Oléagineux : la feuille de route « Al Jayl Al Akhdar » pour minimiser les impacts de la pandémie
Bachir Abdallah
Malgré les impacts de la pandémie, la filière des oléagineux s’est redéfinie de nouveaux objectifs dans le cadre de la nouvelle feuille de route dénommée « Al Jayl Al Akhdar ». A l’horizon 2030, les superficies devraient s’étendre à 80.000 hectares dont 50.000 ha pour le tournesol et 30.000 pour le colza. Cette production devrait couvrir à terme 15% des besoins du marché marocain contre seulement une couverture de 1,7% en 2019. Cependant, depuis quelque temps le secteur connaît une baisse de production due justement à la réduction des surfaces.
Malgré plusieurs variétés de cultures destinées à la filière oléagineuse, la culture du colza s’impose comme la principale de la filière au Maroc. Plusieurs recherches en matière d’amélioration génétique et culturelle du colza ont été menées pour le développement de cette culture, d’où la réintroduction du colza au Maroc (région de Casablanca-Settat) conformément aux objectifs du Plan Maroc Vert et aux dispositifs du contrat programme.
Cependant, au vu du contexte marqué par la pandémie avec l’inflation grandissante, le FMI estime qu’en 2020, le taux d’inflation moyen au Maroc était estimé à environ 0,6% par rapport à l’année précédente. Pour 2021, le taux d’inflation du Maroc devrait être d’environ 1,4 % par rapport à l’année précédente. La statistique montre le taux d’inflation moyen au Maroc de 1980 à 2020, avec des projections jusqu’en 2026.
Le taux d’inflation reflète les variations du coût d’un panier spécifié de biens et de services. Il est dérivé de l’indice des prix à la consommation (IPC).
Pour l’ensemble de l’année 2020, l’économie nationale afficherait donc une évolution négative de 6,6%, avec une valeur ajoutée agricole en baisse de 5,3% et une valeur ajoutée non agricole de 6,6%, avait estimé Bank Al Maghrib, lors de son conseil d’administration en décembre 2020. Depuis cette date, le spectre d’une économie hyper sensible, prête à tanguer à tout mouvement plane.
À moyen terme, BAM avait prévu que grâce principalement à l’amélioration des revenus des ménages et aux mesures de soutien à l’investissement, la croissance de l’activité non agricole devrait atteindre 3,3 % en 2021 et se stabiliser à 3,6 % en 2022. Avec une récolte céréalière annuelle de 75 millions de quintaux, la valeur ajoutée agricole augmenterait de 13,8% en 2021 et de 2% en 2022.
Globalement, Bank Al Maghrib prévoit une reprise de la croissance à 4,7% en 2021 et une stabilisation à 3,5% en 2022. Ce scénario reste soumis à un niveau d’incertitude élevé, mais les développements récents, parmi lesquels notamment l’initiative de vaccination à grande échelle contre le Covid-19 à niveau national, mais aussi dans plusieurs pays partenaires, et la mise en place d’un fonds d’investissement stratégique, indiquent que la balance des risques peut s’améliorer
Les ambitions demeurent intactes
Dans la continuité du Plan Maroc Vert, le ministère de l’Agriculture informe que la stratégie Génération Green ambitionne d’atteindre 80.000 hectares d’oléagineux : colza (30.000 ha) et tournesol (50.000 ha) à l’horizon 2030. In fine, cela permettra de couvrir 15% des besoins du marché marocain contre seulement une couverture de 1,7% en 2019.
Axe majeur de Génération Green, le soutien à l’entrepreneuriat des jeunes dans les services agricoles et para-agricoles devrait aboutir à la création de 170.000 emplois dans ces domaines et renforcer notamment les dispositifs de conseil, l’accès aux intrants, la collecte et la commercialisation des graines.
Les turbulences du marché
Le prix des oléagineux (graines, huiles, tourteaux) a enregistré une forte hausse au début du deuxième semestre de 2020 en quelque parti à cause de la pandémie, atteignant leur niveau le plus haut depuis 2014 ; le cours du soja ayant augmenté de 80% et celui du tournesol de 90%.
Cette tendance haussière a eu un impact direct sur les coûts des importations au Maroc. En effet, le royaume a des besoins moyens de 1.080.000 tonnes de tourteaux et 756.000 tonnes d’huiles de graines majoritairement satisfaits par des importations. Dès lors, la hausse des prix des oléagineux pourrait représenter un coût supplémentaire de plus de 3 milliards de dirhams pour la balance commerciale.
Face à cette situation, l’interprofession marocaine (Folea) et soutenue par le programme Maghreb Oléagineux, cofinancé par l’Union européenne et Terres Univia, prône l’autonomie en huiles et protéines végétales et ce, par le biais de la production.