Politique de visas: Younes Maamar écrit une lettre d’adieu à Emmanuel Macron
La politique de restriction de visas de l’exécutif français devient sans limite. Aujourd’hui, une dame de 80 ans, Hennou Allali Maamar a été refoulée par la police des frontières de Montpellier. Mme Allali Maamar est l’une des premières femmes médecins du Royaume du Maroc. Acte déloyal envers le Maroc, que dénonce Younes Maamar, fondateur de EONE et administrateur indépendant à Londres de Chariot, par ailleurs ex-DG de l’Office national de l’électricité (ONE), à travers une lettre ouverte, adressée au président français, Emmanuel Macron.
» Monsieur le Président de la République française,
Je me permets de vous écrire car vos comptes sur les réseaux sociaux m’y invitent.
Aujourd’hui, cette dame de 80 ans sur la photo a été refoulée par la police des frontières de Montpellier. Cette dame s’appelle Hennou Allali Maamar. Elle est l’une des premières femmes médecins du Royaume du Maroc.
Dès qu’elle prêta serment, dans les années 60, elle se dépêcha de rentrer au Maroc comme beaucoup de jeunes marocains de l’époque, animés par le sentiment militant de rentrer et contribuer à la construction de leur pays.
Elle s’est engagée tant dans la santé publique mais aussi dans l’action sociale, les droits de l’homme, et, sujet auquel elle tient beaucoup, la scolarité des petites filles du monde rural.
En plus des 6 enfants qu’elle a portés et élevés, la fondation Illy qu’elle a créée en 2005 fait qu’aujourd’hui, près de 1000 petites filles, ou maintenant jeunes femmes, l’appellent, elles aussi, maman.
Cette femme vient d’être refoulée, disais-je, par la police des frontières de l’aéroport de Montpellier. Visa pourtant valide.
« – Votre certificat d’hébergement ?
- Je n’en ai
- Je suis en droit de vous renvoyer chez vous »
Sur le piédestal de son autorité, ne voyant aucun signe de courbage d’échine, pire encore et comble de l’insoumission, se voyant rétorquer qu’en tant que médecin, de son âge, ce document lui semblait superflu ; qu’il ne lui fut d’ailleurs jamais réclamé au cours des innombrables voyages en France, l’officier de police décida de mettre sa menace à exécution. Illico, paperasse, photocopieuses, tampon « E » sur son passeport, badaboum. C’est soit le prochain avion dans 40 minutes soit la détention…
Elle était pourtant contente de se rendre à Montpellier. Elle se réjouissait de pouvoir revoir les bâtiments de la faculté de médecine où elle apprit de ses Maîtres. Elle avait aussi prévu de visiter tous les recoins de Montpellier qui furent témoins de sa jeunesse estudiantine et engagée. Elle appréhendait de ne pas en reconnaître certains, détruits, travestis ou transformés.
Elle avait aussi prévu d’aller à Clermont l’Hérault pour se recueillir sur la tombe de ses parents spirituels, le Docteur Granier et son épouse Cécile. Ces noms et l’amour réciproque qu’elle a cultivé avec toute la famille Granier ont bercé notre jeunesse. La distance et « la vie » n’ont en rien distendu ces liens qui débutèrent par un voyage organisé par la jeunesse estudiantine chrétienne française au Maroc en 1960, et la rencontre avec Marie Granier, paix à son âme, l’aînée des « 7 frères et sœurs français » de ma mère.
Tout cela n’aura pas lieu. Certains agents de la PAF, désolés par la situation ubuesque, sont venus réconforter ma mère. « Ne vous inquiétez pas, revenez dans quelques jours et ça ira bien ». C’était ne pas connaître cette dame : Elle ne reviendra plus.
Bien entendu, mon coup de gueule porte une dimension subjective. Comment pourrait-il en être autrement. Je suis un fils et il s’agit de ma mère. Mais à y voir de plus près, il s’agit d’une posture de plus en plus systématique qui tente de prendre les citoyens marocains en otage d’un jeu de pression qui les dépasse.
Sans doute, les procédures administratives ont été suivies à la règle ; certains me disent le contraire. Mais, bien au-delà de cela, ce qui est peut-être regrettable, c’est qu’à vouloir faire du zèle pour appliquer des alinéas machins, c’est qu’à brider la capacité de jugement ou pire encore c’est qu’à laisser le champ libre à un zèle partial ou imbécile, alors on effrite peu à peu les ponts qui nous lient : Ceux du cœur.
J’avais, par pudeur mais aussi par honte je l’avoue, pensé taire cet incident. Mais regardez cette dame, noble et droite dans ses bottes marocaines. La honte si elle est, doit être ailleurs.
Comme dit le proverbe anglais, “Humilie-moi une première fois, honte à toi. Humilie-moi une seconde fois, honte à moi ».
Ceci n’est pas une lettre de réclamation, ni une plainte. Ceci est, avec gravité et tristesse, maintenant l’émotion dissipée, une lettre d’adieu. »
Younes Maamar