Le nombre de migrants morts en Méditerranée pourrait atteindre 5.000 personnes en 2016
Le nombre de migrants morts en Méditerranée pourrait atteindre d’ici fin 2016 les 5.000 personnes, a indiqué vendredi le Haut-commissaire des Nations unies pour les réfugies (HCR), Filippo Grandi, appelant l’Europe « à réformer son système d’accueil des migrants ».
Lors d’une session dédiée à la question migratoire, programmée dans le cadre du 2è Forum « Med-Mediterranean Dialogues », qui se tient à Rome, M. Grandi a fait observer que l’accord conclu avec la Turquie sur l’immigration ne constitue pas « une véritable solution » en la matière.
Le HCR propose une approche différente dans ce domaine, qui se base sur le fait de « ne pas considérer la crise migratoire comme une crise européenne, mais comme une crise globale dans laquelle l’UE peut jouer un rôle de leader », a-t-il ajouté.
Ainsi, a-t-il poursuivi, « nous suggérons entre autres d’améliorer la prévention en matière de flux migratoires vers l’Europe qui doit jouer un rôle politique plus déterminant pour la solution des conflits et la gestion de la question migratoire au sein des pays d’origine ».
Traitant du même thème, le vice-ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Yildiz, a de son côté estime que l’accord signé entre son pays et l’UE « profite à tous » et « fonctionne bien ».
Au sujet de l’afflux de réfugiés de la Syrie et de l’Irak vers la Turquie, M. Yildiz a affirmé que son pays maintiendra ouvertes les frontières avec ces deux pays, soulignant qu’Ankara s’attend à une nouvelle vague de réfugiés en provenance d’Alep. « Nous cherchons à gérer la question migratoire avec un sens de responsabilité et d’humanité », a-t-il dit, estimant que son pays « est surpris par la brutalité du régime de Damas envers le peuple syrien ».
Les intervenants lors de cette session ont été unanimes quant à la nécessité d’une « approche multidimensionnelle » pour lutter contre l’immigration illégale, source de maux aussi bien pour les pays du Sud que du Nord.
En marge de cette session, la question migratoire a été également au centre d’un entretien entre le chef de la diplomatie italien, Paolo Gentiloni, et son homologue soudanais Ibrahim A. Ghandour qui assiste aux travaux de la conférence.
« L’Italie veut renforcer sa coopération avec le Soudan, qui accueille plus de 2 millions de réfugiés », a déclaré M. Gentiloni qui a réaffirmé la disponibilité de son pays à « un dialogue constructif » avec le Soudan afin que ce pays puisse favoriser une détente de ses relations avec la communauté internationale.
Par ailleurs, des experts italiens affirment que si les statistiques des Organisations internationales se confirment au sujet des personnes décédées en Méditerranée depuis le début de l’année alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Europe, un autre record sera battu en 2016 après celui des arrivées sur les côtes italiennes.
Un total de 171.299 migrants sont arrivés depuis le premier janvier jusqu’à 28 novembre sur les côtes italiennes, selon des statistiques publiées par le ministère italien de l’Intérieur. Outre la crise migratoire, ce 2è forum initiée sous le thème « Med Dialogues : au-delà de la confusion, un agenda positif » accorde un intérêt particulier au développement de la crise syrienne et la situation « chaotique » en Libye ainsi qu’à l’insécurité que traverse toute la région sur fond de menace terroriste.
Organisée par le ministère italien des Affaires étrangères en collaboration avec l’Institut italien pour les études politiques internationales (ISPI), cette conférence sera clôturée samedi par un discours du chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, dont l’avenir politique dépend de l’issue, dimanche, du référendum sur une réforme constitutionnelle, jugé à haut risque.