Profits avantageux : Le Conseil de la Concurrence épingle les compagnies
Le Conseil de la Concurrence a mis en évidence les pratiques des compagnies d’hydrocarbures. Neuf compagnies actives dans les domaines de l’approvisionnement, du stockage et de la distribution de gasoil et d’essence se partagent 90 % des importations globales et 83 % des volumes vendus. En 2023, le chiffre d’affaires total de ces sociétés, réalisé dans le segment de la distribution, s’est élevé à 79 milliards de dirhams. Ces entreprises ont généré des marges importantes et des profits avantageux, malgré la baisse des prix sur les marchés internationaux. C’est dans ce contexte que le Conseil de la Concurrence a sanctionné ces neuf compagnies.
Selon le Conseil, en 2023, le coût d’achat moyen du gasoil a atteint 10,33 dirhams par litre. Pour l’essence, le coût d’achat moyen pondéré des opérateurs de distribution a été de 11,42 dirhams par litre sur la même période, tandis que le prix de vente moyen était de 11,67 dirhams par litre pour le gasoil et de 13,21 dirhams par litre pour l’essence.
Le 13 novembre 2023, le Conseil de la Concurrence a validé des accords de transaction avec neuf sociétés actives dans l’approvisionnement, le stockage et la distribution de gasoil et d’essence, ainsi qu’avec leur organisation professionnelle. Ces accords comprennent le paiement d’une amende transactionnelle et l’adoption d’une série d’engagements comportementaux par les sociétés et leur organisation professionnelle. Parmi ces engagements figure la communication d’un rapport trimestriel par chaque société, permettant le suivi de leurs activités.
Durant les deux dernières années, les importations de gasoil et d’essence ont diminué de 21,5 % en valeur, passant de 66,3 milliards de dirhams en 2022 à environ 52,7 milliards de dirhams en 2023, malgré un volume d’importations quasi identique. Cette baisse est principalement due à la chute des prix des carburants raffinés sur le marché international, en particulier ceux du gasoil, qui représente près de 90 % des importations de carburants du pays.
Il existe une corrélation évidente entre les prix de vente publics du gasoil et de l’essence et les prix internationaux de ces produits raffinés. Les engagements pris par les entreprises d’hydrocarbures, sous la supervision du Conseil de la Concurrence, incluent la transparence des activités d’approvisionnement, de stockage et de distribution, avec des rapports trimestriels détaillés. Les entreprises se sont également engagées à ajuster leurs prix selon l’offre et la demande, permettant aux stations-service indépendantes de modifier leurs prix sans autorisation préalable. Le suivi de ces engagements sera assuré par le Conseil, qui recevra des rapports d’évaluation périodiques.
Lire aussi : Epilogue d’un long différend entre le Conseil de la concurrence et les distributeurs de carburant
Entre 2022 et 2023, six nouveaux opérateurs sont entrés sur le marché de l’importation, entraînant une baisse de 3,6 points de la part de marché des neuf sociétés concernées par le rapport, passant de près de 92,6 % à environ 89 %.
Ventes de gasoil et d’essence en hausse de 3,75%
En 2023, les ventes annuelles de gasoil et d’essence ont augmenté de 3,75 %, atteignant environ 6,78 millions de tonnes, soit 8,12 milliards de litres, contre 6,53 millions de tonnes (environ 7,83 milliards de litres) en 2022. Le chiffre d’affaires total des neuf compagnies d’hydrocarbures a diminué d’environ 7 %, passant de 85 milliards de dirhams en 2022 à 79 milliards de dirhams en 2023. Le réseau des stations-service a atteint 3350 unités en 2023, dont environ 75 % appartiennent aux neuf opérateurs concernés, soit 2491 stations-service.
La capacité de stockage totale de gasoil et d’essence au Maroc a atteint fin 2023 près de 1,47 millions de tonnes, dont 86 % pour le gasoil, marquant une augmentation de près de 12 % sur un an et de plus de 33 % par rapport à 2020.
Le niveau de corrélation entre les variations des prix de vente, les cotations internationales et les coûts d’achat pondérés diffère selon les produits et les périodes. Pour le gasoil, la corrélation entre les variations des prix internationaux, les coûts d’achat et les stocks est élevée, avec un coefficient de corrélation proche de 0,88. Pour l’essence, la corrélation est plus faible, avec des coefficients de 0,62 pour les prix de vente par rapport aux cotations et de 0,78 pour les prix de vente par rapport aux coûts d’achat. Ces niveaux de corrélation varient au cours de l’année, reflétant la répercussion différenciée des variations des cotations et des coûts d’achat sur les prix de vente.
Il a été observé un décalage dans la répercussion de ces variations sur les prix de vente, soit par lissage sur plusieurs périodes en cas de hausse des coûts d’achat, soit par retard dans l’application des baisses des cotations et des coûts d’achat. Ce phénomène peut s’expliquer par l’effet de stock, qui contraint les opérateurs à écouler les stocks achetés à des prix plus élevés en cas de baisse des prix, et par des effets de rattrapage entre les périodes de hausse et de baisse des prix.