Plaidoyer de Brahim Benjelloun-Touimi : La Bourse n’est pas un casino mais un levier de l’économie réelle

Le mardi 18 février a constitué pour Oujda et l’Oriental en général un moment exceptionnel, en phase avec son développement et sa promotion économique notamment. Organisée par l’Université Mohammed 1^er d’Oujda l’Ecole nationale de commerce dans le cadre des Journées d’études internationales consacrées au développement financier et à l’intelligence artificielle, une session de deux jours a regroupé des experts, des scientifiques, des chercheurs et de nombreuses personnalités du secteur, notamment le Président de la Bourse de Casablanca, Brahim Benjelloun Touimi ainsi que le Directeur général de l’Ecole, M. Zaghloul.

Ces journées d’études et d’échanges ont été notamment marquées par des interventions riches et couronnées par l’inauguration de la Salle des marchés.

Brahim Benjelloun-Touimi, a apporté à ces journées une note particulière en tant que Président de la Bourse de Casablanca, « maison mère de référence » si l’on peut dire.

Nous publions ci-dessous sa précieuse intervention devant un parterre convaincu :

Monsieur le Président Zaghloul, Mesdames, Messieurs, les Universitaires et Professeurs, Chers étudiants, Je suis très honoré de me trouver dans cette ville millénaire d’Oujda, là où, le soulèvement des populations, le 16 août 1953, après l’exil forcé de Sa Majesté Mohammed V, a débuté la Révolution du Roi et du Peuple. Je suis très honoré aussi de me trouver dans cette Université, qui a été nommée d’après Sa Majesté Mohammed V, le premier Sidi Mohammed de l’ère de l’indépendance du Royaume. Je suis heureux d’avoir été invité à ce séminaire sur la ‘’Finance & l’intelligence Artificielle’’ au sein de cette institution académique qui, il y a deux ans, a été considérée, la meilleure université d’Afrique pour l’intelligence artificielle, grâce à l’action de son Président, grâce à son corps professoral et à ses étudiants. « La meilleure université d’Afrique pour l’I.A », cela s’applaudit.

Je représente les actionnaires de la Bourse de Casablanca : l’Etat, à travers la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG), les Banques, les Assurances, les Sociétés de Bourse, Casa Finance City Authority- dont un éminent représentant ici présent prendra la parole-. En même temps, la Bourse est un bien collectif, un bien de tous les Marocains. C’est autant la Bourse du Maroc que la Bourse de Casablanca.

Ainsi, c’est au nom de la Responsabilité Sociale d’Entreprise de la Bourse de Casablanca et de son engagement en faveur de l’éducation financière, que nous sommes venus en délégation, sceller ce partenariat avec l’Université Mohammed Ier. Ce sera un honneur, inaugurer tout à l’heure, la Salle des Marchés. L’impact de cette installation – on en a parlé dans le film projeté à l’instant – sera obtenu grâce à un travail collectif exemplaire, comme l’amélioration très certaine de l’employabilité des étudiants, une formation pratique, dispensée la possibilité offerte de faire des simulations et d’obtenir des certifications. L’impact, ce sera également le développement de la recherche en Finance et en Economie, l’encouragement de l’innovation Finatech et de l’entrepreneuriat.

La Finance est plus que jamais internationale

Puis l’impact positif – nous l’espérons, sur la région de l’Oriental. Cette Salle des Marchés, abrite à peu près une vingtaine de postes, avec des écrans d’affichage, un Data-show. Le système logiciel offert a été développé à partir d’une plateforme élaborée par la Bourse de Casablanca dénommée E-bourse, elle-même créée à partir d’une plateforme développée aux États-Unis, dont l’éditeur est installé au Royaume-Uni, et qui y est passé sous pavillon japonais. C’est vous dire que la finance est toujours internationale.

