Pillage de sable au Maroc : l’ONU s’inquiète
Par Saad Bouzrou
Au moment où la demande mondiale de sable et de gravier s’élève à 50 milliards de tonnes par an, un nouveau rapport de l’ONU Environnement alerte sur l’exploitation illégale des sables au Maroc et appelle à améliorer la traçabilité et la durabilité d’une ressource dont l’extraction ruine considérablement les côtes et les cours d’eau.
Intitulé «Sable et développement durable : Trouver de nouvelles solutions pour la gouvernance environnementale des ressources mondiales en sable», le document onusien dresse un tableau sombre sur l’exploitation et la contrebande du sable dans le monde et cite, dans un encadré, le Maroc comme l’un des pays les plus concernés par ce phénomène et où «la moitié du sable, soit 10 millions de mètres cubes par an, provient de l’extraction illégale du sable côtier».
«Mafias de sable, extraction illégale de sable et contrebande au Maroc» est le titre de l’encadré réservé au Maroc où les scientifiques de l’ONU expliquent comment les contrebandiers «ont transformé une grande plage en un paysage rocheux entre Safi et Essaouira», notent-ils, avant de révéler que l’extraction au Maroc du matériau solide le plus utilisé au monde sert «pour la construction d’hôtels, de routes et d’autres infrastructures liées au tourisme».
Au-delà des impacts environnementaux et sociaux de grande portée, la poursuite du dégarnissement des côtes et des terrains de sable risquent de «conduire à une situation non durable et à la destruction de la principale attraction naturelle des visiteurs : les plages elles-mêmes». L’exemple par excellence étant Assilah qui a «subi une grave érosion de ses plages en raison des problèmes de réglementation et des pressions liées au tourisme», conclut l’encadré.
Au vu de cette situation et des conséquences que peut avoir l’enlèvement du sable sur l’environnement et le développement de l’industrie touristique locale et nationale, le rapport suggère d’adapter les normes et les meilleures pratiques existantes aux circonstances nationales. Il préconise également d’investir dans la mesure, le suivi et la planification de la production et de la consommation de sable, et suggère en outre d’établir un dialogue entre les principaux acteurs et parties prenantes de la chaîne de valeur du sable fondé sur la transparence et la responsabilité.