Protection du patrimoine : La culture, première victime des conflits
La culture est la première victime des conflits et des crises dans un monde ébranlé par les tensions géopolitiques, a affirmé, mardi à Rabat, le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid.
« La culture est ce qui nous rassemble et nous unit, en dépit des différences, des spécificités, de la mémoire et de l’histoire diverses. Malheureusement, ce pont est la première victime des conflits et des crises », a souligné M. Bensaid qui s’exprimait à l’ouverture d’un colloque international sur « La protection du patrimoine culturel durant les crises humanitaires et la question de l’effectivité« .
Le patrimoine, avec ses composantes matérielles et immatérielles, est directement exposé aux effets des conflits, malgré les dispositions de la Convention de La Haye de 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé, a expliqué le ministre.
Cette convention est importante dans la mesure où elle trace la bonne voie devant une humanité plus que jamais divisée, a-t-il estimé, notant qu’on peut faire appel à la culture et au dialogue pour permettre à cet instrument juridique d’aboutir à la résolution des conflits et l’instauration de la paix.
Dans ce cadre, le Maroc est attaché à trois piliers, à savoir la culture, la paix et le droit international, a-t-il rappelé, ajoutant que sous la conduite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Royaume s’est engagé dans une coopération étroite et globale avec l’UNESCO en vue de la consolidation et la préservation du patrimoine matériel et immatériel aux niveaux africain et international. S’agissant de ce colloque, le ministre a mis en avant son importance cruciale, eu égard à la diversité des participants et à l’interaction qu’il favorise entre des universitaires, des responsables politiques et des organismes internationaux, notant que les discussions permettront de renforcer la diplomatie culturelle du Maroc et de consolider l’attachement à la protection de la culture par le biais du droit.
Et de rappeler que le Maroc est engagé, dans le cadre de l’initiative « ALIF », pour la protection du patrimoine dans les zones de conflit, sa préservation, sa promotion et son rayonnement international.
En application des Hautes instructions de SM le Roi, le ministère poursuivra son action en faveur de la protection et la valorisation du patrimoine, tout en mettant les expertises et les compétences marocaines à la disposition de l’ensemble des pays frères et amis, en particulier dans les zones de conflit, afin de préserver cet héritage précieux qu’est le patrimoine culturel, a indiqué le responsable gouvernemental.
Pour sa part, le directeur du bureau régional de l’UNESCO pour le Maghreb, Eric Falt, a relevé que « depuis des temps immémoriaux, la destruction des symboles de l’identité des peuples a toujours été une arme de guerre dévastatrice ».
Cette arme vise la destruction sans retenue du patrimoine culturel, des lieux de culte et des espaces des pratiques sociales, souvent séculaires, transmises de génération en génération, pour effacer la mémoire collective et toute trace de l’existence même des civilisations combattues puis vaincues, a-t-il mis en garde. Le responsable onusien a, dans ce sens, fait état d’une recrudescence des actes de destruction intentionnelle de grande envergure du patrimoine, portés par « des idéologies extrémistes et jusqu’au-boutistes » qui visent à éradiquer les expressions et le patrimoine culturels qu’elles considèrent « incroyablement comme une menace, une dérive, une hérésie ».
La diversité culturelle, qui caractérise l’humanité et fait partie de ses plus grandes richesses, doit à tout prix être défendue à la faveur d’une mobilisation internationale, notamment via les Nations unies dont les programmes et agences spécialisées sont au service des pays « pour accomplir nos objectifs communs de développement et de paix », a fait valoir M. Falt.
L’UNESCO, en tant qu’agence spécialisée dans les domaines de l’éducation, des sciences et de la culture, œuvre sans relâche à porter ce message, aussi fort et aussi loin que possible, a-t-il enchaîné, notant que l’Organisation a ainsi acquis une expertise importante en matière de préparation et de réponse, notamment dans le cadre de ses Conventions dans le domaine de la Culture.
Initié par la Commission nationale du droit national humanitaire en collaboration avec le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, ce colloque s’inscrit dans le cadre de la commémoration par la communauté internationale du 70e anniversaire de la Convention de la Haye de 1954 pour la protection du patrimoine culturel en cas de conflit armé.
Cette rencontre s’inscrit également dans le cadre de l’intérêt particulier qu’accorde le Maroc à la préservation du patrimoine national culturel et civilisationnel en termes de protection, de restauration, d’entretien et de valorisation, et de l’engagement permanent du Royaume en faveur de la protection et de la promotion du système du droit international humanitaire.
Avec MAP