Pluies : gouvernement, Comader, Agriedge… tous pour sauver l’agriculture

Mouhamet NDIONGUE

Cette année encore, le Maroc est directement touché par les effets du changement climatique, quoique de différentes manières peuvent survenir au changement climatique. Aujourd’hui, c’est la rareté des pluies qui inquiète gouvernement, agriculteurs, industriels voire consommateurs. Pourtant, l’État essaie toujours de soutenir le développement économique avec un plan « d’investissements verts » avec divers programmes et stratégies.

Quant à l’approvisionnement en eau, l’UM6P à travers différentes stratégies et programmes s’attèle à réduire les impacts de la rareté de l’eau par le biais de l’agriculture raisonnée. Ainsi, le programme « Le Filaha Innovation Program » entre dans ce cadre pour une politique de bonne gestion de ressources hydriques dans le domaine agricole.

Depuis des semaines, le Maroc attend la pluie tant attendue en quantité suffisante. Cette situation commence déjà à affecter l’agriculture qui voit ses rendements pour la campagne de commercialisation 2021/2022 en cours menacés. Les premières grandes villes, comme Marrakech et Oujda, ont déjà introduit des mesures d’austérité en février, ce que les cours des marchés de certaines régions ont également ressenti.

 Selon un classement 2019 du World Resource Institute, le Royaume du Maroc fait partie des 30 pays les plus menacés par les pénuries d’eau dans le monde. De plus, l’agriculture reste le principal secteur économique du pays. Une mauvaise récolte réduit les possibilités d’exportation et la nécessité d’importer des céréales. Ceci à un moment où les prix des matières premières augmentent dans le monde entier et où les pays ne se remettent que lentement des conséquences économiques de la pandémie de coronavirus.

→ Lire aussi : Retard des pluies au Maroc: les explications d’un climatologue

Les agriculteurs marocains souffrent des effets d’une sécheresse extrême en raison du manque de précipitations.

Il n’avait pas fait aussi sec au Maroc depuis plus de 30 ans, raconte Rachid Benali de la fédération agricole Comader.

Le Maroc assiste à une diminution significative des réserves d’eau dans les barrages et les nappes phréatiques. A l’exception de quelques régions, le problème est partout au Maroc. Benali estime les zones touchées à au moins trois millions d’hectares. « Seul un million d’hectares sont assurés », déplore-t-il.

« Nous sommes dans une situation sans précédent. Nous ne sommes pas seulement confrontés à une grave pénurie de pluie qui rappelle les années 1980, mais aussi à des barrages presque vides, à une hausse des prix des matières premières, à une pandémie, à une inflation élevée et à une baisse de la production laitière. »

Cette situation alarmante interpelle même d’acteurs comme l’UM6P à travers Agriedge, qui depuis sa création fait de l’agriculture raisonnée son cheval de bataille. « Notre pays connaît une campagne agricole frappée par une sécheresse parmi les plus sévères connues à ce jour. La pluviométrie est au-dessous de la moyenne et les barrages sont au niveau alarmant de 34% de remplissage. La gestion rationnelle de la ressource eau s’impose plus que jamais. », constate Faissal Sehabaoui, directeur de AgriEdge.

Les nouvelles technologies qui associent le digital et l’intelligence artificielle méritent une attention particulière, précise-t-il. Aujourd’hui, plusieurs solutions digitales mises au point par des startups permettent de rationaliser l’eau d’irrigation de manière à apporter la bonne quantité au bon moment et d’éviter ainsi les gaspillages très courants dans les autres pratiques d’irrigation. Des politiques d’incitation à l’utilisation des solutions digitales de pilotage de l’irrigation sont plus que nécessaires, précise le directeur de AgriEdge.

Les prévisions météo et la cartographie et prédiction des sécheresses sont aussi des domaines très bien maîtrisés par le digital qui permet aux agriculteurs et décideurs de bien se préparer à faire face aux menaces de situations difficiles comme cette année.

Pour aider les agriculteurs à surmonter le cas d’année de sécheresse, il y a lieu de déployer en leur faveur des actions de sensibilisation sur les alternatives possibles pour minimiser les dégâts causés par le manque flagrant de l’eau ainsi que de stimuler l’entreprenariat dès qu’elle propose des solutions innovantes adaptées avec le besoin du terrain. Ainsi, Agriedge avec son programme « Filaha Innovation Program » propose quelques startups qui opèrent dans ce domaine, une démo day du programme, prévu le 17 février à 15h. Cela leur permettra de présenter leur innovation technologique dans le domaine de l’agriculture.

Les lectures des réserves d’eau inquiètent

Le manque de pluie en début d’année pourrait avoir un impact négatif sur la production agricole du royaume à court et long terme. Les principaux barrages du pays n’ont atteint que 5,40 milliards de mètres cubes (m3) le 11 février 2022, ce qui correspond à un taux de remplissage limité à seulement 33,5% en moyenne, selon le ministère des Infrastructures et de la Gestion de l’Eau.

A la même époque l’an dernier, les réserves des barrages avaient accumulé plus de 7,69 milliards de m3, avec un taux de remplissage de 47,9%, selon le rapport officiel du ministère sur la situation des grands barrages les plus importants du Maroc.

Le barrage de Bin El Ouidane, qui serait le plus haut barrage d’Afrique et le plus grand du Royaume en termes de production d’énergie, n’atteint actuellement qu’un taux de remplissage officiel de 14,6%, contre un taux de remplissage de 24,3% en le même mois de 2021.

D’autres barrages importants se sont presque asséchés. C’est le cas du barrage Abdelmoumen dans la région de Souss-Massa près de Taroudant qui a un niveau de remplissage de 4,1% au vendredi 11 février 2022, ou du barrage Hassan II dans la région de l’Oriental avec un niveau de remplissage de 9%.

Une situation critique qui ne peut rester sans conséquences graves pour la sécurité de l’approvisionnement en eau.

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