Quand la presse algérienne disparaît du web marocain

Depuis quelques semaines, les internautes marocains tentant d’accéder au site de l’Algérie Presse Service (APS) se heurtent à un mur : l’accès est tout simplement bloqué. Cette décision, émanant des hautes sphères du régime algérien, a suscité des questionnements et relance une énième fois le débat sur la liberté d’information dans la région. Pourquoi un tel geste ? Que cherche à protéger ou à cacher Alger ? La situation illustre une fragilité du régime algérien.

Difficile d’ignorer l’empreinte du pouvoir algérien derrière le filtrage d’APS au Maroc. Des sources internes—ayant requis l’anonymat et cités par des médias—rapportent que la directive serait venue de responsables proches de la Présidence algérienne, préoccupés par le « regard critique » que pourraient porter les Marocains sur la ligne éditoriale d’APS. Officiellement, aucune communication claire n’a été diffusée pour justifier cette mesure.

Cependant, ce n’est pas la première fois que le régime algérien recourt à la censure en ligne pour limiter la diffusion ou l’accès à certaines informations jugées sensibles ou potentiellement nuisibles à l’image du pays. La même stratégie a déjà été utilisée pour filtrer des sites d’opposition, des blogs critiques et des médias internationaux lorsque la ligne éditoriale contrevenait aux intérêts de l’État.

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Aux yeux d’une partie de l’opinion publique marocaine, le blocage d’APS sur le territoire marocain n’est qu’une énième démonstration de la « propagande mensongère » que mènerait l’appareil médiatique algérien contre le Royaume. Plusieurs organisations de défense de la liberté de la presse ont dénoncé cette censure, y voyant la volonté de contrôler l’information et de maintenir une narration unilatérale des faits.

De l’autre côté de la frontière, certains médias proches du pouvoir algérien justifient ces mesures en évoquant une forme de « légitime défense » : selon eux, le Maroc mènerait depuis longtemps sa propre campagne médiatique contre l’Algérie. Pour ces voix officielles ou officieuses, il serait donc normal de protéger le lectorat algérien — voire l’opinion publique régionale — d’une supposée guerre de l’information orchestrée par le Maroc.

Dans ce bras de fer numérique, nombre d’internautes marocains — et même algériens — ont choisi de contourner la censure en téléchargeant des VPN (réseaux privés virtuels). Ces services, qui permettent de masquer l’adresse IP de l’utilisateur, rendent le blocage géographique obsolète.

Les plateformes de VPN constatent une hausse significative des téléchargements dans la région, un phénomène qui n’a rien de nouveau dans des pays où les libertés en ligne sont régulièrement entravées. À l’heure où l’information circule librement sur les réseaux sociaux, censurer un site devient aussi inefficace que symbolique.

Le geste de bloquer APS d’un côté et d’en restreindre l’accès pour les Marocains semble surtout cristalliser un nouveau chapitre dans le conflit médiatique alimenté et entretenu par Alger. Les internautes s’interrogent sur la portée de telles décisions dans un environnement numérique globalisé, où l’accès à l’information ne peut plus être totalement entravé.

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