Que reste-t-il de la gauche marocaine ?
Le cocon politique, dominé par l’hétérodoxe coalition au pouvoir, assoupit l’échiquier. De mémoire d’homme, on n’a jamais connu crise si aiguë ni senti que la déliquescence que connaît aujourd’hui l’Union socialiste des forces populaires (USFP), persistante depuis quelques années, éclatée au grand jour à présent, est sans doute la plus grave de son histoire récente. On ne peut oublier, non plus, les accusations croisées que les uns et les autres de ses dirigeants se sont jetées, officiellement ou indirectement. L’ère de Abdelouahed Radi, suivie de celle de Driss Lachgar, si elle continue dans la douleur, aura été la plus coûteuse et même désastreuse. Driss Lachgar, tout à son optimisme béat, n’a pas pu insuffler la dynamique nécessaire pour conduire sa formation à une posture honorable qui en ferait le chef de file de ce fantasmatique «pôle de la gauche».
L’USFP était sortie démantibulée des élections de 2011, le devoir s’imposait par conséquent à toutes et à tous d’analyser
à la fois les causes de cette défaite et les conséquences qui en découleraient. L’une des raisons, apparemment, tient à l’entêtement que les «barons et les caciques» manifestaient face au nécessaire renouvellement
de la direction, figée depuis le départ de Abderrahmane El Youssoufi, soumise à une rotation entre les chefs historiques qui revendiquaient plus la légitimité historique que les capacités de s’adapter à un Maroc moderne et une société
de plus en plus complexe.
L’héritage politique de l’USFP a été en quelque sorte dilapidé, comme en a témoigné le dernier scrutin législatif de novembre 2011 : les bases populaires, notamment dans les villes et les agglomérations urbaines, se sont effritées parce que le PJD, appuyé sur les mêmes critères, mettant à profit le même «modus operandi» d’implantation, a su convaincre les populations et rafler les voix qui revenaient aux socialistes. L’effritement de ces derniers a rempli le réservoir de voix du PJD. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, PJD et USFP ont fait des années durant la même approche de proximité dans les quartiers populaires.
Ils se sont implantés sur les mêmes terres et ont joué au coude à coude… Pour un peu, et ce n’est pas hasardeux de le dire, ils avaient le même électorat et devaient gérer les mêmes attentes et des frustrations similaires des électeurs. Cependant, là où
l’USFP a manqué de perspicacité, voire
Hassan Riad