Projet Bassatine Bouskoura : les clients réfutent les allégations de « Bzioui Immo »
S’étant procurés des appartements dans le cadre du projet Bassatine de Bouskoura réalisé par la société immobilière « Bzioui Immo », les clients attendent la livraison de leurs appartements depuis 2017. La livraison toujours « bloquée », aujourd’hui, ils se disent « victimes d’escroquerie » et ont porté leur affaire à la justice.
L’affaire portée par un groupe de clients contre la société immobilière « Bzioui Immo » devant le Tribunal de Première Instance d’Ain Sebaa à Casablanca se poursuit. Un litige qui remonte à 2016. « Arnaque », « escroquerie », « fausses promesses de vente », « non-respect des clauses du contrat de vente », « non-déclaration du montant payé par les clients », « locaux vendus plusieurs fois »… les accusations contre le groupe immobilier sont nombreuses et vont jusqu’aux violences physiques.
« C’est une trame d’arnaque que chaque victime reconnaîtra plus au moins », indique, en se confiant à Maroc Diplomatique, l’une des clients ayant choisi d’être cités en tant que « victimes de Bassatine Bouskoura », un groupe de 65 personnes, dont la majorité des Marocains résidant à l’étranger.
Comme le résume Me Fatna Sabour, l’avocate au barreau de Casablanca qui représente le groupe des clients, on pourrait dire « qu’il y a autant de problèmes à réclamer que de plaignants ». Ainsi, les plaintes ont été déposées auprès de Mr le procureur de Roi de Casablanca et une audience s’est tenue en mars 2022, précise-t-elle, ajoutant que « Mr Wahidi (Abdelhak Wahidi, Directeur commercial du groupe Bzioui Immo) a promis les victimes qu’il récupéreront leur argent objet d’acte de réservation dans un mois. Néanmoins, seuls 15 victimes ont été remboursées sans que la situation ne soit réglée avec l’ensemble des clients sur la liste ».
Ainsi, selon Me Sabour, cette promesse initiale n’a pas été tenue. Tout au contraire, lors de l’audience tenue en fin avril 2022, « sa décision a changé », regrette l’avocate. L’avocate et ses clients s’indignent ainsi du fait que le directeur commercial leur aurait envoyé une lettre de mise en demeure pour non-respect du contrat, et ce « en contravention avec le code des droits et obligations et du droit foncier », souligne l’avocate.
En mois de juin, deux séances de réconciliation ont été tenues, ajoute Me Sabour. Néanmoins, à ce jour, l’avocate et ses clients attendent une réponse définitive de la part de la société, affirme-t-elle en espérant que « cela aboutira à des solutions claires et honnêtes et que la société tiendra les promesses formulées devant Mr le Procureur du Roi ». Un souhait qu’elle formule avec beaucoup d’hésitation, vu le « manque de confiance ».
Ce que réclament les clients
Dans un premier temps, les plaignants reprochaient au groupe le « retard » et le « blocage » de la livraison des appartements depuis plusieurs années. « Les 6 mois d’attente pour recevoir les appartements sont bien devenus 6 ans », s’indigne un autre client. « La société justifie ce retard par la situation pandémique depuis deux ans alors que les clients devaient être livrés trois ans avant l’apparition de la pandémie vu que le lancement du projet date de Décembre 2016 », détaille-t-il, insistant que le retard subi ne peut guère être justifié par la pandémie du Covid-19. Ainsi, face à la « non-réactivité » du groupe immobilier, les clients ont entamé depuis plusieurs mois « des mouvements de protestation contre la non-livraison de leur bien six ans après le paiement des premières tranches de règlement », ajoute notre source.
Néanmoins, alors que le groupe des « victimes de Bassatine Bouskoura » approfondissaient les investigations et renforçaient leur coordination, ils ont découvert de nouvelles données. Les clients ont découvert qu’ « un certain nombre d’appartements ont été vendus en tant que logement de moyen standing ou intermédiaires pour des montants qui dépassent les 40 millions de centimes, alors qu’ils sont déclarés au fisc comme étant des logements économiques », souligne notre interlocuteur. Le même point est repris par la première cliente contactée par nos soins et qui dénonce le fait que le groupe Bzioui n’a pas déclaré la totalité des montants des avances.
Jugeant cette accusation d’ « inacceptable », « Bzioui immo » a indiqué, de son côté, que que « le problème réside dans le fait que certains clients ont effectué des aménagements et réparations à l’intérieur de l’appartement, et ont par la suite inclut ces dépenses dans le prix de vente », rappelant que le prix d’un appartement économique est connu, il est estimé à 250.000 dirhams.
La société a même retorqué que lesdits clients « protestent afin de récupérer les sommes d’argent qu’ils avaient versées, la plupart d’entre eux n’ont même pas payé la moitié de la valeur du prix de l’appartement, et d’autres ont payé par chèques sans provision ».
Une explication que refusent les clients. Selon notre interlocuteur, « des défaillances de construction majeures sont constatées au sein des logements et les résidents actuels du projet vivent un véritable calvaire et ont eux-mêmes déposé des plaintes auprès du tribunal ». Une allégation que ce client affirme est prouvée par des photos et des vidéos.
Par ailleurs, alors que la société immobilière indique dans son communiqué que le groupe de clients, « refuse de terminer les procédures de vente, pour des raisons qui peuvent être liées à leur incapacité à pouvoir payer le reste du prix de l’appartement. Et au lieu de s’adresser à la direction de l’entreprise pour résilier le contrat amicalement, ils ont choisi la pression… », les clients démentent ce propos qu’ils estiment « complètement erroné ».
Le groupe de clients assure s’être « rendus à maintes reprises auprès du bureau de vente » pour finaliser les procédures de vente, mais la société a « refusé » de les accueillir et se sont retrouvés devant des portes fermées. « Clôtures grillagées, renforcées par un grand nombre d’agents de sécurité accompagnés de chiens de garde », décrivent-ils. D’autant plus, des clients se seraient récemment rendus au site du projet le lundi 13 Juin 2022 en compagnie d’un huissier de justice, mais « les responsables du projet ont refusé de les accueillir afin de finaliser la vente en question ».
La société « Bzioui Immo » aurait en outre refusé de remettre les clefs aux clients « qui ont payé la totalité du prix du bien vendu et qui ont des contrats avec des preuves justificatives », réclament d’autres membres du groupe.
Les clients auraient aussi découvert que des changements ont eu lieu au niveau des références des appartements, réclame un des clients. « La société justifie cela par la rectification du plan cadastral, mais sans aucun appui justificatif », annonce-t-il. Dans le cadre d’une longue liste de réclamations, les clients dénoncent aussi des « doubles ventes, des ventes fictives de certains locaux commerciaux ainsi que des constructions sur sol d’autrui », note également notre interlocuteur.
Pour l’heure, l’affaire reste pendante devant la justice, malgré les « conciliabules », selon Bzioui Immo.