Pour l’honneur de Jamal Debbouze
Par Hassan Alaoui
Lors d’une émission ubuesque de télévision algérienne qui tient de l’indécrottable et éruptive psychopathologie anti-marocaine , un quidam recueilli d’on ne sait où, s’est aventuré à associer Jamal Debbouze à cette pitoyable affaire de l’arbitrage de la finale ayant opposé le Cameroun et l’Algérie, montée par celle-ci.
L’émission populaire à coup sûr, n’avait aucune raison justifiée de citer, d’accepter la malsaine suggestion d’un participant malveillant et encore moins de la laisser écouter par les téléspectateurs pour mettre en cause un artiste, un citoyen innocent en « l’insultant » – c’est le cas de le dire.
On est plus que tombé à la renverse, plus que choqué qu’une chaîne de télévision et ses relais sociaux aient à ce point fait fi de la déontologie professionnelle, ait enterré sans scrupules l’éthique humaine pour annoncer, avec l’air d’une certitude, que Jamal Debbouze soit devenu l’instigateur d’une cabale anti-algérienne. Et cette affirmation n’était pas faite le doigt sur la bouche ou comme l’on dit mezza voce , mais de manière si abrupte qu’elle nous interpelle.
Bien entendu, elle nous interpelle et nous ne pourrons jamais accepter l’injure indigne envers un artiste emblématique, un humaniste qui incarne l’universalisme, un citoyen du monde à la sociabilité et l’étendue de talent exemplaires. Jamal Debbouze est victime non seulement d’une méprise de la presse algérienne, mais l’objet d’un complot contre l’image du Royaume du Maroc. On ne s’attardera pas ici sur les motivations trempées dans la jalousie voire l’aveuglement du système de pensée d’une catégorie d’Algériens – simples d’esprits bien sûr – qui n’en démordent pas de chercher le bouc émissaire idoine à leurs échecs répétés sur tous les plans : politique, économique, culturel et maintenant artistique. S’attaquer – avec cette violence et des paroles mensongères – à Jamal Debbouze, c’est s’attaquer d’une part au Maroc et son authenticité, et d’autre part faire preuve d’une médiocrité rampante.
« Il fait les beaux jours du Maroc »…, a clamé impunément et toute honte bue un participant à une émission de télévision algérienne. Qu’à cela ne tienne, mais le pourfendeur continue avec la hargneuse prétention de tout savoir, de tout livrer : « Le gars côtoie le Roi, il côtoie Lakjâa, le président de la Fédération royale marocaine de football. Il est influent, il vit à Paris. Gassama a des relations en France…Moi je ne suis pas spécialiste dans les questions d’arbitrages, mais on a beaucoup de preuves… ». Ce procès à charge relève de la psychopathologie qui, outre l’offense faite à un artiste de renommée mondiale, s’adresse au public algérien, traité comme immature pour avaler une campagne mensongère indigne d’une chaîne de télévision qui lubrifie un nationalisme de mauvais aloi. Elle nourrit l’imaginaire fantasque d’un peuple en mal de logomachies hostiles, travaillé au corps par les stipendiés d’un régime aux abois.
Nous atteignons au summum de la rancœur inutile, parce que Jamal Debbouze, symbole de l’universalisme et de la diversité incarne la liberté artistique, l’heureux paradoxe d’une société française en plein désarroi. Il est lui-même, il est nous tous, et pas seulement l’image iconique fabriquée par les chaines et les médias. La sensibilité nouée au corps, Jamal est désormais – et depuis fort longtemps – le combattant de la liberté, une âme vouée à la solidarité humaine, à la fois dantesque et voltairienne. Il est l’artiste, le porte-voix de tous les épris de justice, de tous les peuples… En terre extrême, Jamal est l’inventeur du nouveau mode existentiel, celui qui déchiffre pour nous les espaces de vie, qui rafraîchit nos mémoires et réécrit en quelque sorte notre histoire et notre mémoire. Car un peuple sans mémoire est un peuple perdu…