Présidence de l’OSCE : Vienne passe le témoin à Rome pour un mandat qui s’annonce délicat
L’Italie représentée par son chef de la diplomatie, Angelino Alfano, a succédé jeudi à l’Autriche au niveau de la présidence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et ce, pour un mandat d’une année.
Comme lors de la présidence autrichienne l’année dernière de cette organisation, le conflit ukrainien sera en tête des priorités, outre la lutte contre le terrorisme et la radicalisation ainsi que la problématique migratoire. D’emblée, M. Alfano a annoncé qu’il se rendrait en Ukraine et en Russie pour intensifier les efforts visant à mettre fin au conflit dans l’est de l’Ukraine.
« Nous pensons qu’il est important d’intensifier les négociations » pour mettre fin au conflit, a-t-il déclaré lors d’une réunion jeudi de l’OSCE à Vienne, indiquant que son déplacement est prévu du 30 janvier au 1er février.
La crise ukrainienne, en particulier la question du déploiement de forces de maintien de la paix dans ce pays en proie à une guerre civile depuis novembre 2013, a d’ailleurs dominé les travaux de la dernière session du Conseil ministériel de l’OSCE tenue en décembre dernier,
Et pour cause, les positions de la Russie et des États-Unis restent inconciliables. Moscou propose le déploiement de Casques bleus pour protéger les observateurs de l’OSCE chargés de superviser le cessez-le-feu plus que fragile entre les forces de Kiev et les rebelles séparatistes. Mais les puissances occidentales, en tête les États-Unis plaident pour un mandat plus étendu visant au maintien de la paix dans toute la région disputée du Donbass dans l’est de l’Ukraine.
Cette proposition d’un mandat élargi est jugée inacceptable pour le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui l’avait alors assimilée à « une administration d’occupation ayant pour objectif d’enterrer un ensemble de mesures unanimement approuvées par le Conseil de sécurité de l’ONU, et de résoudre ce problème par la force ».
En réponse le secrétaire d’État américain, Rex Tillerson, avait affirmé que les divergences entre Washington et Moscou sur le conflit en Ukraine faisaient « obstacle à toute normalisation » des rapports entre les deux pays.
»C’est l’obstacle le plus difficile pour normaliser nos relations », avait-il dit avant d’ajouter que « de tous les défis auxquels l’OSCE est confrontée aujourd’hui, aucun n’est plus difficile et frustrant que la situation en Ukraine ». Il avait également déclaré que ‘‘les États-Unis ne lèveront pas leurs sanctions tant que durera le contrôle de la Russie sur la Crimée et le Donbass ».
Face à la persistance des divergences et la difficulté de trouver un compromis, le Secrétaire général de l’OSCE, le Suisse Thomas Greminger, avait déploré le fait que ‘‘la confiance entre les principaux acteurs est au plus bas ».
Le conflit entre l’armée ukrainienne et les séparatistes a fait plus de 10.000 morts depuis son déclenchement en avril 2014. Des affrontements surviennent régulièrement en dépit de la signature des accords de paix de Minsk en 2015 et les trêves. Environ 700 observateurs de l’OSCE sont chargés de contrôler le respect desdits accords de paix conclus sous l’égide de la France et de l’Allemagne.
Dans son dernier rapport, l’OSCE a enregistré 26.000 violations du cessez-le-feu entre le 11 et le 22 décembre, soit une hausse de 25 pc par rapport aux deux semaines précédentes.
L’OSCE est une organisation intergouvernementale regroupant 57 pays d’Europe, d’Asie centrale et d’Amérique du Nord. Cette organisation offre aux pays qui en sont membres un forum de discussions et de négociations sur tous les aspects des questions de sécurité : politiques, militaires, environnementaux, économiques et humains. L’OSCE organise également des missions de contrôle et d’assistance des élections dans ses pays membres. Elle soutient également les processus de démocratisation. L’OSCE est l’une des principales organisations internationales à conduire des missions d’observation des élections en Europe.
Les missions d’observations des élections permettent à des spécialistes indépendants envoyés par d’autres pays, d’observer le déroulement des élections, de faire un rapport et une évaluation sur le déroulement des préparatifs, de la campagne, du scrutin lui-même et du dépouillement, et de donner des recommandations. elle organise des missions d’observation dans tous ses États membres, y compris les « vieilles démocraties » occidentales.
Le Maroc est l’un des onze pays partenaires asiatiques et méditerranéens de l’organisation avec laquelle le Royaume entretient de fructueuses relations de coopération.