Obama exhorte l’Amérique à porter « Hillary » vers la victoire
Barack Obama a exhorté, mercredi, à Philadelphie ses compatriotes à propulser Hillary Clinton à la Maison Blanche, jugeant que la nature même de la démocratie américaine était en jeu lors de l’élection présidentielle de novembre.
Dénonçant le véritable danger que représente à ses yeux le républicain Donald Trump, qui se pose en « sauveur auto-proclamé » du pays, le président des Etats-Unis a loué la solide expérience de son ancienne chef de la diplomatie. Sous des applaudissements assourdissants, le premier président noir de l’histoire des Etats-Unis a dit vouloir passer le relais à « Hillary » qui pourrait devenir, le 20 janvier 2017, la première femme de l’histoire à accéder à la Maison Blanche. « Je peux dire en toute confiance que jamais un homme ou une femme n’a été aussi qualifié qu’Hillary Clinton pour la présidence des Etats-Unis d’Amérique », a lancé le 44e président des Etats-Unis, qui quittera le pouvoir dans six mois, à 55 ans.
Une immense clameur s’est élevée quand la candidate, qui fut il y a huit ans sa rivale, l’a rejoint sur scène en fin de discours. Les deux alliés se sont serrés dans les bras et ont joint leurs mains dans un geste d’unité. « Et je vous le promets, notre force, notre grandeur ne dépendent pas de Donald Trump . Nous ne voulons pas d’un souverain », a-t-il ajouté, jugeant que le scrutin à venir ne se résumait pas à l’affrontement classique droite/gauche mais représentait « un choix plus fondamental ».
Ce discours de 45 minutes, suivi en direct par des dizaines de millions d’Américains, avait une saveur particulière pour Barack Obama. Il faisait écho à celui prononcé, il y a 12 ans jour pour jour, à Boston, lors d’une convention qui allait le propulser sur le devant de la scène politique américaine.
Désireux de marquer le contraste avec le discours sombre et anxiogène prononcé, la semaine dernière, à Cleveland par Donald Trump, il a voulu offrir une autre vision de son pays: « L’Amérique que je connais est pleine de courage, d’optimisme et d’ingéniosité« .
« Tous ceux qui menacent nos valeurs, qu’ils soient fascistes, communistes, jihadistes ou démagogues finiront toujours par échouer », a-t-il dit.
Reconnaissant en creux les critiques dont fait l’objet Hillary Clinton, souvent jugée trop calculatrice, trop froide, voire trop opportuniste, il a appelé tous les démocrates à se mobiliser le 8 novembre, même « s’ils ne sont pas d’accord avec elle sur tout ». « Je sais qu’Hillary n’arrêtera pas tant que l’EI ne sera pas détruit. Elle ira jusqu’au bout de la mission, et elle le fera sans recourir à la torture et sans interdire à des religions entières d’entrer sur notre territoire ». « Elle est prête pour le poste de commandante en chef« , a-t-il conclu, à la veille du discours de l’ancienne première dame qui acceptera formellement sa nomination comme candidate démocrate.
Peu avant, le vice-président Joe Biden, qui avait, un temps, caressé l’idée de se présenter face à elle aux primaires démocrates, avait insisté sur le symbole que représenterait « pour nos filles et nos petites-filles« , l’arrivée d’Hillary Clinton dans le bureau ovale. La place des armes dans la société américaine a fait irruption dans la soirée lorsque, Christine Leinonen, mère de Christopher, tué avec 48 autres personnes dans un club gay d’Orlando, a livré un témoignage poignant qui a installé un silence de plomb dans l’immense salle omnisports de « Philly ».
Avant Barack Obama, les intervenants avaient, un à un à la tribune, mis en garde, sur des tonalités différentes, contre l’élection du milliardaire populiste, « escroc haineux » selon chef de file des démocrates au Sénat Harry Reid. « Au diable le cauchemar américain de Trump, nous croyons au rêve américain ! » a lancé l’ancien gouverneur du Maryland, Martin O’Malley, candidat malheureux aux primaires.
L’actrice Sigourney Weaver a stigmatisé un candidat qui ignore « les faits et la science », refusant obstinément de reconnaître la réalité du changement climatique. Le sénateur Tim Kaine, candidat à la vice-présidence, a résumé les critiques en une formule ciselée: « Vous ne pouvez pas croire un seul mot qui sort de la bouche de Donald Trump. Notre pays est trop grand pour être confié à un beau parleur aux promesses creuses, un bulldozer adepte de l’auto-promotion ».
Après son discours de jeudi, la candidate de 68 ans, qui touche enfin au but après avoir essuyé une défaite lors des primaires contre Barack Obama en 2008, retrouvera vendredi le rythme de la campagne. Accompagnée de son colistier, elle voyagera à bord d’un autocar qui la mènera à Harrisburg, Pittsburgh, Youngstown et Columbus, dans les Etats de Pennsylvanie et de l’Ohio, cruciaux dans la course à la présidence.