Permettez à l’Universitaire que je suis aussi outre d’être banquier certes et financier, Docteur en économie, de faire modestement, deux propositions. Ma première proposition, a rapport au contenu de la finance de marché. Je commencerai par souligner que Mesdames Mesdemoiselles et Messieurs les étudiants gardent bien en tête que, la Bourse, n’est pas un casino. La Bourse est au service de l’économie réelle, au service de la promotion de l’investissement privé et public, au service de la promotion de l’épargne privée et publique, au service de l’investissement vers le Maroc et au sein du Maroc. Elle est, grâce à la vision Royale, grâce à cette orientation majeure stratégique africaine, au service de la promotion, à travers les entreprises qu’elle cote à travers l’écosystème, au service du développement des échanges intraafricains, entre le Maroc et le reste du monde et entre l’Afrique et le reste du monde.

Se protéger contre l’usage malveillant de l’IA

Toujours par rapport au contenu de la formation en finance de marché, je voulais insister sur l’aspect éthique, quand la Finance intègre l’I.A. sans brider une évolution irréversible. M. Le Président Yassine Zaghloul l’a dit : « l’Intelligence artificielle sera dans tous les domaines ; la dimension ‘’éthique doit nécessairement être prise en compte dans les Curricula. D’abord, il s’agit à travers le monde et pas seulement qu’au Maroc, qu’un effort collaboratif, public privé soit déployé, associant organismes multilatéraux, nationaux et internationaux, publics et privés pour renforcer le cadre réglementaire qui, va devoir protéger les données, protéger la vie personnelle, protéger contre l’usage malveillant de l’I.A, l’aspect de la cybersécurité étant concerné. Toujours par rapport à l’Ethique, un premier objectif est à établir en accompagnant les étudiants dans l’utilisation l’intelligence artificielle est celui d’équité afin d’éviter que dans les algorithmes, il y ait des biais qui puissent être répliqués dans les process et aboutir à des discriminations. 42-25/a4 3 Tous les mots que je vais avancer se terminent par « ités ». Il faudrait qu’on assure la (i) transparence et « l’explicabilité » des systèmes et des algorithmes, (ii) l’imputabilité et la responsabilité en clarifiant les mécanismes de fonctionnement de l’I.A justement pour préserver ce que je disais tout à l’heure, les données personnelles et éviter les usages malveillants (iii) il faudrait assurer l’adaptabilité des compétences existantes aux nouvelles réalités technologiques. Enfin, (iv) l’humanité de l’intelligence artificielle est à préserver, faisons attention qu’à l’avenir, surtout que l’on parle désormais de l’évolution vers la General Artificial Intelligence, l’intelligence artificielle générale, qui, selon les dernières déclarations d’un éminent expert en intelligence artificielle va, dans les 5 ans, dépasser les capacités humaines. Donc, la dimension d’humanité est important pour qu’il n’y ait pas une reliance trop abusive à l’I.A au détriment du jugement humain. Le troisième volet de cette première proposition relative au contenu de la Formation en Finance de marché où l’I.A est intégrée a rapport aux attributs personnels qui devraient être véhiculés dans les Curricula des opérateurs de marché. Je vais en évoquer quelques-uns. D’abord, l’intégrité, c’est à dire le respect des normes, la transparence pour maintenir et augmenter même la confiance des clients et des autres parties prenantes. Un autre attribut a rapport avec la rigueur et la discipline. Il s’agit d’analyser rigoureusement les données financières pour que les prises de décision et de gestion des opérations de marché puissent se faire dans les meilleures conditions. Autre attribut, personnel et professionnel : l’adaptabilité et la réactivité, notamment par rapport aux évolutions de marché afin que les opérateurs de marché puissent être en mesure, sereinement et, en même temps, sous pression, prendre des décisions. Un attribut additionnel a rapport avec de la communication efficace, caractérisée par de la pédagogie dans la formation sur des aspects financiers complexes. Indubitablement, ce métier est complexe ; il faut de la générosité et de la pédagogie pour l’expliquer. Enfin, l’esprit analytique, autre attribut, est requis. On doit être en mesure d’évaluer et d’analyser objectivement des situations et les données, identifier les tendances du marché afin d’élaborer des stratégies d’investissement judicieuses.

