Quand, vendant ses richesses et son âme l’Algérie veut complaire à Trump et sacrifie jusqu’à son identité

Par Hassan Alaoui
Finies donc les proclamations vertueuses ! On vend à tout va, désormais son âme et on piétine avec hallucination les beaux principes d’antan, sacrifiés tout simplement sur l’autel du cynisme. Franz Fanon où es-tu ? face à cette trahison à tout va, Angela Davis, le « Che » ou tout simplement tous ceux qui avaient implicitement ou ouvertement attaché leur nom, leur vie à cette Révolution algérienne, trahie, assassinée, ses générations successives renvoyées dans les fosses d’une dictature stalinienne hors norme…se livrent à l’exercice douloureux du désenchantement…Il n’est pas jusqu’au Hamas que Tebboune soutient à cors et cris qui sera logiquement renvoyé dans la trappe si demain Trump exige de ce dernier la reconnaissance d’Israël.
Il convient de rappeler qu’à Paris même, aux Editions Plon, notre confrère Farid Alilat, chercheur algérien , vient de publier cette semaine un grand livre révélateur : « Un crime d’Etat » consacré à l’assassinat de Krim Belkacem, chef historique du FLN , assassiné en octobre 1970 par les agents de Boumediene dans une chambre d’hôtel à Francfort ( Allemagne).
Depuis quelques semaines, à l’approche de l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche le 20 janvier dernier et jusqu’à nos jours, le régime militaire d’Alger est confronté à un dilemme : sortir de son isolement international et convaincre son opinion interne des changements radicaux qu’il prépare et qui sont à l’opposé de ce qu’il n’a cessé depuis 63 ans maintenant de proclamer avec véhémence. Le premier de ces changements est d’abord celui d’une révision déchirante de sa diplomatie, des rapports avec les États-Unis et, dans la foulée des paradoxes assumés à peine , la reconnaissance d’Israël agitée à présent non pas comme une simple hypothèse mais comme une option sérieuse de la junte militaire. Un véritable et stupéfiant renversement qui est au pays ce que la trahison des idéaux de la Révolution algérienne de 1954 fut aux combattants de celle-ci.
Ceux-ci avaient lutté corps et âme pendant huit ans pour libérer le pays, instaurer la démocratie et promouvoir les libertés ainsi qu’un État de droit sur la base d’un développement économique et social prometteur. La France, en quittant l’Algérie en 1962, avait en effet laissé un réseau puissant d’infrastructures et donc les conditions nécessaires et suffisantes d’un essor sans commune mesure avec ce qui existait ailleurs. S’il faut à présent caractériser l’évolution spectaculaire de la dictature militaire algérienne, on le ferait volontiers en recourant à cet impitoyable oxymore : une « révolution » tournant au désenchantement indigeste, des idéaux largués dans la vomissure ni plus ni moins, tant le paradoxe est flagrant !
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Depuis Boumediene, en effet, la propagande officielle n’a eu de cesse de nous rebattre les oreilles sur l’engagement révolutionnaire des dirigeants tourné en quenouille, de l’élite, des militaires, des intellectuels qui sont décimés, d’un Establishment dirigeant et de tous ceux qui tiennent le haut du pavé, nous abreuvant de balivernes sur la 3ème puissance économique du monde, nous saoulant même de cette sempiternelle prose à géométrie variable sur son inexistant leadership régional…Et surtout cette « prose du monde » de dénonciation systématique d’Israël et des États-Unis qui le soutiennent. Et j’en passe ! Les dernières années ont toutes connu une fiévreuse logomachie sur tous ces thèmes.
