Porte-voix d’une Afrique vulnérable, le Maroc se fait l’avocat de la cause climatique
Le remarquable activisme de la diplomatie marocaine au service de l’agenda climatique mondial aura été l’un des faits marquants de l’année qui s’achève, durant laquelle le Royaume a pris la présidence de la 22e Conférence mondiale sur le climat (COP22). L’enjeu de taille que représente l’accord historique de Paris, arraché il y a un an face à l’urgence des changements climatiques, a incité le Royaume à agir à plusieurs niveaux en vue de baliser la voie à une mise en œuvre sans couacs de cet instrument international.
Rabat a veillé en effet à rassembler les pays africains autour d’une perspective commune : faire de la COP22 une conférence de l’Afrique, partie du monde la plus vulnérable au réchauffement planétaire. Il s’est petit à petit érigé en porte-voix de tout un continent en faveur d’une feuille de route climatique plus sensible aux enjeux des financements et des transferts de technologie.
C’est dans cet esprit-là que s’inscrit le sommet africain organisé à Marrakech en marge de la grand-messe mondiale du climat, lors duquel les chefs d’Etat et de gouvernement du continent ont entériné une feuille de route pour doper le développement durable en Afrique. Fonds bleu pour le bassin du Congo, réhabilitation du Bassin du Tchad, projet de Grande muraille verte pour le Sahel et autres projets d’adaptation au réchauffement planétaire sont des initiatives phares lancées à l’occasion de ce « sommet de l’action ». Il a été aussi question d’accélérer la cadence de réalisation des projets déjà identifiés ou lancés, à l’instar de l’initiative marocaine triple A pour l’agriculture et celle dédiée exclusivement aux énergies renouvelables dans les pays du Sud.
Dans un discours empreint de vérité et de responsabilité, SM le Roi Mohammed VI a, lors du sommet, lancé un véritable plaidoyer en faveur des pays du Sud, premières victimes des effets du changement climatique bien qu’ils ne soient pas les plus grands pollueurs. Le Souverain a notamment appelé à faire bénéficier les Etats vulnérables et pauvres d’un « soutien financier et technique urgent leur permettant de renforcer leurs capacités et de s’adapter aux changements climatiques ».
En outre, SM le Roi a insisté sur la nécessité pour les pays avancés de mobiliser, à l’horizon 2020, cents milliards de dollars promis à Paris. Pour le Maroc, le transfert de technologies, la recherche et l’innovation dans le domaine du climat doivent être des priorités, tout en impliquant les acteurs non gouvernementaux.
En amant de la conférence de Marrakech, les échanges entre diplomates et experts ont permis de tracer les contours de solutions innovantes à développer et à mettre en œuvre en coopération avec les secteurs de l’économie et de la finance, dont la place de choix a été mise en évidence au cours de ce rendez-vous.
L’accord de Paris répond certes à l’urgence de contenir le réchauffement sous le seuil critique de 2 °C, mais laisse ouverte une série de questions tout aussi fondamentales, en premier lieu la garantie de financements des pays du Nord vers le Sud. D’où, les parties prenantes avaient à faire face au besoin pressant de progresser vers un consensus international à propos d’une vision détaillée de ce que chaque pays doit réaliser concrètement et sans attendre, à la lumière de l’accord de Paris.
Dans cet esprit, le Maroc s’est mobilisé auprès des divers acteurs mondiaux en vue de faire valoir les préoccupations des communautés les plus vulnérables aux changements climatiques, un sujet qui a été inclus pour la première fois dans l’accord de Paris. C’est le cas de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) qui ne cesse de plaider la cause des migrants climatiques et d’autres groupes exposés aux aléas du temps, à l’origine entre autres de déplacements de populations. « Le changement climatique n’est pas sans impact sur la vie des gens puisqu’il se traduit par la perte de leurs moyens de subsistance, entraînant des mouvements migratoires à l’intérieur comme à l’extérieur des pays », estime Dina Ionesco, chef de la division migration, environnement et climat à l’OIM.
Le sommet de Marrakech, a noté Mme Ionesco, a contribué à la promotion de solutions concrètes en matière d’investissement dans les technologies et les emplois verts dans des zones où il y a beaucoup de départs pour aider les gens à se maintenir dans leurs régions. De l’avis de l’ONU, de telles idées sont des exemples édifiants d’actions qui pourraient être mises en œuvre en collaboration avec les autorités et les populations concernées. « Il faudra discuter de la problématique migratoire sous l’angle du climat et l’on attend que les résultats de la COP22 nous aident à agir dans ce sens « , a-t-elle soutenu.
Après Paris, Marrakech a en tout cas réussi à dissiper les craintes de l’humanité et atteindre l’objectif de contenir l’élévation des températures et ses impacts planétaires tant redoutables.