PCNS: le Maroc a rempli les trois exigences fondamentales nécessaires à la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent
Le Maroc a rempli les trois exigences fondamentales nécessaires à la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, a affirmé El Mostafa Rezrazi, Senior Fellow au Policy Center for the New South (PCNS).
Dans une analyse publiée par le PCNS à l’occasion de la Journée internationale pour la prévention de l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme, M. Rezrazi, également professeur de gestion de crises et d’études de sécurité, a expliqué qu’il s’agit, dans un premier temps, du « développement des performances de sécurité dans sa dimension renseignement ou celles liées aux agences d’application de la loi et aux forces de l’ordre ».
Il a cité à titre d’exemple la création, en 2015, du Bureau Central d’Investigation Judiciaire (BCIJ) et la mise à jour de l’arsenal juridique à travers les modifications apportées au Code pénal, notamment par la loi n° 86.14 de 2015 complétant et modifiant la loi 03-03 de 2003 relative à la lutte contre le terrorisme.
L’expert a évoqué, en deuxième lieu, la dimension relative à la prévention, à la restructuration de la gestion du champ religieux, à la formation des imams et des acteurs religieux et à la régulation de la gestion des mosquées, à l’organisation des œuvres caritatives et au contrôle de l’émission des fatwas.
Il est également question, a-t-il poursuivi, des efforts déployés par le Conseil supérieur des oulémas et la Rabita Mohammadia dans la déconstruction des discours extrémistes, ou encore en ce qui concerne la révision des curricula et des programmes d’éducation religieuse à différents niveaux d’enseignement pour perpétuer les valeurs de tolérance et de modération, puis dans la rationalisation du secteur des médias.
La troisième exigence porte, quant à elle, sur les efforts déployés pour prémunir les prisonniers contre le terrorisme et l’extrémisme, de même que la gestion des rapatriés des foyers de tension, a précisé l’universitaire, ajoutant que plusieurs programmes de réhabilitation ont été élaborés à cet effet, notamment le programme « Moussalaha ».
Fruit de nombreux efforts menés par la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) avec ses partenaires, ce programme s’inscrit dans le cadre des efforts visant à garantir les conditions de réinsertion des détenus condamnés pour des affaires de terrorisme et d’extrémisme violent, a-t-il écrit.
Il ne s’agit pas d’un programme sectoriel, a précisé M. Rezrazi, notant que « Moussalaha » s’inscrit plutôt dans la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme et la prévention de l’extrémisme violent.
Les principales dimensions du programme concernent la réconciliation avec soi-même, avec la société et les systèmes, avec les normes régissant la société dans sa relation avec l’individu et avec les institutions et la réconciliation avec le texte religieux, a souligné l’expert.
Ce programme, qui « se caractérise par son ingénierie pointue modelée sur les spécificités de cette catégorie de détenus et sur les spécificités liées à l’écosystème culturel, intellectuel, religieux et social », est régi par les bonnes pratiques internationales, dont le Mémorandum de Rome, le Mémorandum de Marrakech-La Haye et le Mémorandum de Rabat, d’où son appartenance à une génération avancée de programmes de réhabilitation et d’accompagnement, a fait remarquer M. Rezrazi.
Le programme « Moussalaha », qui a soufflé sa cinquième bougie à l’été 2022 après avoir terminé dix sessions au profit des détenus, « poursuit ses efforts, selon une approche scientifique qui conjugue les meilleures pratiques internationales, la démarche de singularisation d’accompagnement, avec une approche basée sur l’évaluation continue et le renouvellement des curriculums afin d’atteindre le désengagement, la déradicalisation et la réhabilitation », a-t-il soutenu.
Les efforts fournis par les pouvoirs publics marocains ont ainsi donné « des résultats très confortables et rassurants », s’est félicité le Senior Fellow au PCNS, évoquant plusieurs indicateurs de succès, notamment « l’absence quasi totale de récidive » et « le taux de participation sans précédent des détenus aux différents programmes de réinsertion, de réhabilitation et d’accompagnement », qui peuvent en faire une plateforme d’échange et de coopération avec d’autres pays.
Il a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité de fournir un effort supplémentaire pour couvrir l’étape liée à l’après-détention ainsi que pour prendre en charge ceux qui reviennent des zones de tension sans être criminalisés ou affectés par un suivi juridique et l’application de la loi, en particulier les enfants et les femmes.
Célébrée le 12 février de chaque année, la Journée internationale pour la prévention de l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme est l’occasion de sensibiliser l’opinion publique aux menaces liées à ce fléau quand il mène au terrorisme et d’améliorer la coopération internationale pour le contrer.
Avec MAP