produits sont commercialisés sans sucre ajouté.
Un scandale sanitaire semble entacher la réputation de la firme agroalimentaire. Selon l’enquête menée par l’ONG suisse Public Eye et le Réseau international d’action pour l’alimentation infantile (IBFAN), les préparations de Nestlé destinées aux bébés en Afrique, vendues dans les pays à revenus faibles et moyens, contiendraient des niveaux de sucre préoccupants.
De plus, Nestlé, leader mondial des biens de consommation, est actuellement critiqué pour avoir intégré du sucre et du miel dans ses formules de lait et ses céréales pour bébés commercialisés en Afrique. L’enquête indique que, bien que l’entreprise respecte les restrictions de commercialisation en Europe, elle tirerait avantage de la faiblesse des réglementations dans les pays à revenus faibles et moyens.
Les chercheurs ont analysé environ 150 produits et ont découvert que le lait maternisé vendu sans sucre ajouté en Suisse, en Allemagne, en France et au Royaume-Uni, contenait des niveaux de sucre élevés dans des pays comme les Philippines, l’Afrique du Sud et la Thaïlande. Nigel Rollins, scientifique à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), a qualifié cette situation de « deux poids deux mesures« .
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Dans le contexte africain, où le contrôle réglementaire est souvent moins strict, les grandes entreprises alimentaires sont fréquemment accusées d’adapter leurs recettes sans tenir compte de la santé publique. Par exemple, l’ajout de sucre dans les produits pour enfants est une pratique qui inquiète en termes de santé nutritionnelle.
Le nombre d’enfants obèses en Afrique a presque doublé en vingt ans. Selon le rapport de 2017 du Malabo Montpellier Panel et une étude de l’OMS de 2022, l’obésité infantile est en hausse sur le continent. En 2019, l’Afrique comptait 24 % des enfants de moins de 5 ans en surpoids dans le monde, et l’OMS prévoit que la prévalence de l’obésité chez les enfants dans les 10 pays les plus touchés variera entre 5 % et 16,5 %.
L’absence de directives strictes et uniformes permet aux multinationales de modifier leurs compositions, parfois au détriment des normes nutritionnelles recommandées dans les régions plus réglementées. Le rapport de Public Eye révèle que des produits Nestlé tels que Nido et Cerelac contiennent des ajouts de sucre ou de miel. Ces produits, destinés aux enfants de six mois à deux ans, autrement dit, lors d’une période cruciale pour le développement de bonnes habitudes alimentaires.
Une addiction nocive pour les produits sucrés qui durera tout au long de la vie
Nestlé détient 20 % du marché mondial des préparations pour bébés, avec 15 millions de bébés dépendant de ses produits, selon le directeur de la nutrition de l’entreprise en 2020. Les céréales de blé Cerelac et le lait en poudre Nido sont les marques les plus vendues au monde, avec des ventes dépassant les 2 milliards d’euros en 2022, d’après Euromonitor.
Public Eye, par le biais de son étude, montre une nette différence entre les formulations des produits destinés aux marchés européens et ceux distribués en Afrique. En Europe, les formules pour enfants ne contiennent généralement pas de sucre ajouté, conformément aux directives visant à combattre l’obésité et les maladies chroniques. En revanche, en Afrique, les produits similaires de Nestlé comprennent des sucres ajoutés, ce qui peut contribuer aux problèmes de surpoids chez les jeunes enfants.
Une pratique préoccupante rendant les jeunes encore plus vulnérables aux défis de l’obésité et de la malnutrition.
En parallèle, ces découvertes soulèvent des questions importantes quant à la responsabilité des géants de l’alimentation de respecter des normes élevées partout où ils opèrent.
Alerté par ces résultats mis récemment en lumière, des observateurs décrient ces agissements opérés en Afrique, en Asie et en Amérique Latine.
Invoquant une approche globale qui nécessite une révision catégorique pour assurer la protection et le bien-être des enfants à travers le monde, ces derniers appellent Nestlé à éliminer les doubles standards en cessant l’ajout de sucre dans tous ses produits destinés aux enfants de moins de trois ans, indépendamment de la région.