Présidentielle en Algérie : la France sort prudemment du silence
Par Saad Bouzrou
Près de deux mois après la réaction officielle de la France suite à l’annonce de la démission de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika, Paris revient mardi 28 mai et s’exprime sur la situation en Algérie, affichant une crainte quant à la probabilité d’un report de la présidentielle prévue le 4 juillet prochain et évoquant le rôle de l’armée algérienne dans l’organisation des élections.
Le nombre de candidats très réduits à la présidentielle en Algérie fait planer un doute sur cette élection prévue le 4 juillet 2019 et fait réagir le ministre français des Affaires étrangères et de l’Europe, Jean-Yves Le Drian, qui lors d’une réunion à l’Assemblée nationale française, a tenu à dissiper le brouillard autour de la position de la France sur cette élection, voulue bon gré mal gré par l’armée et refusée par le peuple algérien.
«En Algérie, nous sommes maintenant à trois mois du début de la contestation. Après plusieurs semaines de manifestations pacifiques, le président Bouteflika a présenté sa démission le 2 avril. Le Parlement a désigné un président par intérim dans l’attente d’une nouvelle élection qui devrait normalement avoir lieu le 4 juillet et le problème c’est que pour qu’il y ait une élection, il faut qu’il y ait des candidats et, voilà, donc les candidats ne se manifestent pas», a-t-il déclaré, précisant qu’«il y a deux candidatures qui ont été reçues par le conseil constitutionnel».
L’ancien maire socialiste de Lorient a ensuite parlé du mouvement de contestation en Algérie, qui pour la 14ème semaine consécutive, est descendu vendredi dernier dans tout le pays pour demander entre autres l’annulation des élections : «il y a une situation très particulière où il y a des manifestations qui se poursuivent dans le pays, avec des aspirations profondes pour ouvrir un nouveau chapitre de l’histoire de l’Algérie», poursuit-il.
Ensuite, Le Drian a encensé les appels d’Ahmed Gaïd Salah, le chef d’état-major, à «ouvrir la voie vers la tenue des prochaines élections dans les plus brefs délais possible» en déclarant qu’«il y a aussi la volonté des autorités militaires de faire en sorte que la constitution telle qu’elle est puisse s’appliquer. D’où la répétition de l’engagement par M.Ahmed Gaïd Salah de faire en sorte que l’élection puisse avoir lieu le 4 juillet», a-t-il souligné.
Rappelons que la presse algérienne a estimé lundi dernier peu probable une tenue le 4 juillet de la présidentielle censée élire le successeur d’Abdelaziz Bouteflika, seules deux personnalités «sans envergure» ayant déposé leur candidature dans les délais.