Ma deuxième suggestion, est en rapport, cette fois-ci avec l’orientation des sujets de recherche qui utiliseraient l’intelligence artificielle. J’y ajouterai une connotation, si vous le permettez géopolitique ! Cette idée m’est venue lorsque j’avais eu l’opportunité d’assister à un événement à Rabat, organisé par le Ministère de l’Education Nationale, un événement, qui se déroule à travers le monde, dénommée Times Higher Education (THE), où est établi le classement mondial effectué par THE, des Universités de par le monde. Auparavant, le Journal britannique Times, avait été à l’origine de ce classement puis peu à peu, cet événement s’en est affranchi. J’avais été marqué par l’intervention du Président d’une Université coréenne. Il avait raconté qu’existait à Séoul une Université dénommée, Yonsei University, fondée il y a 140 ans, arborant beaucoup, de distinctions en termes d’innovation dans la recherche. Elle est considérée parmi les Top 10, l’une des dix meilleures universités en Asie.

L’approche multidisciplinaire de l’Université de Corée

Eh bien, cette université développe une approche multidisciplinaire, c’est à dire qu’elle associe politique, économie, sociologie, psychologie, droit, médecine, histoire, théologie… Dans quel domaine ? Ces gens – là se projettent dans l’unification des deux Corée. En d’autres termes, cette université est dédiée à réfléchir, sous toutes ces dimensions, ‘’au jour’’ où il y aura l’unification des deux Corée. Cela m’a inspiré cette deuxième suggestion. M. Le Président, Mesdames et Messieurs, Dans la mesure où la construction de l’Unité du Maghreb est un choix que la Constitution marocaine a inscrit en son préambule, pourquoi ne pas, à un moment ou un autre, adopter cette approche multidimensionnelle, politique, économique, sociologique, psychologique, droit, médecine, théologique, ce que vous voulez, d’un rapprochement des pays du Maghreb ici à l’Université d’Oujda et, notamment, du rapprochement maroco-algérien, en se projetant dans l’avenir et en utilisant l’intelligence artificielle ? Vous le disiez tout à l’heure, Cher Président, l’intelligence artificielle : vous lui donnez les algorithmes, elle est capable d’inventer des idées, des concepts, des scenarios. Elle est un puissant outil de créativité et d’inventivité et le sera davantage à l’avenir. Tout à l’heure, M. le Maître de cérémonie a dit que dans le mot Oriental, il y a le mot Or (ORiental). Cela m’a inspiré, à l’instant, une raison supplémentaire de vous faire cette deuxième proposition.

Oujda, au cœur du combat nationaliste

Je disais au début de mon intervention, Oujda a été quelque part au cœur de l’action nationaliste et patriotique. Quand on réfléchit alors aux cinq lettres composant le mot « OUJDA », on trouve ces éléments de patriotisme. Les gens de l’Oriental sont de grande confiance, des gens en Or et de qualité d’engagements. Ils sont attachés à l’Unité du Maroc puisque les premières révoltes contre le colonialisme, eurent lieu ici à Oujda. Les gens de l’Oriental sont également attachés à l’Unité du Maghreb. C’est ici qu’était implantée la Wilaya 5 de l’Armée de Libération Nationale Algérienne. C’est là qu’ont séjourné des hommes d’Etat algériens. Les gens d’ici sont également épris de Justice, une ‘’justice territoriale’’ parce que cette région abrite, cela a été dit par le Président ou M. le Représentant parlementaire de la Région, parmi les Provinces les plus pauvres du Maroc.

Enfin cette région est dévouée, justement à toutes ces causes que je viens d’évoquer. Et comme tous les Marocains et ce sera la dernière lettre du nom OUJDA que j’invoquerais, c’est l’Allégeance au Glorieux Trône Alaouite : O.U.J.D.A, OUJDA !