Présidentielle US: Quand le casse-tête des votes par courrier exacerbe l’angoisse des résultats
De la pandémie, à l’injustice raciale, en passant par le récent malaise économique, l’opinion publique américaine semble avoir fait le tour des questions clés sur lesquelles peut se jouer l’élection présidentielle, pour se pencher enfin sur le vote par correspondance et l’incertitude autour de l’annonce des résultats.
A ce jour officiel du scrutin présidentiel, sur une centaine de millions d’Américains qui ont déjà voté, plus de 60 millions ont envoyé leurs bulletins par poste, un niveau record qui s’explique notamment par les craintes liées à la pandémie de coronavirus ayant fait plus de 230.000 morts dans le pays. Privilégié selon les analystes par la moitié des électeurs cette année, le vote par correspondance est possible dans la plupart des Etats, certains parmi eux ayant automatiquement envoyé des bulletins de vote aux citoyens, alors que dans d’autres, il est indispensable aux électeurs d’en demander.
Ce mode de scrutin, qui était réservé durant les élections précédentes à une poignée de cas particuliers, comme les personnes âgées ou à mobilité réduite, incapables de se déplacer au bureau de vote le jour de l’élection, a été presque généralisé de par le pays cette année, et ce, en raison de la crise sanitaire, qui demeure la préoccupation majeure de la majorité des électeurs. La plupart des Etats ayant offert cette possibilité à leurs électeurs exigent que les bulletins soient placés dans des enveloppes signées qui seront ultérieurement postées dans des urnes de vote par correspondance ou déposées auprès des autorités compétentes, tandis que d’autres recommandent l’utilisation d’une seconde enveloppe dite de « confidentialité », dans laquelle le bulletin est dans un premier temps placé avant d’être glissé dans l’enveloppe d’envoi.
Le vote par correspondance semble cependant poser plusieurs problèmes au niveau du décompte des voix, un processus long, complexe et parfois manuel, nécessitant ainsi ressources humaines et temps considérables. Ce travail laborieux débute lorsque les responsables électoraux reçoivent un bulletin de vote, qu’ils préparent pour le dépouillement, une étape dite de « pré-traitement ». Dans quelques Etats comme la Pennsylvanie, cette dernière ne commence que le jour de l’élection. Durant cette première étape, les responsables commencent souvent par vérifier l’enveloppe contenant le bulletin de vote. Si celle-ci dispose d’un code-barres, comme c’est le cas en Pennsylvanie, les responsables la numérisent, pour ensuite vérifier leurs registres afin de s’assurer que l’électeur n’a pas déjà voté.
Les responsables électoraux inspectent ensuite l’enveloppe pour s’assurer qu’elle porte les signatures nécessaires et la bonne adresse. Dans certains Etats comme l’Arizona, ils doivent faire correspondre la signature de l’électeur sur l’enveloppe avec une autre sur dossier. Si un problème est détecté au niveau de l’enveloppe, certains Etats contactent l’électeur pour procéder à une correction. Dans certains cas, les bulletins de vote qui ne peuvent pas être corrigés sont rejetés et, si les bureaux de vote sont toujours ouverts, l’électeur pourra dans ce cas bénéficier d’un nouveau bulletin où il pourra inscrire son choix.
En outre, les bulletins de vote qui ne peuvent être corrigés sont rejetés. Les responsables électoraux enchaînent avec le tri des bulletins de vote dans leur enveloppe, généralement par circonscription. Parfois, les bulletins de vote sont classés par ordre alphabétique et comparés aux registres de scrutin. Enfin, les responsables électoraux ouvrent l’enveloppe extérieure et retirent le bulletin de vote. Certains comtés exécutent cet acte à la main, tandis que d’autres utilisent une machine à grande vitesse. Dans les États où les bulletins de vote sont en outre contenus dans une enveloppe de confidentialité, celle-ci doit également être retirée. Les bulletins de vote sont ensuite aplatis pour passer dans des scanners, une étape qui nécessite précision et attention aux détails.
Les responsables doivent en effet inspecter les bulletins de vote à la recherche de déchirures, ou de taches d’encre, pouvant poser problème lors du passage dans le scanner. Les bulletins de vote endommagés ne peuvent pas être introduits dans les machines, mais peuvent être refaits sous une surveillance appropriée, et ce, en ayant recours à l’expertise d’une équipe bipartite qui veille à transférer les votes des bulletins endommagés à des bulletins blancs, qui seront également introduit dans des scanners.
En raison de ce long et laborieux travail de vérification, l’issue du scrutin peut ne pas être connue le 3 novembre, sachant que dans de nombreux Etats, le dépouillement des votes ne commence qu’à la fermeture des bureaux de vote. Alors, ceux qui attendent impatiemment les résultats aux premières heures du 4 novembre sont invités à ne pas retenir leur souffle, l’annonce officielle du gagnant ne pourrait se faire que dans les jours, voire les semaines à venir.
( Avec MAP )