Pénurie de médicaments : les officines et les citoyens largement impactés
Le Maroc semble ne pas pouvoir échapper à cette pénurie de médicaments qui touche plusieurs pays. Depuis des années, il arrive que des médicaments disparaissent temporairement des étagères des pharmacies. Cependant, depuis quelques mois, cette absence tend à se prolonger. Les tensions sur les chaînes d’approvisionnement et la suppression d’une taxe ont suscité de vifs débats, notamment concernant des produits d’intérêt thérapeutique majeur.
Les épisodes durant lesquels les officines sont confrontées à des ruptures de stock de médicaments deviennent de plus en plus fréquents. En mars dernier, on a recensé 1 200 médicaments manquants sur les étagères des pharmacies, soit 19,3 % des 6 211 produits disponibles.
Parmi les médicaments absents, figurent des produits d’intérêt thérapeutique majeur, dont l’absence peut mettre en danger la santé, voire la vie des patients.
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En effet, des médicaments tels que le Levothyrox, destiné à traiter l’hypothyroïdie, ou l’insuline pour le diabète, ainsi que d’autres molécules utilisées pour soigner des maladies plus graves, se font de plus en plus rares. En cas de pénurie, une quête est lancée pour éviter la rupture de traitement. Les patients et leurs proches, ne trouvant pas leurs médicaments habituels dans leur pharmacie de prédilection, les cherchent désespérément partout, dans l’espoir d’en constituer des réserves. Des patients et leurs familles témoignent de leur difficulté à trouver les médicaments manquants, « un scénario qui se répète assez souvent pour de nombreux produits », indiquent des pharmaciens interrogés par Maroc Diplomatique, qualifiant la situation actuelle de « très délicate ».
Selon des experts, la tension croissante autour des chaînes d’approvisionnement, exacerbée par les conflits mondiaux, notamment la guerre en Ukraine, et la volatilité des prix des carburants, a un impact négatif sur la situation au Maroc. Ils rappellent également la suppression de la TVA de 7 % sur les médicaments, une exonération qui a officiellement contraint les industriels à récupérer les produits pour procéder à un ré-étiquetage des emballages, une opération qui aurait dû s’achever le 31 mars dernier. Cependant, un pharmacien, s’exprimant sous couvert d’anonymat, déclare que les industriels ont demandé aux officines d’écouler les produits affichant les anciens tarifs avant de se réapprovisionner. « Pour certains industriels, l’opération de ré-étiquetage, lorsqu’elle a lieu, consiste simplement à barrer l’ancien prix et à inscrire le nouveau, parfois même à l’aide d’un marqueur noir », souligne-t-il.