Pier Antonio Panzeri: « Le Maroc représente un élément très important pour rendre plus dynamique le travail entre l’Union européenne et l’Afrique »
Lors de sa dernière visite au Maroc, l’eurodéputé et président de la commission des droits de l’Homme du Parlement européen, M. Pier Antonio Panzeri a bien voulu répondre à nos questions.
MAROC DIPLOMATIQUE : En marge de la réunion de la commission parlementaire Maroc-Union européenne, tenue le 7 septembre 2017, pouvez-vous nous éclairer sur la vision et le plan d’action de la CPM ?
C’était une réunion très importante qui a permis de développer plusieurs thèmes sur le développement entre le Maroc et l’UE. Nous avons défini des secteurs de travail de binômes. Et cela va nous permettre de faire un très bon travail qui sera tout autant utile au parlement européen qu’au parlement marocain.
La constitution des binômes de travail opérée par la commission parlementaire mixte Maroc-Union européenne, fait suite à la 8ème réunion de la CPM, tenue les 18 et 19 avril dernier à Rabat, et qui a permis de constater la réussite du partenariat Maroc-UE. Pouvez-vous nous en expliquer l’intérêt et l’apport ?
Il y a des thèmes très importants et très urgents que l’on a déterminés pour travailler et pour collaborer. Je me réfère à l’accord de pêche, au développement et à l’accord de l’agriculture. Il y a d’autres thèmes tout aussi importants qui ont été abordés y compris celui de la régionalisation. L’objectif de cette réunion était de mettre à l’ordre du jour ces sujets importants et l’intérêt était que les parlementaires européens et marocains travaillent ensemble pour trouver des solutions aux problèmes soulevés par ces thèmes-là. De plus, il faut souligner l’importance du travail de la CPM et des présidents de la commission parlementaire mixte, côté marocain et côté européen, à travers le travail que fait M. Atmoun en tant que président de la commission parlementaire mixte et qui joue un rôle très important dans le développement des relations entre le Maroc et l’UE.
Quelles sont les priorités placées dans l’ordre du jour de cette visite sachant que la CPM œuvre pour la défense des intérêts vitaux du Royaume et l’Union européenne dans le cadre d’une diplomatie parlementaire dynamique et entreprenante ?
L’objectif c’est de créer, à partir de ce travail, un équilibre par rapport aux exigences qui sont, aujourd’hui, les problèmes liés au terrorisme et à la sécurité et œuvrer ensemble pour le développement et la promotion des droits de l’Homme. Le travail de la CPM, c’est d’abord l’équilibre de trouver des solutions à tous ces problèmes qui intéressent le Maroc et le monde entier.
Peut-on parler d’un timing précis qui accompagne le travail de la commission pour l’intégration définitive du Maroc à l’union européenne ?
Nous avons parlé d’élever le partenariat pour une meilleure qualité dans cette coopération et association entre le Maroc et l’Union européenne. C’est très important qu’il y ait un rapport très privilégié entre le Maroc et l’union européenne et notre objectif est de l’améliorer beaucoup plus encore. Le Maroc doit jouer un rôle très important par rapport aux pays et aux partenaires africains. Avec le rôle qu’il joue aujourd’hui, le Royaume est très important au sein de l’Afrique et il doit travailler par rapport à cette dynamique pour favoriser l’intégration régionale du Maghreb et de l’Afrique. Concernant l’UE, le Maroc en est un partenaire privilégié. Aujourd’hui, notre travail est d’élever ce rapport. Ce n’est plus tant un problème d’intégration mais plutôt d’association.
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Avec les avancées de la diplomatie marocaine en Afrique, les synergies développées entre le Maroc et l’UE pourraient-elles accélérer l’intégration du Maroc au sein de l’UE ?
Le Maroc représente un élément très important pour rendre plus dynamique le travail entre l’Union européenne et l’Afrique. Cela va permettre une très bonne intégration des politiques entre l’UE et le Maroc.
Quelle est votre évaluation par rapport aux efforts déployés par le Maroc dans le domaine des droits de l’homme ?
Plusieurs améliorations ont été réalisées dans ce domaine mais il y a encore du travail à faire dans les différents secteurs de la protection des droits de l’Homme au Maroc. Il est évident qu’il n’existe pas de développement ou de plus économique sans démocratie ni respect des droits de l’Homme. Les Marocains sont bien dans ce sens. Avec les Européens et la commission parlementaire mixte, ils doivent travailler à améliorer davantage les aspects des droits de l’Homme.
Durant les années 2010-2016, la CPM a déjoué 400 amendements ciblant l’intégrité territoriale du Maroc. Pourquoi à votre avis toute cette hostilité à l’égard du Royaume ?
Cette question est encore ouverte au Maroc. L’Union européenne pense qu’il faut regarder la résolution de l’ONU. Notre opinion est qu’il faut approfondir ce processus des réformes, ce qui va permettre de favoriser la solution à ce problème, développer encore plus les réformes politiques et aller beaucoup plus dans la régionalisation.
La lutte contre le terrorisme étant source de préoccupation des deux côtés de la rive, le retour du Maroc au sein de l’UA représente-t-il une avancée dans le cadre d’un processus tripartite : UE-Maroc-UA ?
Cela va sans dire que l’Europe et le Maroc ont le même regard sur la question et c’est très important dans la lutte contre le terrorisme. En même temps, la question du terrorisme ne peut pas être utilisée pour masquer la question des droits de l’Homme.
Les binômes se sont-ils penchés sur le problème des migrants et sur les moyens d’améliorer leur situation dans le cadre de la coopération ?
Les binômes vont approfondir tous les thèmes qui sont sur la table. Le travail qui sera fait nous sera très utile pour rédiger un document final qui sera soussigné et présenté à la commission européenne et au gouvernement du Maroc. Cela sera la contribution de la CPM dans ce processus visant à améliorer la situation des migrants dans le cadre de la coopération. Le travail des binômes n’est pas seulement de regarder ce qui a été fait, mais d’apporter des solutions sur la table et de sortir avec des recommandations qui vont être soulevées par les Exécutifs marocain et européen.
En dépit des relations en dents de scie entre le Maroc et l’Union européenne, la CPM a contribué aux accords de pêche, accords agricoles, la politique européenne de voisinage, et elle a même aidé à ce que le pays obtienne le statut d’observateur à l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Face à ces tensions parfois provoquées, quelle analyse faites-vous sur l’avenir des relations Maroc-Union européenne ?
Je pense qu’il va y avoir un développement très positif. Il y aura certainement beaucoup de problèmes à régler comme les questions territoriales. Mais je crois que les relations entre le Maroc et l’UE sont très correctes. Ce qui nous intéresse, c’est la stabilité du Maroc et de toute la région, ce qui est bénéfique non seulement pour la région, mais aussi pour toute l’Europe.
Réalisé par Souad Mekkaoui
Propos recueillis par Désiré Beiblo