Partenariat historique entre ARAMCO et la FIFA
Le géant pétrolier ARAMCO, compagnie publique saoudienne, investit massivement dans le sport, et plus particulièrement dans le football, comme instrument de Soft Power. Ce faisant, la pétromonarchie aspire à étendre sa sphère d’influence au-delà de ses frontières, en se servant du sport comme vecteur de puissance. Ce partenariat historique entre ARAMCO et la FIFA consolide la politique expansionniste de l’Arabie Saoudite par le biais du sport.
ARAMCO, le colosse pétrolier saoudien, est devenu un partenaire mondial majeur de la FIFA, avec un accord s’étendant jusqu’en 2034 et un investissement de 11 milliards de dollars (10,26 milliards d’euros), selon le Times magazine. Ce partenariat bilatéral permettra au Royaume de la péninsule arabique de sponsoriser plusieurs événements, y compris la coupe du monde masculine en 2026, qui se déroulera aux États-Unis, au Canada et au Mexique, ainsi que la coupe du monde féminine en 2027.
La puissante monarchie du Golfe, riche de son pétrole, a investi des milliards de dollars dans le sport mondial (golf, football, boxe, rallye, F1, tennis…) ces dernières années. Cette stratégie, initiée par le prince héritier Mohammed Ben Salmane, fait partie d’un vaste projet nommé « VISION 2030 », visant à transformer le royaume en un pays d’affaires et de tourisme, tout en réduisant sa dépendance aux revenus pétroliers.
Le partenariat entre la FIFA et l’Arabie Saoudite est fructueux et aidera la FIFA à organiser avec succès ses compétitions phares au cours des quatre prochaines années. Les accords commerciaux soutiendront davantage les 211 associations membres à travers le monde.
VISION 2030 : Le football, un instrument de soft power
La VISION 2030 ambitionne de transformer le Royaume en un pays d’affaires et de tourisme, réduisant ainsi sa dépendance aux revenus du pétrole. L’investissement dans le sport est un instrument de soft power, et l’Arabie Saoudite mène une offensive majeure dans le business du football.
La pétromonarchie a recruté le joueur portugais Cristiano Ronaldo pour le club d’Al-Nassr avec un salaire de 200 millions d’euros par saison. Karim Benzema, buteur français du Real Madrid, a rejoint le championnat d’Arabie Saoudite pour trois saisons au club d’Al-Ittihad, avec un salaire identique. Ngolo Kanté, un autre joueur français et champion du monde, a signé pour un salaire de 100 millions d’euros au même club. Le club d’Al-Hilal a tenté de recruter Lionel Messi, huit fois lauréat du Ballon d’Or, en lui proposant un salaire de 400 millions d’euros.
La « Saudi Pro League », le championnat local saoudien, aspire à devenir l’un des 10 plus grands championnats du monde, en recrutant des joueurs tels que Luka Modric (Real Madrid), Sergio Ramos (FC Séville) et Angel Di Maria (Benfica Lisbonne).
Le phénomène de « sportwashing », initié par le prince héritier Mohammed Ben Salmane depuis son accession au pouvoir en 2017, vise à faire du Royaume une puissante force régionale et internationale. Il ambitionne également de redorer l’image de son pays, souvent critiqué en matière de respect des droits de l’homme. Le plan de développement « VISION 2030 », lancé en 2016, est le fer de lance de MBS.
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Cette stratégie vise à renforcer les services à la population, tels que la santé, et à investir dans des secteurs clés comme les technologies, le tourisme et le sport, afin de ne pas rester uniquement dépendant du pétrole, dont le Royaume est le premier exportateur mondial.
L’Arabie Saoudite utilise le sport comme instrument de soft power, et la politique du pays s’articule autour du sport en général, et du football en particulier, pour améliorer son image sur la scène internationale. L’arrivée de noms importants dans la compétition de football augmentera l’intérêt mondial pour les droits télévisés et la diffusion des rencontres.
L’Arabie Saoudite, qui était en retard par rapport au Qatar dans le domaine du soft power sportif, a compris que la stratégie d’investissement dans le sport du Qatar était judicieuse et l’adopte désormais.
Fonds Souverain (PIF) : Des moyens quasi illimités
Le Royaume de la péninsule arabique peut compter sur des moyens quasi illimités, incarnés par le Fonds Souverain d’investissement d’Arabie Saoudite (le PIF), qui gère plus de 600 milliards de dollars d’actifs. L’Arabie Saoudite diversifie ses investissements dans le sport business, accueillant des événements tels qu’un grand prix de F1 et le rallye automobile Paris-Dakar.
Dans le cadre de l’organisation de la coupe du monde 2034, le Royaume prévoit d’accueillir 100 millions de touristes. En automne 2021, le Public Investment Fund (PIF) a acquis le club anglais Newcastle pour plus de 350 millions d’euros, rejoignant ainsi ses voisins du Qatar (PSG) et des Émirats Arabes Unis (Manchester City).
La présidence du club de Newcastle est assurée par Yasir Al-Rumayyan, également président du Public Investment Fund (PIF) et de Saudi ARAMCO, le principal groupe public pétrolier saoudien et partenaire de la F1. Yasir Al-Rumayyan est l’homme clé dans le développement de la stratégie de soft power de l’Arabie Saoudite autour du sport.
Avec une population de 35 millions d’habitants, majoritairement très jeune, l’Arabie Saoudite s’identifie à ces idoles du football. Dans ce contexte, le prince héritier Mohammed Ben Salmane (MBS) prépare les 40 prochaines années en cherchant à satisfaire la jeunesse, qui représente plus de 60% de la population saoudienne, en lui offrant du divertissement, de la reconnaissance, et les meilleurs talents disponibles pour préparer l’avenir.
L’investissement actuel est soutenu par le gouvernement saoudien, qui dispose de moyens financiers colossaux. La guerre en Ukraine a entraîné une forte augmentation des prix du pétrole, permettant à la pétromonarchie de réaliser des bénéfices annuels records en 2022 de 161,1 milliards de dollars, à travers sa compagnie pétrolière ARAMCO. ARAMCO est l’entreprise la plus riche au monde devant Apple et l’une des plus rentables.