Quand l’ambassadeur de France veut convaincre les Marocains au lieu des responsables français…
Par Hassan Alaoui
Christophe Lecourtier, nouvel ambassadeur de France vient d’accorder à notre confrère l’hebdomadaire marocain « Telquel » une « interview ». C’est davantage un article rédigé comme une tribune en faveur de la France, avec ses éléments de langage, une propension au manichéisme et relayé par l’indécrottable AFP.
Le premier réflexe est : Pourquoi cette sortie aujourd’hui de M. Lecourtier alors qu’un silence couve une grave, peut-être même la plus grave crise entre le Maroc et la France, provoquée par un président français jupitérien désemballé et son État profond qui « travaille » au massacre d’une relation au plus profond ?
En réalité, les « déclarations » de l’Ambassadeur de France, aussi limpides et intéressantes qu’elles soient ne devraient-elles pas être adressées aux hauts responsables et à l’opinion publique de France et non pas aux Marocains ? Ceux-ci ne sont-ils pas au fait de la crise qui sévit entre nos deux pays, ils ne se sentent nullement concernés ? Autrement dit, aussi simple que cela puisse paraître, le diplomate français devrait d’abord et surtout convaincre ses pairs à Paris et Strasbourg. Il y va d’une irascible volonté de se déjuger d’un vote inqualifiable contre le Maroc, auquel le plus proche collaborateur de Macron a pris part et que deux parlementaires bien françaises d’origine algérienne, la hargne au ventre, ont porté au cœur du parlement européen.
Si et si encore ! La France – autrement dit des membres de la majorité macronienne – a bel et bien poussé à la roue dans cette mascarade de vote. M. Lecourtier, le dit clairement pas.
Accompagnée de sujets qui traitent de l’ensemble – ou presque – des relations maroco-françaises, « l’interview » recouvre pas moins de 10 pages. En manchette de la couverture, il est titré que « La résolution du Parlement européen n’engage aucunement la France » ! Il eût pu préciser « la résolution contre le Maroc » ! L’imparable imprécision ici est paradoxalement d’une grande clarté. D’autant que toute l’interview de M. Lecourtier – qui connaît bien le Maroc – constitue manifestement un plaidoyer pro domo pour son pays, la France et, disons-le, prononcé comme une sorte de mea-culpa destiné à des citoyens et lecteurs marocains qui en savent davantage sur cette affaire de vote du 19 janvier qu’il ne le pense lui-même.
L’indécrottable misère déontologique de l’AFP
Troublant encore : quelque temps après la sortie dans Telquel de cet article, avec une joie maligne , la filandreuse Agence France Presse de Rabat, fidèle à ses habitudes de reprendre les « scoops » et de trancher à sa manière, quitte même à édulcorer, modifier voire falsifier les contenus, a bien entendu repris une partie de la déclaration de Christophe Lecourtier. Le Paradoxal et ahurissant aspect de la dépêche de l’AFP, c’est qu’en traitant des propos de l’Ambassadeur, elle se laisse aller de nouveau à sa récurrente pratique agressive contre le Maroc, et au lieu de s’en tenir aux propos de l’Ambassadeur, elle devient l’avocat du diable. Une volonté de déformer, de trahir même le contenu des paroles de ce dernier. Jamais l’ambassadeur n’a abordé les questions des libertés de presse au Maroc, ni bien entendu relayé les fallacieuses accusations des membres du Parlement européen, encore moins celles de sexisme. L’AFP qui n’est plus l’AFP depuis déjà longtemps devient ainsi le relais de tous les adversaires du Royaume et n’en finit pas de nous noyer dans ce déni informationnel et le parti-pris de l’hostilité.
Comment un correspondant d’une grande agence de presse, qui a eu pignon sur rue au Royaume des années durant, se laisse-t-il fourvoyer à ce point pour quasiment faire dire à un ambassadeur des choses qu’il n’a pas dites ? Comment faire de l’amalgame son argument ou mettre à profit une déclaration d’ambassadeur pour de nouveau s’attaquer au Maroc, aussi gratuitement et horriblement sans raison ? L’AFP devient en somme le relais – et c’est peu dire – des services français, aujourd’hui plus que jamais prompte à reprendre à son compte avec ses emberlificotages habituels tout ce qui s’attaque au Maroc. Et le vote du 19 janvier à Strasbourg d’une résolution ambiguë et sans portée aucune, lui fournit l’occasion de rebondir à répétition sur les sujets classiques auxquels nous sommes habitués, s’écartant totalement des déclarations de l’ambassadeur de France, bafouant la déontologie du métier.
L’ambassadeur de France n’a jamais évoqué le cas des journalistes condamnés, violeurs en tout état de cause, non plus la question du Sahara, encore moins le rapprochement franco-algérien qui, selon l’AFP, « continue de susciter des aigreurs à Rabat » ! Là encore, l’honorable « correspondant » de l’agence de presse français, ergotant à Rabat dans ses fantasmes, s’appuie sur les rumeurs et quelque ambiance malsaine pour faire dire aux responsables marocains ce qu’ils n’ont jamais dit et veut nous faire prendre des vessies pour des lanternes… Il pèche par l’habituelle hargne qu’il voue au Maroc, défend à tout bout de champ l’indéfendable et fait de l’ingérence dans la justice du Maroc… En somme le correspondant honorable de l’AFP est, ni plus ni moins, un Tartuffe…