Politique sociale : Quel avenir pour la classe moyenne ?
Par Camélia Benaïssa
Entre l’inflation, le Projet de Loi de Finances 2024 (PLF 2024), l’aide directe aux démunis et les autres réformes envisagées par les pouvoirs publics, la situation sociale de la classe moyenne est au croisement entre s’enfoncer dans la précarité ou amorcer un avenir plus reluisant. De l’un ou l’autre, les facteurs ci-dessus cités laissent les ménages concernés perplexes quant à leur devenir.
La Commission des finances et du développement économique de la Chambre des représentants a adopté, samedi, à la majorité, la première partie du projet de loi de finances de l’année prochaine (PLF-2024). Les principaux amendements ont porté sur une augmentation des taxes intérieures de consommation (TIC). Il est évident que cela aura un impact direct sur l’Indice des Prix à la Consommation (IPC) et donc sur le pouvoir d’achat, notamment celui de la classe moyenne, qui représente plus de 50% de la population.
Serait-ce le coup de grâce que la politique publique portera à une classe moyenne déjà fragilisée par l’inflation ?
Une classe moyenne, qui par définition, d’un côté ne possède pas suffisamment de richesses pour appartenir à la classe supérieure, et de l’autre elle est facilement susceptible de basculer vers une catégorie plus défavorisée si elle perd son pouvoir d’achat.
Selon les résultats de l’enquête permanente de conjoncture auprès des ménages, menée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), la note publiée au cours du troisième trimestre de l’année en cours indique que 42,2% des ménages déclarent s’endetter ou puiser dans leur épargne pour couvrir leurs dépenses.
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La Banque Mondiale estime que la classe moyenne marocaine commence à partir d’un seuil de revenu de 10 000 dirhams par mois, tandis que le Haut-Commissariat au Plan (HCP) considère qu’il s’agit des foyers marocains gagnant entre 0,75 et 2,5 fois la médiane des revenus, ce qui correspond à une fourchette située entre 3000 et 7000 dirhams par mois. Il est donc clair qu’il s’agit aujourd’hui d’une classe qui n’est ni assez aisée pour maintenir un train de vie conforme à celui mondialement reconnu pour la classe moyenne, ni assez démunie pour bénéficier des aides directes de l’État.
Si les revenus des ménages ne s’améliorent pas et si les prix à la consommation continuent la hausse vertigineuse qu’ils ont connu les dernières années, la classe moyenne risque tout simplement de disparaître.
Que dit le gouvernement ?
Lors de la conférence de presse qu’il a tenu le jeudi 26 octobre à la fin de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, a affirmé que le gouvernement adopte une approche progressive dans la construction et la consolidation des piliers de l’État social. Il a également mentionné que dans les années à venir, le gouvernement lancera des réformes et des initiatives en faveur de la classe moyenne, compte tenu de son rôle au sein de la société.
Lors de la dernière session de discussion sur le PLF 2024 tenue par la Commission des finances et du développement économique de la Chambre des représentants, M. Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget, a souligné la nécessité de maîtriser l’inflation pour garantir les droits de la classe moyenne.
Cette déclaration de M. Lekjaa rejoint les promesses du gouvernement de faire de l’état social le cheval de bataille pour cette mandature. Mais au vu de la situation et du contexte exogène, il est évident que l’attelage de la Majorité devra faire un peu plus d’efforts pour tenir ses promesses.