Aujourd’hui la junte militaire qui dirige l’Algérie, toute honte bue, change radicalement de cap et s’efforce de nous emberlificoter avec un cynisme qui nous laisse d’autant plus pantois que nulle explication, aucune ne saurait justifier cet hypocrite et désarçonnant changement au mépris des soi-disant principes d’antan. Elle brade son engagement envers les pays du Tiers-Monde contre un rapprochement avec les États-Unis, pourtant traités de pays impérialiste et de soutien indéfectible de l’État d’Israël jamais appelé de son nom mais – comble de la honte – « d’entité sioniste », nous renvoyant à un langage que bien sûr la grande majorité des pays de l’ONU et celle-ci également, désapprouvent en tout état de cause. Le président Abdelmajid Tebboune, tout à sa mauvaise foi devenue caricaturale, doublée d’une culture de complot et de démagogie, dans les pas de son prédécesseur lointain – Houari Boumediene – reste le modèle iconique de la haine antimarocaine. Il n’en démord pas de détruire notre pays, tout comme son janissaire Saïd Chengriha, plus soudard de sous-préfecture que général…
Un virage de 360 degrés…
Sans état d’âme aucun, le gouvernement algérien enterre ses accusations contre les États-Unis et Israël, mais aussi son « intangible » amitié avec la Russie, allié historique, avec l’Iran son fournisseur de mercenaires et s’incline au nom du cynisme devant Trump. Comment comprendre ou juste imaginer qu’un Sabri Boukadoum arpente de plus en plus les arcanes du pouvoir américain pour approcher l’Administration américaine, déployer un art consommé de l’ostentatoire hypocrisie, séduire ses dirigeants, les centres de décisions, les groupes d’influence et tous ceux qui sont dans le jeu de la sphère de la Maison Blanche ? L’ambassadeur algérien à Washington est désormais voué corps et âme à une seule et obsessionnelle mission : approcher Donald Trump ! S’il n’y a pas réussi jusqu’ici , il n’a cessé en revanche de jouer la carte de l’économie et des finances, proposant à qui veut l’entendre le marché de dupes du siècle : il a officiellement proclamé la décision – plus qu’une volonté – de son gouvernement d’offrir les minerais rares, les terres agricoles, les mines ordinaires, les richesses pétrolières et gazières de l’Algérie, tout le patrimoine du peuple algérien dilapidé, enfin comme il l’a dit lui-même « le ciel et la terre de l’Algérie » en échange de ses faveurs offerts ainsi au président Donald Trump. Pour autant et jusqu’à nouvel ordre, celui-ci ne semble pas séduit par la valse de propositions alléchantes de l’ambassadeur d’Algérie, du moins jusqu’à preuve du contraire.
Or, la reconnaissance de la marocanité du Sahara que Donald Trump a proclamée solennellement en décembre 2020 n’était pas un simple fait du hasard. Ni un acte pris intuitu personae. Mais un engagement dûment réfléchi et entériné au niveau des instances supérieures de l’État fédéral, du Sénat et autres organes décisifs. Autrement dit, ce n’est pas une décision prise au nom personnel du président américain, mais bel et bien de la République des États-Unis qui l’a adoptée à l’unanimité. Elle est inscrite sur le fronton de la République américaine comme une devise, gravée sur le marbre
Jamais de mémoire d’homme en effet pareille aberration n’a été commise dans aucun autre État digne de ce nom, qui plus est affublé de « nation révolutionnaire et martyre » et qui a sacrifié la vie de millions de ses citoyens au nom de la liberté et de l’indépendance ! Boumediene qui est à l’idéologie de la junte militaire ce que le prophétisme envahissant fut à son désastre économique et politique, se retournerait à coup sûr dans sa tombe devant l’infamie que le régime militaire d’Alger incarne.
Sabri Boukadoum fait le pied de ou grue devant le Département d’État américain et la Maison Blanche, il propose ni plus ni moins l’achat par l’Algérie chaque année de matériel militaire américain d’une valeur de 15 Milliards de dollars, l’offre tout de go des richesses nationales et, dans le « panier » alléchant …la reconnaissance d’Israël …Tout de même, on tombe à la renverse devant le peu de cas que Tebboune fait du combat des Palestiniens, l’empressement spectaculaire à vite oublier et enterrer ses proclamations il y a peu de temps, demandant qu’on lui « ouvre une petite voie » pour aller « libérer Gaza » et « mettre hors d’état Tsahal et les forces israéliennes »…
On se doute que le changement de cap de la diplomatie algérienne, la mobilisation de tant d’argent sonnant et trébuchant et de moyens pour allécher et séduire Donald Trump ne relèvent point du hasard ou d’un miracle, mais obéit à un seul et unique objectif, plutôt sordide : contrebalancer la position favorite du Royaume du Maroc auprès des autorités américaines, la combattre et, au besoin, briser l’entente entre les deux pays. Alger vient de payer rubis sur ongle l’équivalent de 150 Millions de dollars pour importer les vaches américaines et s’apprête à solliciter les mêmes armes livrées au Maroc. Il est en effet impératif de prendre conscience qu’une autre course, ou disons une surenchère supplémentaire se rajoute désormais au machiavélisme algérien sans foi, ni loi…