PAM : L’affaire Salah Eddine Aboulghali va-t-elle éclabousser le parti ?

Salah Eddine Aboulghali a été suspendu de ses responsabilités au sein du Parti Authenticité et Modernité (PAM), y compris de la direction collective et du bureau politique, selon un communiqué officiel. Son dossier a été transmis à la commission d’éthique du parti, responsable des questions disciplinaires internes. Cette décision repose sur un « rapport organisationnel contenant des plaintes privées sans lien direct avec les finances publiques ». Cependant, cette mesure soulève plusieurs interrogations : comment un différend personnel, sans rapport avec la gestion des affaires publiques, peut-il devenir une question cruciale pour un parti politique ? Et pourquoi cette affaire, qui semble relever de la sphère privée, est-elle considérée comme mettant en cause les valeurs fondamentales du PAM ?

Un communiqué officiel a révélé la décision de suspendre Salah Eddine Aboulghali de ses responsabilités au sein du Parti Authenticité et Modernité (PAM), y compris au sein de la direction collective et du bureau politique. Son dossier a été soumis à la commission d’éthique du parti, chargée de traiter les affaires disciplinaires internes. Cette décision s’appuie sur un « rapport organisationnel contenant des plaintes privées sans lien direct avec les finances publiques ».

Le fondement de cette suspension reste flou et trouble l’opinion publique. En effet, aucune condamnation judiciaire n’a été prononcée à l’encontre de Salah Eddine Aboulghali, en particulier pour des faits relevant de la gestion des fonds publics. Pourtant, le PAM a pris l’initiative de le sanctionner, une action qui semble disproportionnée dans un contexte où des preuves formelles sont encore absentes. Cette situation, marquée par un manque évident de transparence, alimente les suspicions d’un règlement de comptes politique déguisé sous des prétextes éthiques. Il n’est pas rare de voir ce type de manœuvres dans les partis politiques marocains, où les rivalités internes conduisent parfois à l’éviction de certains dirigeants.

Le gel de l’adhésion de Salah Eddine Aboulghali a provoqué une escalade des tensions au sein du parti. L’intéressé, furieux de cette décision, a menacé de recourir à la justice contre plusieurs figures importantes du PAM, parmi lesquelles Mehdi Bensaid, ministre de la Jeunesse et membre de la direction collective, ainsi qu’Ahmed Touizi, président du groupe parlementaire du parti à la Chambre des représentants. Ces derniers l’ont publiquement accusé d’escroquerie, jetant une ombre sur son intégrité.

Lors d’une conférence de presse, Mehdi Bensaid a pris la parole pour expliquer que le bureau politique avait reçu trois plaintes à caractère pénal contre Aboulghali, sans lien direct avec des malversations touchant les finances publiques. Ces accusations ont été prises très au sérieux par la direction du parti, qui a tenté de trouver une solution à l’amiable. Néanmoins, toutes les tentatives de médiation ont échoué en raison du refus catégorique d’Aboulghali. Face à ce blocage, Fatima Zahra Mansouri, coordinatrice de la direction collective, a alors présenté le dossier au bureau politique, qui a voté à l’unanimité pour suspendre Aboulghali, conformément à la charte éthique adoptée lors du dernier congrès du parti.

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Cette décision préventive visait, selon Bensaid, à protéger le parti de tout scandale qui pourrait affecter son image. Il a évoqué la fameuse affaire « Escobar du Sahara » pour illustrer le potentiel impact négatif de telles accusations criminelles sur la réputation du PAM. Bensaid a insisté sur le fait que, dans un souci de transparence, tous les membres du parti, qu’ils soient simples militants ou dirigeants, sont égaux devant la loi et doivent respecter les principes éthiques du parti.

De son côté, Ahmed Touizi a confirmé la gravité des accusations d’escroquerie et d’abus de confiance qui pèsent sur Aboulghali. Selon lui, il serait inconcevable pour un parti de maintenir un dirigeant dans ses fonctions si celui-ci fait l’objet de telles accusations. Touizi a précisé que le dossier a été transféré à la commission d’éthique, laquelle devra trancher sur cette affaire en toute impartialité. En attendant, Aboulghali a vu son adhésion suspendue, mais il n’a pas été expulsé du parti.

Face à ces accusations, Salah Eddine Aboulghali a riposté, dénonçant ce qu’il considère comme une campagne diffamatoire menée par certains dirigeants du parti. Selon lui, ces derniers se seraient arrogé les fonctions du parquet en le traitant publiquement d’escroc, puis celles de juge en le condamnant sans preuve. Il a menacé de porter plainte contre ceux qui ne retireront pas leurs accusations et n’exprimeront pas des excuses publiques. Il a également nié toute plainte officielle déposée contre lui auprès des autorités judiciaires compétentes, affirmant qu’une telle plainte aurait été rendue publique si elle existait réellement.

En parallèle, Aboulghali a pointé du doigt Fatima Zahra Mansouri, l’accusant d’avoir dissimulé certaines informations au bureau politique lors de la prise de décision le concernant. Selon lui, l’affaire à l’origine de cette suspension impliquerait davantage son frère, Abdel Samad, qui serait le véritable responsable d’une transaction immobilière douteuse portant sur un terrain familial de 9 hectares à Médiouna.

Mehdi Bensaid a toutefois réaffirmé que la décision de suspendre Aboulghali était difficile à prendre, mais nécessaire. Il a nié toute tentative de règlement de comptes personnel, précisant que Mansouri elle-même avait proposé Aboulghali pour la direction collective, ce qui rend improbable l’hypothèse d’un conflit personnel entre les deux. Il a insisté sur le fait que cette suspension visait avant tout à protéger l’image du parti et à respecter les engagements éthiques pris lors du dernier congrès.

Le PAM, en tant qu’institution, a également tenu à donner à Aboulghali plusieurs mois pour résoudre ses différends avec les plaignants afin d’éviter que cette affaire ne ternisse davantage l’image du parti. Cependant, Aboulghali a affirmé que ces accusations relevaient de sa vie privée et non de ses activités politiques. Malgré cela, Touizi a martelé que le PAM ne pouvait rester indifférent face à des accusations aussi graves, au risque de laisser la situation dégénérer et d’affaiblir encore plus la réputation du parti.

Cette affaire continue d’alimenter des tensions internes et laisse planer des doutes sur les véritables raisons de cette suspension. Qu’il s’agisse d’un cas isolé ou d’un symptôme des luttes de pouvoir au sein du PAM, il est certain que cette affaire aura des répercussions durables sur la cohésion et l’image du parti.

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