Pneus de la controverse, Goodyear sur la sellette
Goodyear multinationale américaine dans les pneumatiques aurait étouffé l’affaire des pneumatiques défectueux qui seraient la cause de nombreuses victimes à travers le monde, selon le journal Le Monde au 1er Juillet 2020. La source soutient que l’entreprise par un procédé « d’opacité de l’information » et de « désinformation » pour ne pas impacter son image à l’international et ainsi avoir de lourdes répercussions financières sur son chiffre d’affaires.
Dans le classement des pneumatiques, Goodyear est classé numéro 3 mondial. Une série d’accidents répétitifs en Europe liés à des pneus Goodyear défectueux ont causé des morts depuis dix ans. Plusieurs données convergeraient à indiquer l’opacité du système Goodyear dans la gestion de ses pneus défectueux. En effet, courriels internes, tableaux secrets, stratégies ou chiffres auraient été dissimulés…Selon une enquête du journal, ces éléments, portent sur de nombreux pays européens et renseignent sur un « scandale mondial » aux graves conséquences. La société Goodyear est aujourd’hui accusée de ne pas avoir alerté le public sur les potentiels vices de fabrication affectant plusieurs dizaines de milliers de pneus fabriqués au Luxembourg et impliqués dans de nombreux accidents… La justice et l’administration françaises ont tardé à réagir, selon le journal Le Monde.
D’après Le Monde, le témoignage d’un routier victime d’un éclatement de pneumatique Goodyear – un Marathon LHS II est venu confirmer la thèse. Il déclare avoir senti « une vibration sur le volant, puis une explosion qui a fait que le camion a changé de direction brutalement ». Une enquête judiciaire fut menée par les autorités françaises. Le bilan de cette enquête est clair, elle dédouane le conducteur de toute responsabilité : respect de la vitesse réglementaire, aucune trace de stupéfiants, d’alcool ou de médicaments n’a été relevée dans le sang du routier, précise Le Monde.
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En réponse aux accusations, Goodyear elle a communiqué que « sans lien avec le pneu LHS II impliqué dans l’accident de juillet 2014, la société a mis en place un programme d’échange de pneumatiques pour une autre gamme et une autre dimension LHS II à partir de la fin de 2013 ». L’entreprise assure qu’« aucun défaut de fabrication n’a été constaté sur le pneu » impliqué dans l’accident.
L’expertise menée par les autorités françaises, révèle que l’éclatement du pneu proviendrait d’un « échauffement anormal » provoqué par un roulage prolongé. Un phénomène accentué sur le pneu avant gauche qui subit des contraintes latérales plus élevées lors des entrées et des sorties de voies rapides et d’autoroutes alors qu’il est déjà à une température élevée de fonctionnement. Autre élément en charge révélé par l’expertise est que le décalage des nappes d’armature sont « non conformes » aux spécifications Goodyear de montage, ce qui peut favoriser le clivage et conduire à l’éclatement du pneu.
Face à ce constat, l’entreprise américaine aurait décidé de réagir en lançant le projet baptisé « Alpha », qui est une opération d’échange commercial « Customer satisfaction program » (CSP), où Goodyear s’engage à contacter toutes les sociétés qui, en Espagne, ont acquis ces types de pneumatiques et à proposer à leurs clients de les échanger gratuitement contre d’autres modèles. Ce projet « Alpha » stipule que la série d’éclatements de pneu est dû à des températures élevées.
Restant dans ses convictions, Goodyear n’a pas procédé au process « Rapex » qui est un dispositif mis en place par l’Union Européenne afin de pouvoir informer les consommateurs s’il apparait qu’un produit présente un danger majeur. En déclenchant « Rapex », l’entreprise américaine aurait pris un risque d’être confronté à une crise grave en matière d’image, qui serait lourde de conséquences financières.
Cependant de nouveaux cas d’incidents partout en Europe sont signalés depuis l’été 2023 par les fabricants des camions Scania et MAN pour alerter la multinationale Goodyear. En réponse, l’état-major de Goodyear lance le projet « Tango » qui est une duplication à l’échelle européenne du projet espagnol « Alpha ». Le programme d’échange commercial devrait être étendu en Europe toute entière. Pour l’entreprise, cette mesure permettra de cibler deux pneumatiques qui étaient en cause : le Marathon LHS II et le Dunlop SP 344. Par cette opération, Goodyear est accusée de faire barrage pour éviter que le potentiel scandale soit diffusé et que son image soit écornée. Au même moment, une batterie d’alertes à travers le monde signale des pneus Goodyear « défectueux ».