Présentation à Casablanca de l’ouvrage « Les Sépharades du Québec »
L’auteure et professeure d’histoire contemporaine, Yolande Cohen, a présenté, jeudi au Musée du judaïsme marocain à Casablanca, son ouvrage « Les Sépharades du Québec », qui tente d’appréhender le déroulé de l’insertion de cette communauté dans la partie francophone du Canada.
Le livre est une enquête basée sur les études consacrées à cette émigration, mais aussi sur la perception des sépharades eux-mêmes de leur insertion dans la société québécoise, à travers des histoires orales où les personnes interrogées racontent leur parcours en partant du Maroc jusqu’à leur établissement à Montréal et à Toronto.
Mme Cohen a expliqué que l’émigration des juifs marocains au Québec s’inscrit dans le cadre des mouvements de déplacement de populations qui ont suivi la seconde guerre mondiale et l’effondrement des empires coloniaux, soulignant qu’en l’espace de 30 ans, particulièrement entre 1948 et 1980, la quasi-totalité de cette communauté a pris la route de l’exil.
Sur place, le dépaysement total et le sentiment d’étrangeté absolu ont poussé les émigrants vers une quête identitaire qui, dans le contexte du pays d’accueil, a coïncidé avec l’affirmation du fait français face aux anglophones poussant cette communauté à se présenter désormais sous l’identité francophone et sépharade, a-t-elle relevé.
Par la suite, poursuit l’auteure, un florilège d’institutions communautaires, aidées par la politique canadienne du multiculturalisme, ont vu le jour, en vue de préserver et de promouvoir la culture sépharade à travers des organisations qui assurent l’éducation juive en français comme les écoles Maïmonide, ou via la tenue de festivals et autres activités culturelles qui servent de vitrine publique à la communauté.
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Mme Cohen a par ailleurs déploré le fait que les jeunes, en rupture avec la génération de leurs parents, s’affirment désormais comme étant juifs et montréalais et non pas juifs marocains, notant toutefois que l’arrivée importante de musulmans originaire du Maroc ces dernières années suscite quelques rapprochements entre les deux communauté, notamment grâce aux efforts du Conseil de la Communauté marocaine à l’étranger (CCME).
La brève histoire de la communauté juive d’origine marocaine au Québec témoigne de sa capacité à intégrer les influences locales et internationales qu’elle subit, tout en cherchant à définir son identité, a estimé Mme Cohen, soulignant que ce modèle de métissage, dont l’efficacité est attestée par de longs siècles de cohabitation en terre d’islam, pourrait lui servir de base pour fonctionner dans une société moderne plurielle.
Pour réaliser cet ouvrage, Yolande Cohen s’est entou rée d’une équipe composée de cinq de ses étudiants que sont Oli vier Bérubé- Sasseville, Antoine Bur gard, Chris tine Chevalier-Caron, Ste ven Lapi dus, Mar tin Mes sika et Phi lippe Néméh-Nombré.