Nos partis politiques ou bonnet blanc et blanc bonnet
Qu’on pose une simple question à nos concitoyens : Qu’éprouvent-ils en pensant à la politique ? « De la méfiance », n’hésiteront-ils pas à répondre.
Aujourd’hui, à deux mois de la date fatidique, au cœur du magma de la scène politique, la pression s’intensifie mais ne nous sort toujours pas de l’impasse et de la léthargie politique qui dure depuis fort longtemps. A la veille des élections législatives, les habitués aux campagnes électorales sont de nouveau sur la ligne de départ. C’est dire que l’on a tendance à omettre que le nerf de la guerre est l’existence de leurs partis d’où l’éternel recommencement. Et le spectacle qui s’offre à nous est flou tellement les scénarios politiques qu’on peut encore imaginer au milieu du tintamarre et de la cacophonie ambiante se ressemblent et s’entremêlent, nous rappelant à nos frustrations et à nos déceptions.
Or « Il faut que tout change pour que rien ne change finalement » ! Les mêmes partis politiques s’accaparent le champ, les mêmes candidats entament leur danse et c’est pour qui mieux mieux. Des formations politiques se décomposent, s’effritent et se construisent en dehors de toute logique faisant fi de mémoire mais les citoyens, eux, n’oublient pas qu’ils ont perdu toute confiance surtout en des dirigeants de certains partis politiques dont le passé compromettant est là en filigrane.
Pourtant, l’enjeu est de taille : Le monde entier prépare son post-pandémie ; et si le Maroc ne saisit pas la balle à la volée, s’il ne change pas tous ses paradigmes pour relancer l’économie et réussir son post-Covid, nous risquons de traîner des conséquences collatérales pour les années à venir. Sauf que notre pays ne pourra pas avancer, malheureusement, avec les mêmes visages au gouvernail. Nous avons besoin, plus que jamais, de nouveaux leaders et de nouveaux programmes afin de mener le Maroc vers le développement. Le pays a besoin de femmes et d’hommes politiques engagés et conscients de leur devoir de faire de l’intérêt du pays leur priorité et non une passerelle ou un tremplin. Nous avons besoin, plus que jamais, de partis politiques dotés d’un projet de société qui répond aux attentes des citoyens, qui portent un programme structurant et une vision stratégique et non des idéologies. Faut-il pour cela rappeler que le pays a de nouvelles urgences nationales, régionales et internationales qu’il doit prendre en considération pour faire face à des défis locaux, sociaux, économiques et les autres, extérieurs, -notamment le dossier du Sahara marocain, les relations en dent de scie avec l’Espagne et l’Allemagne ? Bref, Le Maroc a besoin, en cette phase critique, de partis politiques qui constituent une force et un bloc pour présenter des candidats à la hauteur du moment et des défis.
Mais au lieu de cela, nous avons droit à des visages qui sont là depuis des années et qui, à quelques exceptions près, sont devenus synonymes de politiques publiques créatrices de déséquilibres économiques et sociaux, de services publics défaillants, de marché d’emploi verrouillé, de stagnation des revenus, de pression fiscale, d’’accès au logement très difficile voire impossible, de recours coûteux au secteur privé pour l’enseignement et la santé, d’un niveau faible de création d’emplois au moment où la population en âge de travailler augmente de façon considérable, bref d’un malaise social qui fait que le mal-être s’est installé.
De quoi désespérer le plus patient et le plus vaillant des Marocains qui aspirent à un Maroc meilleur et qui vivent, avec amertume, leurs déceptions vécues à redondance et subies par des partis politiques faits à chaux et à sable, qui jouent chacun pour lui mettant toute forme de gouvernance en dehors de leurs priorités.
A notre grand malheur, pas une ombre de changement auquel on aspirait, pas d’air de renouveau ! Doit-on alors espérer de meilleurs scénarios pour le pays ? Comment espérer un changement quand des chefs de partis s’agrippent aux leviers de commande, pendant des dizaines d’années, se servant de leurs postes sans servir le pays ? L’échiquier politique national ne respecte plus les règles du jeu qui donnaient du sens à la politique et aux positions partisanes.
Au mieux, certains quittent leur navire et optent pour la voie la plus aisée, celle de migrer vers d’autres formations politiques en vue d’avoir un meilleur positionnement leur donnant accès aux décisions qui leur permettraient d’orienter leurs propres intérêts. Versatilité, transhumance ou opportunisme politicien ? De toute façon, plus personne ne fait plus confiance à personne, c’est la cautèle généralisée.
Et le moins que l’on puisse dire est que le cirque, marqué par une agitation cacophonique au sein des partis politiques pris dans les volutes des attaques et des clashs qu’ils s’envoient les uns les autres, est plutôt assommant pour les citoyens qui ne sont plus que des spectateurs passifs et qui sont, désormais, persuadés que voter ne sert finalement que les mêmes qui ne sont là que pour se servir. En effet, si l’on est bien convaincu que le changement ne peut s’opérer qu’à travers les urnes, le doute mêlé à la frustration des Marocains
Bien entendu, nous sommes bien conscients que voter est un devoir avant qu’il ne soit un droit. Toutefois, nous sommes convaincus aussi que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Il ne faut plus se voiler la face : l’électorat marocain est plus que jamais désarçonné et surtout dégoûté par cette politique de l’absurde qu’on lui fait subir sans pudeur aucune. Les Marocains, soucieux du devenir du pays, se rongent les ongles se préparant d’emblée à une énième désillusion.
Sinon attendons-nous à l’évidence du destin politique qui sera le nôtre : À partis incapables de mobiliser les citoyens, électeurs absents.
La politique n’est plus que le cadavre d’elle-même dans notre cher Maroc.